Nombre total de pages vues

jeudi 29 mai 2014

La déclaration de la République Démocratique d’Azerbaïdjan
(Azərbaycan Xalq Cümhuriyyəti)

       L'idée de la création du parlement en Transcaucasie est apparue au début de 1918 juste après la dispersion de l'Assemblée Constituante. Le 25 février 1918, représentée par les membres de trois fractions politiques principales avec à leur tête Gegechkori, s'est ouvert la Diète Transcaucasienne. Finalement la Diète, comptant 125 députés, était principalement composée de trois partis dont l'influence était considérable : les 32 députés du parti social- démocrate (menchevik) de la Géorgie, les 30 députés du parti Moussavat de l’Azerbaïdjan et les 27 députés du parti Dashnaksoutioun (Parti Socialiste Arménien). Au moment oùle Seime se préparait aux pourparlers de paix avec la Turquie, les Bolcheviks signaient l’accord germano-russe à Brest-Litovsk. Selon ce traité, Ardahan, Kars et Batumi devraient être rattachés à la Turquie. Le gouvernement transcaucasien bien évidemment a refusé d’adhérer aux conditions de cette paix (Мahmudov, 2005).

        La Turquie, en s’appuyant sur les décisions de l'accord de Brest, envoyait immédiatement un ultimatum au Seime pour le « nettoyage » des régions d’Ardahan, Kars et Batumi et ouvrait la conférence de paix entre la Turquie et la Transcaucasie à Trabzon. La fraction musulmane était intéressée par les conclusions de paix les plus rapides avec la Turquie. Le 22 avril 1918, la Diète transcaucasienne acceptait la résolution sur la déclaration de l'indépendance Transcaucasienne de la République Démocratique Fédérative. Le 11 mai 1918 recommençaient les négociations entre la délégation de la Transcaucasie et la Turquie à Batoumi et la délégation du Seime était obligée de reconnaître entièrement le protectorat turc et le traité de Brest-Litovsk. En sentant la trahison de la Diète, la fraction géorgienne, sous la pression du général de von Kress, le participant allemand dans la conférence, décidait de sortir de la République Caucasienne Fédérative et annoncer son indépendance le 26 mai 1918.
       Le 25 mai, les 3000 premiers soldats allemands à la demande des Géorgiens afin de soutenir la politique extérieure et intérieure débarquent à Poti. Le même jour, le destin de la fédération transcaucasienne était déjà prédéterminé. Pendant la session de la Diète, A. Tsereteli a fait la demande suivante : la fraction sociale-démocrate et en général le secteur géorgien de la Diète sont venus à une telle persuasion qu'autour du slogan de « l'indépendance » on ne réussit pas à unir les ethnies Transcaucasiennes, et le fait de la désintégration de la Transcaucasie est déjà présent. L'absence de cette union était ressentie particulièrement pendant les négociations avec la Turquie. Notre parti était ignoré, comme le parti de la minorité, et nous sommes obligés d'annoncer maintenant l'indépendance de la Géorgie. À la session de la Diète de lendemain, nous constatons le fait de la désintégration de la république Transcaucasienne (Volxonskiy, Moukhanov, 2007).
    Un jour après, le 27 mai 1918, les membres de la fraction musulmane (Conseil Transcaucasien Musulman de la Diète) présidèrent la réunion et décidèrent de proclamer l'indépendance de l'Azerbaïdjan. Pendant cette réunion, il a été élu la présidence et le président du Conseil National de l'Azerbaïdjan. M. E. Rasoulzade fut ainsi devenu le président du Conseil National. Ainsi, le Premier parlement de la République azerbaïdjanaise
      — le Conseil National de l'Azerbaïdjan commença à faire ses premiers pas. Lors de la première période d'activité à Gandja, le Conseil National, pendant sept séances, vota deux décisions importantes :
       — la proclamation de l’indépendance de l'Azerbaïdjan
       — la formation du premier gouvernement d'Azerbaïdjan avec à sa tête Fatali khan Khoysky (Гасанлы, 2008).
         Pour la première fois, depuis 1813, le pays était indépendant. Il fallait maintenant assumer la responsabilité du peuple azerbaïdjanais et gérer la situation internationale et régionale dans des conditions complexes.
           Le 28 mai a eu lieu une session historique du Conseil National sous la présidence d’Hassan bey Aghayev. Prenant part à cette réunion le président et la présidence acceptaient la Déclaration d’Indépendance de l'Azerbaïdjan. Cette Déclaration annonçait la création de la République Démocratique d’Azerbaïdjan, première république proclamée de tout le monde musulman.
          L’histoire de la première République d’Azerbaïdjan a eu deux étapes (Mahmudov, 2005).
— la première étape, de 27 mai jusqu’au 19 novembre 1918. Lors de la première étape, durant six mois, le premier parlement azerbaïdjanais comprenant 44 représentants (des turco-musulmans) et fonctionnant sous le nom du Conseil National de l'Azerbaïdjan a pris les décisions historiques les plus importantes et a réalisé beaucoup de réformes.
         Le 19 juin, sur tout le territoire de l'Azerbaïdjan annonçait la loi martiale et cinq jours après, on acceptait l'un des symboles de l'État indépendant, le drapeau sur le fond rouge avec la représentation du croissant blanc et l'étoile blanche à huit branches. Le 27 juin, la langue azerbaïdjanaise turque était proclamée langue nationale du pays. Les écoles étaient nationalisées et la décision des livraisons des manuels scolaires et l'invitation des professeurs de la Turquie étaient décidées. Les noms historiques d'Elizavetpol et de Karyaguina étaient rebaptisés à Gandja et Djebrail. Le 23 août, on promulguait le décret sur la nationalité de la République Démocratique Azerbaïdjanaise. Le 15 septembre 1918, après les batailles difficiles, l'Armée islamique Caucasienne avec l'aide des détachements des engagés volontaires nationaux de l'Azerbaïdjan a libéré Bakou1. Le 9 novembre, le drapeau national de la RDA était remplacé par le drapeau tricolore avec la représentation du croissant et l'étoile à huit branches.
     — la deuxième étape, ou la période de Bakou dans l'histoire du parlementarisme de la République Démocratique Azerbaïdjanaise fixait sa place du 7 décembre 1918 au 27 avril 1920, n’a duré que 17 mois. Pendant cette période ont eu lieu seulement 145 séances du Parlement. Lors de ces séances, le parlement de la RDA restait fidèle aux principes définis par la Déclaration de l'indépendance en prenant en considération la situation concrète historique et en acceptant les lois les plus importantes et les décisions sur la garantie de l'intégrité territoriale et la préservation de l'indépendance du pays. Le but était la création d’un État démocratique moderne, dans lequel on assurait l’équilibre entre les droits et les libertés de la personne. Toutes ces lois et décisions étaient dirigées en fin de compte vers la formation et la séparation de trois branches du pouvoir – législatif, exécutif et judiciaire.
            Malgré les conditions très difficiles, le gouvernement et le parlement mirent toujours au centre de leurs intérêts les questions du développement de la science, la formation, l'instruction publique et la santé publique. Ainsi, on assistait à l’ouverture des écoles, des gymnases, d'école pour les filles, des jardins d'enfants, des bibliothèques, des hôpitaux dans tout le pays. Il faut spécialement remarquer à cet égard la loi, acceptée par le parlement le 1er septembre 1919, sur l’ouverture de l'Université d'État de Bakou. À cette époque le parlement de l'Azerbaïdjan en vertu de la proposition du gouvernement, votait la loi sur l'envoi à l'étranger, au compte de l'état, de 100 étudiants pour une formation supérieure (annexe p. 378). La répartition des étudiants par pays était suivante : l’Angleterre 10, l’Italie 23, la France 45, la Turquie 9, la Russie 13 (Mahmoudov, 2005 : 15).
             Le peuple azerbaïdjanais reconnaissant honorait la mémoire des hommes éminents tels que Mammad Emin Rasoulzade, Alimardan bey Toptchibachi, Fatali khan Khoyski, Hassan bey Agayev, Nassib bey Ussubeyov, Mekhti bey Hadjinski, Mammad Youssouf Djafarov, Khudat bey Rafibeyov, Akperaga Cheykhulislamov, Teymour bey Makinski, Samed bey Mekhmandarov, Ali Aga Chikhlinski, Soultan Medjid Ganisadé, Khalil bey Khasmammadov, Ahmad bey Pepinov, Chafi bey Rustambeyov estimant qu’ils avaient des mérites exceptionnels dans la création de cette république.

1. Armée islamique Caucaseienne (Qafqaz İslam Ordusu) – était un groupe d’unité militaire créée en mars 1918 par l’Empire ottoman à la tête d’Enver Pacha (ministre de la Guerre) étant composée que des musulmans. À la fin de la Première Guerre mondiale, elle a participé dans le front du Caucase. Sa composition était 20 000 soldats musulmans dont, entre 12 000 et 14 000 soldats ottomans et le reste les bénévoles de l’Azerbaïdjan et du Daghestan. Son rôle principal était d’empêcher l'abattage de la population turco-musulmane après les événements de carnage de Bakou et des autres régions de l’Azerbaïdjan ainsi qu’aider au peuple daghestanais. L’Armée islamique Caucasienne a été fonctionné jusqu’en novembre 1918.

Vazeh ASGAROV "L'immigration des Azerbaïdjanais".