Dr. Vazeh ASGAROV
Les
khanats azerbaïdjanais et la
conquête de la Russie impériale
En Azerbaïdjan, dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, il n'y avait aucun centre commun
économique, il existait
juste des provinces
fermées
où prédominait l’économie naturelle
entre les féodaux. Les féodaux locaux – les khans, les sultans, les méliks, et les beys, en se souciant seulement de
l’indépendance personnelle, n’étaient pas intéressés par
le morcellement féodal et empêchaient par
tous les moyens la
création d’un pouvoir central. Les
branches principales de l'économie du pays étaient l'élevage, et particulièrement, l'agriculture. La terre était
un principal bien d'investissement puisqu'en général
il est à la base pour les relations féodales. L'histoire politique presque tous les khanats de l'Azerbaïdjan étaient faits de guerres éternelles
et de révolutions de palais sanglantes. Presque
tous les khanats de l'Azerbaïdjan se sont formés autour de n'importe quelle ville du centre
administratif
existant depuis le moyen âge. Seul le
khanat de Karabakh faisait exception. Son fondateur, Panakh Ali khan à la différence des autres, nommait sa capitale la forteresse Bayat. En 1751, le khan
construit la ville Panakhabad à l’honneur de son fondateur, sur l’ancienne ruine de la ville de
Shousha détruit à l’époque par les Mongols. Par la suite, la ville
accepte son ancien nom
– Shousha. Très vite, la
nouvelle ville augmente son économie et devient un des centres
commerciaux de l’Azerbaïdjan du Nord (Svyataçovski, 2000).
Entre les khanats de l’Azerbaïdjan du Nord le plus influent et assez puissant était le khan
de Shéki, Hadji Tchélébi (1747-1755),
qui avait de grandes
ambitions
pour la restauration
de l’antique
domaine des chahs
du Shirvan, sur la rive gauche du fleuve Koura.
À cette époque, il n’y avait pas de tradition d'unification des khanats dans le cadre d'une
structure autonome, indépendante, et un tel état ne pouvait émerger que par l'expansion
intensive de l'un des khanats. En Azerbaïdjan du Nord, les plus forts khanats étaient Shéki, Quba et Karabakh. Les menaces ottomanes, russes et perses ont simultanément commencé à se sentir dès la fin du XVIIIème siècle
dans le Caucase et ont incité l’alliance entre les khanats. L'historiographie soviétique de l'Azerbaïdjan accordait une attention particulière à la
guerre prétentieuse de Khan de Quba – Fathali khan,
voyant en lui un initiateur de la
réunification du pays. En 1780, le khanat de Quba, grâce à Fathali khan, comprenait les territoires de
Shemakhi, Derbent, Bakou, Shéki, Talych et une
partie
des
territoires du
Daghestan (Mahmoudov, 2005). Fathali khan était vraiment dans la mesure d'étendre
son autorité sur de vastes régions de l'Azerbaïdjan, mais ses ambitions allaient beaucoup plus loin. Il avait l'intention d’utiliser l'Azerbaïdjan comme un tremplin pour envahir la Perse. Quoiqu'il en soit, les plans de Fathali Khan ont échoué, quand en 1784
l'armée russe au cours de la lutte
contre la Turquie est passée
par
le Caucase et a mis en danger l’armée du Khan. La
Russie était inquiète par la croissance que Quba pouvait amener à
l’apparition d’un fort état
indésirable sur le territoire. Fathali khan a été contraint de refuser la plupart partie de ses gains (Svyataçovski, 2000).
Pendant l’administration de Fathali khan, une partie considérable du territoire
de l'Azerbaïdjan
du Nord, se trouvant sous son pouvoir, s’est témoigné des guerres
infinies. Il semblait
que la tentative du groupement politique
féodal morcelé de l'Azerbaïdjan s'est réalisée, cependant avec la mort de Fathali khan (1789) ce groupement, peu solide et n'ayant pas
de base économique, s'est désagrégé.
Outre les khanats il y avait encore de petits sultanats, qui se trouvaient d'habitude sous
la dépendance d’autres
khanats. Certains
élargissaient
leurs territoires avec les terres des voisins,
ou en faisaient leurs vassaux.
L’Azerbaïdjan du Nord
et
du Sud comptaient quatorze
khanats, cinq sultanats
et cinq mélikats (Vəliyev, 2000).
À cette époque-là, on assiste à
la renaissance du pouvoir
central en Perse tandis qu’au nord de
l’Araxe régnait la semi-anarchie parmi les petites baronnies de l’Azerbaïdjan. Agha Mohammed Khan (1742-1797), chef
de la tribu turque des Qadjars, réunifie le vieil empire en
Iran et pour sa prochaine étape de pouvoir, planifie envahir les régions du Caucase. En 1795, il
a lancé son armée
sur Shousha au Karabakh d’un côté, et de l’autre vers la steppe du Moughan pour accéder à la plaine de la Koura. En rencontrant de la résistance au Karabakh, il a décidé de s’élancer sur Tbilissi pour renouveler son serment d’allégeance à la Perse qui
était
rejeté depuis la signature du traité de Gheorghievski avec la Russie en 1783. Peu après
la résistance, le khan du Karabakh Ibrahim Khalil s’est réfugié dans la forteresse du Shousha.
Avec son retour en Iran, Agha Mohammed Khan devient l’empereur de Perse, mais son but
de reconstituer l’empire des Séfévides ne se réalise pas. Mais de cette conquête, la population d’Azerbaïdjan n’eut que des guerres,
des
massacres, des cadavres, des veuves et des esclaves.
Chaque changement de pouvoir
bouleversait radicalement l’ordre
politique et social
(Ismayilov,
Həsənov, Qafarov, 1995).
Pour avoir une bonne
protection
contre les agressions
persanes ou ottomanes, le premier conseiller de la tsarine, le prince Potemkine avait pour plan de créer
deux états
chrétiens dans le Caucase du Sud ; l’Arménie sur la rive nord de l’Araxe et la Géorgie sur la rive nord de la Koura (Constant, 2002
: 171).
Le gouvernement de Catherine IIe, inquiétant par
l'irruption des troupes iraniennes en
Transcaucasie, ne pouvait pas menacer les frontières
sud de la Russie, en
plus, ayant l'intention d’occuper cette région, en
avril 1796, il a dirigé ses troupes sous le commandement de V. Zubov vers l'Azerbaïdjan. Ne souhaitant pas la collision
avec les troupes russes, Agha Mohammed Khan
quittait
les
frontières de la
Transcaucasie
avec son
artillerie.
Sur le territoire de l'Azerbaïdjan, les troupes russes ont rencontré
une forte résistance près de la forteresse de Derbent. Chikhali khan, l’héritier du Fathali khan, ne souhaitait pas se
soumettre
aux étrangers.
Cependant, la technique militaire de l’ennemi était supérieure. Chikhali khan était obligé d'ouvrir les portes de Derbent pour éviter un affreux carnage. Il y a une légende qui raconte que les clés de la forteresse furent apportées, au commandant Zubov par un vieillard de 120 ans, qui les a présentés il y a 74 ans à Pierre Ier. Après deux semaines,
Zubov déclare l’indépendance de khanat Derbent et avance avec ses troupes vers Bakou. À la
fin du mois du juin, le khan de Shemakhi et de Shéki ont
signé le traité assermenté «
prêter serment
sur
la fidélité de la
Russie» (Əliyev, 2007).
Ainsi, l’invasion de l’Azerbaïdjan par des troupes russes, en 1796, empêchait l'Iran de
le faire. Cependant, la marche militaire de la Russie en Azerbaïdjan du Nord ne pouvait pas être
considérée
comme une «aide »
aux Azerbaïdjanais. Le gouvernement
russe avait l'intention de réaliser son but colonial, ce que la Russie a fait avec l’arrivée de Paul Ier. Outre
les intentions stratégiques,
l’intérêt était le port
principal de la mer Caspienne, Bakou et d'autres régions sur le territoire de
l'Azerbaïdjan que devait créer un endroit favorable pour
le commerce
avec tous les pays voisins
et le Moyen-Orient. Toutes
ces mesures indiquées
devaient être réalisées dès
1797 (Constant, 2002). Cependant,
la mort inattendue de l’impératrice (le 6 novembre 1796) a limité pour un
certain temps la réalisation de ce
plan.
Avec
la mort de Catherine IIe, l’impératrice de Russie, Agha
Mohammed Shah profite
de l’occasion, en
juin 1797, pour reconquérir l’Azerbaïdjan.
Étant monté sur le trône, Paul Ier a ordonné
aux
troupes russes de quitter plus rapidement la Transcaucasie. Après la
sortie des troupes russes, Agha Mohammed Shah a
décidé
de
faire la deuxième invasion ruineuse en Transcaucasie. Le Shah a commencé à
détruire les khanats de Nakhitchevan, Khoy et
Talych qui s’opposaient à ses
projets.
À cette époque,
le khan de Karabakh Ibrahim Khalil khan organisait la résistance contre le chah en dehors de Shousha.
Après le combat sanglant, Ibrahim Khalil était obligé
de s’enfuir au Daghestan
vers ses parents avars
(minorité dans
le Caucase du Nord).
Installé à Shousha,
Agha
Mohammed Shah a ordonné à tous les
khans
de l'Azerbaïdjan du Nord de lui rendre hommage ou de lui envoyer des dons. Mais les khans
n'ont pas répondu
tout de suite au premier appel du Shah. Le khan de Bakou, Hossein Goulu khan, n'est pas parti à Shousha même après deux « invitations ». Alors la troupe de Chah l'a
livré avec force et le khanat lui-même a mis en gérance du khan de Derbent, de Cheik Ali-
khan, qui se trouvait à ce moment dans le service du Shah. Le khan de
Shéki, lui-même, ne
se trouvant pas chez le Chah et probablement craignant de sa propre vie, a exprimé l'humilité dans
les messages écrits au
Chah
(Əliyev,
2007).
Pourtant, la même année,
Agha Mohammed Chah est assassiné dans son camp par
deux de ses valets condamnés à mort pour une dispute.
Son neveu Fath Ali chah lui succède.
Ayant réglé les problèmes intérieurs, Fath Ali chah exigea une grande somme d'argent à toutes les régions de Transcaucasie. En recevant l’ordre du
Chah iranien, le nouveau roi de
Géorgie Géorguy XII et plusieurs khans Azerbaïdjanais ont rejeté cette exigence et avec une
grande inquiétude a informé l'État russe d'un nouveau danger approchant du côté de l'Iran. Le
chah, s'étant
persuadé de l’impuissance de son armée devant la troupe russe qui avait une
technologie plus récente, a entrepris la réorganisation de ses troupes. Pour instruction de ces soldats, il invitait des spécialistes militaires européens, principalement de France. Ainsi,
à la fin du XVIIIème et le début du XIXème siècle sont apparues toutes les conditions nécessaires
historiques pour le début de la première guerre russo-iranienne en Transcaucasie (annexe p.367).
Les premiers territoires azerbaïdjanais inclus à la Russie sont les sultanats de Gazakh et Shamshadil tout
au début de
XIXème siècle. En 1802, le commandant en chef du Caucase devient Tsitsianov. Lui-même, appartenant à la famille géorgienne
Tsidjischvili, avait des
intérêts personnels pour cette
région. À cette époque en cherchant le
soutien auprès des deux puissances,
les khans tombaient sous leurs influences
et s’alliaient avec eux. Mais
ces alliances ne garantissaient pas leurs pouvoirs. Par exemple, celui du khanat de Gandja au début
de 1804 tombait dans un piège.
En réponse à la menace
du Chah de Perse, le
commandant Tsitsianov occupa Gandja. Tandis que le Chah devait défendre le khanat contre le
danger. Le khan Djavad est assassiné et plusieurs milliers de personnes sont massacrées. 500
personnes enfermées dans une mosquée et brûlées (Constant, 2002: 176). Une autre
mosquée transformée en église et la cité rebaptisée Ielizavetpol en honneur de la tsarine. En
effet, le début de
la guerre a
commencé à être durement ressenti.
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