Les Allemands d'Azerbaïdjan
La création des colonies
allemandes en Azerbaïdjan
Dr. Vazeh ASGAROV
La création de la
zone
coloniale pour les Allemands a commencé au début du XIXème siècle. Après la Première Guerre russo-iranienne (1804-1813), la première étape d’installation
a débuté dans les territoires occupés. Cette immigration des Allemands vers la Russie était liée à la guerre
menée par Napoléon en Europe qui a dévasté et fragmenté l’Allemagne à des dizaines de royaumes et principautés. La diversité de la religion, créant différentes sectes, a aggravé la situation particulièrement dans le sud des États
allemands, surtout dans le royaume
du Wurtemberg et a causé le départ de la minorité de cette région vers l’Est, principalement
vers le Caucase (Verdiyeva,
2009).
L’une des causes de l’émigration des Allemands était le motif de la confession. Ayant des idées fanatiques et pensant qu’il y a des pensées antéchrists en l’Europe de l’Ouest et que
les gens se sont éloignés
de Dieu, ces Allemands préféraient émigrer. Ils étaient sûrs que le dernier jour approchait et pour cette
raison il fallait se rapprocher à Jérusalem, la ville choisie par Dieu lui-même. Une autre cause était l’instabilité
de la situation politico-économique en Allemagne où existaient plus de 30 royaumes. H. Verdiyeva (1999) souligne que dans les années suivant l’immigration allemande, il y
avait beaucoup de demandes et que les terrains n’étaient pas suffisants pour leur installation. L’état russe décide en 1818 la création de zones pour les Allemands dans les territoires d’Elisavetpol (Gandja). Par contre, les Allemands émigrés refusent de s’installer parmi les non-chrétiens. Pendant la Première Guerre mondiale, la Russie sent une obligation de russifier les noms des villages allemands. En 1915, les
villages comme Ellenendorf deviennent Elenino et Allenfeld devient Annino (Zeynalova, 2002).
Le gouvernement russe profitant de l’occasion installait les migrants dans le Caucase. La
première
troupe des migrants
allemands
est
arrivée en
1817 sur l’ordre du général
Yermolov. La plupart des arrivants étaient originaires du royaume du Wurtemberg. En 1817-1818, au total huit colonies étaient créées dans le Caucase, dont deux colonies Ellenendorf (nom actuel Khanlar) et Annenfeld (nom actuel Chamkir) installés
en Azerbaïdjan. 127 familles à Ellenendorf et 67 familles à Annenfeld ont été emménagées. Plus tard, il s’est créé encore
six autres colonies: Georgsfeld,
Alekseevka,
Grinfeld, Eygenfeld, Traubenfeld, Elizavetinka. Vers la fin du XIXème
siècle encore un village allemand Cinarli (Tchinarli) était installé en Azerbaïdjan (Ibrahimov, 1995). Au début du XXème siècle, on assiste à la création de deux villages allemands ; Traubenfeld en 1912 dans l’actuelle région de Tovuz et
Yelizavetinka en 1914 dans l’actuelle région d’Agstafa dans les provinces occupées
par
la Russie. Les huit colonies
allemandes en
Azerbaïdjan étaient étroitement
liées économiquement et culturellement. La grande majorité des migrants étaient des agriculteurs,
qui restaient fidèles à l’agriculture traditionnelle allemande. Le 28 mai 1918 a été proclamée la République Démocratique d'Azerbaïdjan. Dans le Parlement de la RDA, il y avait aussi un représentant des colonies allemandes, Lorenz Kuhn. Le 9
juin 1919, les Allemands
d’Azerbaïdjan ont célébré
le 100e anniversaire de leur première colonie
en Azerbaïdjan avec
des festivals folkloriques et des
expositions (Zeynalova, 2008).
Pourtant, après l’attaque de l'Allemagne fasciste sur l'Union soviétique,
la vie des Allemands d’Azerbaïdjan a changé. En octobre
1941,
ils ont été déportés en Asie centrale, et
ainsi se sont achevés les 122 ans d'histoire des colonies allemandes dans ce pays. La situation
a changé seulement, après la
mort de Staline en 1953. Les Allemands de l’Union soviétique, comme d'autres peuples victimes de représailles en URSS, ont été réhabilités. Certains d'entre eux sont retournés sur
les lieux de résidence,
y compris en Azerbaïdjan, mais certains
ont émigré vers l'Allemagne. Actuellement en Azerbaïdjan vivent plus de 700 Allemands, surtout
à Bakou. Ils ont créé un centre culturel et historique
nommé Vozrojdenie (Revival). L’église allemande a été restaurée à Bakou. Cette minorité de l’Azerbaïdjan conserve ses traditions
mentalité, son
identité ethnique, sa culture matérielle et spirituelle (Verdiyeva, 2009). Le
Gouvernement d’Azerbaïdjan est très attentif
envers « ses Allemands ».
En 1997, l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie
d'Azerbaïdjan et l'Institut
germanique
et
de l'Europe de l'Est (Allemagne) ont organisé en Azerbaïdjan la première conférence internationale sur « Les Allemands Caucasiens — les Allemands dans le Caucase
jusqu'à la Première Guerre mondiale ». Les actes ont
été
publiés à Bakou en 2001.
En général, l’histoire des migrants allemands en Russie, Aussiedler, a commencé avec
la tsarine Catherine IIème en
1762 et 1763[1].
Depuis le XVIème
siècle, les rives de la moyenne Volga, arrachées aux Tatars, restaient
inhabitées. La tsarine profitant de
l’occasion installait les migrants allemands sur ces territoires et créait deux zones de peuplements. La
première est dans la rive de la Volga celle de
région de Saratov. La
deuxième se composait d’une série de colonies à Saint-Pétersbourg, en Transcaucasie, en Ukraine, en Volhynie, en Bessarabie. Acceptant
l’invitation de
Catherine II à venir s’installer sur les rives de la Volga,
quelques dizaines de milliers d’Allemands, devenus plus de deux millions
un siècle plus tard,
pénétrèrent
en
Asie centrale, sur le territoire de l’actuel Kazakhstan principalement. L’augmentation
de la population germanique dans ces régions devenait massive et s’effectuait en plusieurs vagues jusqu’en 1917 (Huseyn-zade, 2007). Vers la Deuxième Guerre mondiale,
plus précisément
à partir de 1939, la situation politique du Monde influença beaucoup les immigrants allemands de Russie. S’inquiétant de la collaboration avec l’Allemagne nazie, Staline ordonna le déplacement massif des Allemands de la Volga, dont près d'un million, vers l'Est et s’installent après la guerre dans l’Oural, en Sibérie au Kazakhstan (Dits, 2000).
À partir des années 1980, en profitant de la
loi du droit au retour la plupart des Allemands de la
Volga émigrent pour
la patrie
de
leurs ancêtres[2].
La population
du Kazakhstan. Ethnique Distribution par
année
Années
|
1979
|
1989
|
1994
|
Kazakh
|
5.829.000
|
6.535.000
|
7.474.000
|
Russe
|
5.991.000
|
6.228.000
|
6.042.000
|
Ukrainien
|
898.000
|
896.000
|
857.000
|
Biélorusse
|
181.000
|
183.000
|
178.000
|
Allemand
|
900.000
|
957.000
|
614.000
|
Ouzbek
|
263.000
|
332.000
|
372.000
|
Tatar
|
313.000
|
328.000
|
331.000
|
Azerbaïdjanais
|
73.000
|
90.000
|
101.000
|
Total
|
14.684.000
|
16.464.000
|
16.870.000
|
Source:
Kaufman,
W.,
Lipkovich, I. (1995) Housing in Kazakhstan:
Recent Statistics and
Trends, Almaty: International
City/County Management
Association.
Le nombre d'Allemands et
leurs quantités par rapport
à l'ensemble de la population de l’Azerbaïdjan.
Année
|
Population
|
Pourcentage
|
1819
|
1 600
|
0,28 %
|
1916
|
15 990
|
0,41 %
|
1939
|
23 133
|
0,7 %
|
1989
|
748
|
0,01 %
|
Source: Гусейн-заде
Рауф (2007), Немцы
Азербайджана (Les Allemands d’Azerbaïdjan), IRS Наследие,
№ 25.
Les flux migratoires se sont inversés
depuis cette date et continuent en quelques étapes. En
1989, il y avait en URSS 2,9 millions de personnes d’origine allemande. Cette nationalité apparaissait sur la cinquième
ligne du passeport de la RSFSR (La République
socialiste fédérative
soviétique de Russie) – là où d’autres se déclaraient Ukrainiens, Tatars, ou encore Juifs (voir les chémas). Une grande partie des émigrés russes était en réalité
des Aussiedler. Les départs des Allemands de l’URSS prenaient une grande ampleur à compter de 1986 grâce à la
nouvelle loi sur l’entrée et la
sortie du pays, adoptée par
M. Gorbatchev, le 28 août 1986,
et facilitant la réunification des familles.
En examinant la population
du Kazakhstan entre
1979 et 1994, on voit que les chiffres de la population d’origine allemande ont considérablement évolué à la fin du XXème siècle (Annexe p. 371). Le flux de migrants a été
croissant dans la première
moitié des années 1990, avec
un maximum de 213 000 nouveaux arrivants en Allemagne en 1994, puis a diminué et s’est stabilisé autour de 90
000 nouveaux migrants par an aujourd’hui (Verdiyeva, 2009). Puis, en accord avec la loi fédérale de révision des réglementations concernant les conséquences de la Seconde Guerre mondiale,
entrée en vigueur le 1er janvier 1993, l’Allemagne s’engageait à accueillir 225 000
entrées chaque année
d’Europe de l’Est,
dont la majorité absolue est constituée. Conformément à cette loi, ils peuvent revenir dans le pays de leurs ancêtres librement et sans obstacle jusqu’en
2011. En 1996, le test linguistique a été imposé et a
fait
échouer bon nombre
de candidats à l’immigration. En 2000, le plafond a été réduit de 200 000
à 100 000 (Alicheva-Himy, 2008).
[1] La population allemande fixée à l’étranger depuis plusieurs décennies ceux qui seront plus tard nommés par
les Allemands les Aussiedler.
Bibliographie:
1. ALICHEVA-HIMY Bakyt (2008), Les Allemands du Kazakhstan retour dans la Urheimat ou « Patrie historique », Regarde sur lEst.
2. EMINOV Zakir (2005), Azərbaycanın əhalisi: İqtisadi, sosial və demografik problemlər (La population de l'Azerbaïdjan: problèmes économiques, sociaux et démographiques), Bakı.
3. ГУСЕЙН-ЗАДЕ Рауф (2007), Немцы Азербайджана (HOUSEYN-ZADE Rauf, Les Allemands d’Azerbaïdjan), IRS Наследие,
№ 25.
4. ISMAYILOV Israfil (1997), Dünya Azərbaycanlıları XX əsrdə (Les Azerbaïdjanais du monde au XXème siècle,) Baki, Oçerk.
5. VERDIYEVA Khadjar, (1999), La politique de la migration de l'empire russe dans le nord de l'Azerbaïdjan, Bakı, Altay.
6. ЗЕЙНАЛОВА Судаба (2008), Немцы на Кавказе (ZEYNALOVA Soudaba, Les
Allemands
au Caucase), Баку, Мутарджим.
İn: Vazeh ASGAROV, 2014, L'immigration des azerbaïdjanais, PAF
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