Dr. Vazeh ASGAROV
Le rôle des Azerbaïdjanais dans le mouvement prométhéen.
En parlant de sujets de la publication à l’étrangère,
nous devons aussi signaler le rôle
important du mouvement prométhéen
dans lequel les migrants azerbaïdjanais aussi furent
partants. Son organe Prométhée
fut publié mensuellement en français de 1926 aux 1938 à
Paris. Mais qui
étaient les Prométhéens et qu’est-ce que présentait le mouvement prométhée? Étienne Corpeaux (1993) souligne : les divers congrès des peuples musulmans de Russie, qui
se sont réunis à partir de 1905-1906 à Nizhniy-Novgorod,
Moscou, Saint-Pétersbourg, Bakou, Tachkent, etc.
: constituent la préhistoire
du mouvement prométhéen. Dans la mythologie
grecque, le Prométhée est un héros et les prométhéens sont des peuples dirigeant vers la lumière et vers la liberté avec Dieu. Dans le contexte actuel, c’est un mouvement international des années 1920-1930 des peuples opprimés
contre le régime
soviétique pour leur libération nationale et
la création d'États
indépendants. Les Prométhéens
sont essentiellement des émigrants issus
de l’émigration blanche[1] non russe, de la Biélorussie, de l’Ukraine,
de la Géorgie,
du Caucase du Nord, de la Crimée, de l’Azerbaïdjan. Ils ne possèdent pas non plus une idéologie bien définie, leur but
principal est mené contre bolchevisme. Les représentants
arméniens et russes ne se trouvèrent pas dans le mouvement prométhéen. Pourtant, les Arméniens ne sont jamais exclus, car, ils
participent néanmoins à la
plupart des manifestations (Ibrahimli, 1996).
Notons aussi que la Pologne a beaucoup soutenu et financé ce mouvement. Contrairement à l'Europe occidentale, en Pologne, il était bien entendu
que l’objectif de tout régime en Russie, historiquement enracinée profondément dans l'esprit du peuple
russe, serait inévitablement le désir de reprendre le contrôle de l'espace géopolitique de l'ancien empire des Romanov.
En plus, l'aggravation
des
relations polono-soviétique dans les années 1920 a
permis à des immigrants, surtout des peuples turcs de mettre en commun leurs positions.
D'autres puissances européennes, en particulier la Grande-Bretagne, la France ainsi que la Suisse montrèrent une solidarité très favorable à l’activité de sorte
que le mouvement
prométhéen ne se limita pas au territoire polonais,
et s'est propagé
à travers l'Europe (France, Allemagne, Roumanie). La
France mit
son appui avec le Comité
Rance-Orient. Le
financement de Prométhée est par un fonds spécial N. Le budget annuel pour l’année 1936
fixé
par l’État polonais
était 7 091 228 zlotys (monnaie à la Pologne). Malheureusement, on
ne possède pas des données précises sur le budget alloué au financement du mouvement pour les
années précédentes (Bilinin, Zdanovic,
Korotaev, 2007). Le but principal du mouvement
prométhéen était de coordonner les actions des représentants des organisations d'émigrants
peuples non russes de l'URSS, ainsi
que la promotion de la désintégration de l'empire soviétique en États
nations. Ici, nous comprenons bien que
le mouvement n’était pas contre
le bolchevisme ni la soviétisation, mais bien
entendu c'était une mobilité des non-Russes contre Russes. En 1926, à cause de poursuite
soviétique, les futurs prométhéens s’installèrent à Paris et planifièrent la publication de la
revue
prévue Caucase Indépendant sous
le nom Prométhée. En
novembre 1926 apparaît le premier numéro
de Prométhée. Tous ces événements
se passent, pendant la période quand les deux régimes – kémaliste et bolchevik – sont encore en
phase de consolidation interne laquelle
s’expliquait
par
la non-volonté de la Turquie
de s’approcher des États
occidentaux. Et cela n’empêcha pas que la Turquie autorise aux
bolcheviks à mener espionnage contre les Caucasiens sur leurs territoires
(Corpeaux,
1993).
La réussite essentielle du mouvement fut aussi sa composition. On rencontre les anciens chefs d’État, les anciens ministres ainsi que les diplomates. Parmi eux A. Choulguine et Smal-Stocky
Roman (Ukraine), M. E. Rasoulzade et Mir Yagub Mehdiyev (Azerbaïdjan),
Mustafa Tchokay (Turkestan), N. Jordania
et G. Gwazava (Géorgie), Said Chamil,
Khourchilov et T. Chakhmanov (Caucase
du nord), Djafar Seid Ahmad et Idil (Crimée). La plupart de ses représentants se
rencontrent déjà pendant la
Conférence de Lausanne (1916) durant la Première Guerre mondiale en Suisse. Le rôle des Azerbaïdjanais dans le mouvement est
très important. Parmi eux nous voyons les
personnages très célèbres comme M. E. Rasoulzade, Mir Yagub Mehdiyev, Mirze Bala Memmedzade, Arif Kerim, Ali bey
Azertekin,
Mustafa Vekilov etc. K.Ibrahimli souligne
que M. E. Rasoulzade
est
le premier portant l’idée prométhéenne en citant de son article publié le 26 juin 1923 à Yeni Gafgasiya (Ibrahimli,
1996 : 150).
Le mouvement prométhéen ne peut pas être considéré comme
la continuation du
mouvement turc. Et pourtant, ayant les dirigeants turcs en tête du mouvement, dans une certaine
mesure,
il peut être conditionnelle
considérée
comme l'une
des branches du mouvement de la libération
nationale turque dans la lutte contre le régime soviétique.
En général, trois idées principales présentent l'idéologie prométhéisme : la liberté des nations, le refus catégoriquement de la coopération avec le régime soviétique et l'union de tous les Turcs
et autres peuples
non russes dans la lutte commune.
Le rôle du mouvement est aussi important, car à part le journal Prométhée,
il était réalisé
certains d’autres publications
comme
Sakartvelo (en
géorgien
à Paris),
Severniy Kafkaz (en russe, en turc, en quelques langues nord-Caucasiennes à Berlin), Yana Milli Yol (en tatar à Berlin), Qurtuluş (en azerbaïdjanais à Berlin), Yaş Türküstan (en ouzbek à Berlin), Gənc Türkistan, etc. Les acteurs du mouvement, en
montrant
la solidarité, écrivirent les articles un peu partout. Il existait aussi un groupe Caucase, dirigé par des nationalistes, des panturquistes
et
des panislamistes qui étaient dans l’opposition avec Prométhée. Les Azerbaïdjanais Khalil Khasmemmedov, Chafi Rustembeyli, Nagui Cheykhzamanli, Fuad Emirdjan (Daryal) sont les émigrés de ce rang. Leur organe Caucase commença sa publication
en
1935 en français, en anglais, en turc, en russe et dès le 1937, en allemand. Le but principal
de la
publication était de créer la Confédération Caucasienne[2]. Malheureusement, ni pendant la
révolution bolchevique de 1917 ni durant la conquête de l'annexion du Caucase du Nord,
les peuples d'Azerbaïdjan, d'Arménie et de Géorgie n’ont pas fait preuve de solidarité. En 1924,
les représentants de la République de
Géorgie, d'Azerbaïdjan et du Caucase du Nord
décident de
rétablir l'union
de la Confédération Caucasienne (Tahirli,
2003 : 25).
Le mouvement prométhéen
eut aussi les «
ennemis » parmi les émigrants politiques russes qui n’acceptèrent pas le partage de la Russie et appelèrent l’Europe pour les empêcher.
L’idée principale était
la
résistance contre le bolchevisme. Parmi eux, A. Kerenski et P. Milioukov
sont les plus actifs[3]. Le 18 novembre 1934, malgré tous les efforts des émigrants, l’URSS fut admise à la Société
des Nations (SDN).
En août 1939, le pacte
germano- soviétique et l’occupation de la Pologne par l’Allemagne nazie causent quasi la fin de
Prométhée. C’était le
début du départ de certains émigrants en Grande-Bretagne, en Iran et en
Turquie. M. E. Rasoulzade s’installe à Bucarest (Yagublu,
1999).
Après douze années de parution en 1938, avec 137 numéros imprimés, la
revue Prométhée arrêta sa publication. L’une des raisons était le 2 septembre
1939, début de l’occupation de
la Pologne et de
Paris (14 juin
1940) par l’armée allemande (Ibrahimli, 1996).
Mais cela ne donnait pas aux prométhéens une raison valable
de cesser leur activité. La période de l’après-guerre ils fonctionnèrent sous petits groupes. L’installation de la deuxième vague de l’émigration en Europe et le commencement de la guerre froide ouvrirent une
autre manière du travail. L’URSS est le vainqueur
de la guerre et aussi très fort que jamais. L’autre « joueur actif » de la guerre froide, les États
unis, interdit l’entrée
de l’URSS à l’ONU. L’activité
du mouvement Prométhée parait intéressante aux Américaines et le
9 juillet 1950, il
est fondé l’Institute
for the Stady of the URSS à Munich.
L’institut existera
encore une vingtaine d’années et
publiera de nombreuses revues (Corpeaux,
1993).
Bibliographie:
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[1] Le nombre de l’immigration blanche installée essentiellement en Europe et en Chine atteignit entre 1,5 et 2
millions de personnes (Z. Aliyev, Diaspor, B.2007).
[2] L’idée de la Confédération Caucasienne est lancée en 1918 avant que les trois républiques déclarent leurs
indépendances. Réanimé en 1927, le pacte de la confédération ne sera signé que le 14 juillet 1934 à Bruxelles,
par
les représentants de l’Azerbaïdjan (M. E. Rasoulzade, A. Toptchibachi), de la Géorgie
(N. Jordania, A.
Tchenkeli) et
du
Caucase du Nord (G. Sounche, L.Tchoulik, T. Chakmak).
[3] Alexandre Fiodorovitch Kerensky (né 2 mai 1881 mort 11juin 1970), occupa divers postes ministériels dans
les deux premiers gouvernements du prince Lvov après la révolution Février. Dès 1918 jusqu’au
1940
il vécut à
Paris. En 1966, son livre intitulé La Russie et l'Histoire à
un
point de changement publia en France.
Pavel Nikolaïevitch Milioukov
(15 janvier 1859 mort 31 mars 1943) est le ministre des Affaires
étrangères du
gouvernement provisoire russe début de 1917. Avant de s’enfuir à l’étranger, il devient le conseiller politique d'A. Dénikin. Installé à Paris il continua ses activités et resta un des leaders de l’immigration russe.
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