La littérature azerbaïdjanaise de l’émigration
Les changements politiques du début de ХХème siècle en Russie liés à des révolutions
et
de guerre causèrent l’émigration de la population. Une fois le pouvoir soviétique établi dans
l’ancien
Empire russe,
des milliers des gens quittent
le pays. En créant différentes associations,
les immigrés
pensèrent aussi à unir leurs forces contre le bolchevisme. Cette
période de l’immigration (les années 1920-30) est distinguée
de celle de la précédente et
suivante, car la plupart représentant de cette vague étaient les anciens leaders de
leur pays. En Azerbaïdjan, l’intelligentsia – les fondateurs de la République Démocratique Azerbaïdjanais
en
se sauvant de la poursuite politique, la terreur, les supplices choisirent le
départ du pays. Certains intellectuels de la répression
des
années 1930 et les prisonniers de la Deuxième Guerre mondiale ajoutèrent au rang des émigrants précédents. Plusieurs d'entre eux, ainsi que leurs
enfants
vivent aujourd’hui dans le monde entier.
La vie des émigrants azerbaïdjanais était avec pleine de difficultés.
Cela s’explique
non seulement avec des soucis matériels, mais aussi des commotions morales de sorte que les
émigrants subissaient la
pression,
le harcèlement,
la terreur de l’URSS par la voie diplomatique dans le pays d’accueil. Par exemple : en 1930 et 31 après l’échange des visites des ministres des Affaires étrangères
de la Turquie et de l’URSS, il est décidé de mettre fin aux activités des organisations locales menant des propagandes contre l’un à l’autre. Déjà en 1927,
Türk ocaqları et son organe Türk Yurdu ferma et le siège de la Comité du Caucase de
Turquie déplaça en 1926 vers Paris. De
même année, Yeni Kafkasya arrêta sa publication. Le plan de commencer la publication de revue Caucase Indépendant
échoua. À cette période
M. E. Rasoulzade et M. B. Memmedzade sont obligés à quitter la Turquie. En 1931, Odlu Yurt, Bildirich, Azeri-Türk, Yeni Türkestan furent suspendus (Tahirli, 2007). Les relations d’A. Ağaoğlu et Mustafa Kemal se dégradèrent. Un autre fait de
la pression finira avec la mort de Major
Dudenguinski,
Fetelibeyli par un espion de NKVD Michel
(Mikayil Ismaylov) (Yagublu, 2008).
Tout cela n’était pas les meilleures conditions pour la lutte contre le bolchevisme.
Pourtant, rien ne pouvait pas empêcher de mener la lutte
idéologique aux émigrés
jusqu’à la fin en laissant un héritage historique le plus riche. Ce n’est pas par hasard que
le chercher
A. Tahirli (2002) compare la qualité
et
la quantité de l'activité pratique et
théorique de l'émigration
Azerbaïdjanaise avec celle de l’immigration russe et ukrainienne. Dans
ce chapitre,
nous voudrions parler
de la littérature azerbaïdjanaise à l’immigration.
La littérature azerbaïdjanaise à l’immigration est née au début du XXe siècle et a passé une évolution difficile. Elle fut composée par les écrivains azerbaïdjanais se trouvant à l’émigration en raison
du cataclysme
de la période politico-social et
surtout avec la soviétisation de l’Azerbaïdjan. Notons que jusqu’à la création de la littérature à l’immigration
il exista déjà les écrivains
azerbaïdjanais qui participèrent dans la publication comme M.
Shahtakhtinski 1873-1875
et 1889-1902 à Paris, R. Akhoundov
1873 à Bruxelles,
A. Ağaoğlu 1885-1894 à Paris. Pourtant, toutes ces personnes se trouvèrent à
l’étranger pour la poursuite de leurs
études.
Aujourd’hui, grâce à
certains livres publiés par les auteurs depuis la deuxième indépendance, nous trouvons la
richesse du patrimoine
littéraire
et culturel
créé
par
les migrants Azerbaïdjanais au cours
du siècle dernier. Et chaque auteur divise cette
période de l’histoire différemment.
Hassan
Quliyev (2004)
distingue deux périodes différentes de
la littérature à
l’émigration : la première commençant le début du XXe siècle avec des publications de Ali
bey Houseynzade, Memmed Emin Rasoulzade, Ahmed bey
Ağaoğlu, Mohammed Hadi etc. et terminant avec la
soviétisation et la
deuxième après la chute du RDA avec l’apparition des
nouveaux émigrants
intellectuels comme Banine, Almas Ildrim,
D. Hadjibeyli, Y.Vezirov
(Tchemenzemenli),
A. Toptchibachi, etc.
Aliheydar Atakichiyev présente quatre phases principales de la publication
à l’immigration. L’auteur commence à distinguer
la période de 1909, dès la révolution de Jeunes-Turcs jusqu’à la chute de RDA. La période de
1920-1941, dès la bolchevisation jusqu’à
la Deuxième Guerre mondiale. La période de la guerre froide et la nouvelle époque de la deuxième
indépendance
(1945-1991) sont présentées
dans différentes phases (Ibrahimli,1996).
Abid Tahirli a consacré quelques
livres
de la publication à l’immigration. Le
chercheur présente
beaucoup d’information sur différentes publications à l’étranger comme Yeni Gafgaziya, Azəri Türk, Odlu
Yurd, Bildiriş, Azərbaycan Yurd Bilgisi, İstiqlal, Gurtuluş,
Gafgaz, Prometey, Azərbaycan aux totales 66 publications dont la plupart éditées en France,
en
Allemagne
et
en Turquie. En même temps on trouve une
centaine des noms émigrants participant dans la publication comme M. E. Rasoulzade, M. B. Memmedzadé, H. Baykara,
A. Ağaoğlu, A. Housseynzade, D. Hadjibeyli, A. Toptchibachi, A.
Djafaroglu, A. Dudenguinski, S.
Rustembeyli (Tahirli, 2002, 2003).
Nous ne
pouvons pas imaginer
le développement de
la vie associative sans la
publication. Les revues et les journaux ne
diffusent pas seulement pour l’information, mais aussi pour rassembler les émigrés
sous la même idéologie et propager entre eux. La première publication
à l’immigration est liée au nom
de M.
E. Rasoulzade. Ayant assez de l’expérience dans ce
domaine et comprenant la nécessité et l’importance de
la publication, il commença
l’édition
de Yeni Gafgazya. Certains chercheurs azerbaïdjanais considèrent le journal Yeni
Gafgazya (Nouveau Caucase),
publié en 1923 au mois
de septembre à Istanbul sous la direction de M. E. Rasoulzade
et
sous la rédaction de Saïd Efendi, comme
le premier journal à l’émigration. D’après eux, le livre
de M. B. Memmedzadé Le Mouvement National de l’Azerbaïdjan reste le premier publié sur l’émigration.
Concernant
Yeni
Gafgazya M. B. Memmedzadé lui-même écrivit : la publication
nationale commencée par Yeni Gafgazya, qui
était non seulement la première revue des Azerbaïdjanais, mais aussi de tous les Turcs,
restera comme une carte de visite dans la résistance nationale de l’indépendance (Ibrahimli, 1996: 119). Certains autres comme Abid Tahirli (2002), qui a beaucoup étudié l’histoire de
l’émigration pense
que le journal Molla Nesreddin
(Hoca Nəsrəddin) continuant sa publication en 1921 à Tabriz sous la direction de Mirze Djalil reste le premier
journal de
l’émigration. À la suite
des
pressions, l’arrêt de la publication d’une revue accompagnera
avec l’ouverture
d’un autre en Turquie. Yeni Gafgazya a été publié
jusqu’au 1927 et en 1928, la
revue Azəri Türk qui prendra sa relève. Entre 1929 et 1931, sous la rédaction en chef
de M.
E. Rasoulzade édite Odlu Yurd. Dès le
1930, l’hebdomadaire Bildiriş entre dans l’histoire de la publication en tant que la
première revue
politique. Par contre, en 1931, Azərbaycan Yurd Bilgisi a engagé sa publication loin de la politique et en 1934, elle a arrêté sa publication. En
1931, le départ de
plusieurs des émigrants Azerbaïdjanais de la Turquie mettra
une
nouvelle période
de la publication dite européenne. Le 10 décembre 1932, İstiqlal commence sa
publication à Berlin
(Ibrahimli, 1996 : 120).
A. Tahirli (2002,
2003, 2007) montre dans ses recherches
que la publication à l’étranger sur l’émigration commença déjà par le grand idéologue, publiciste, poète, interprète et immigré lui-même, Ali bey Huseynzade (1864-1940). Étant étudiant à Istanbul, à la fin des années 1980 du XIXème siècle, il commence
à publier
ses
premiers articles dans les journaux. L’auteur cite aussi le nom du grand turcologue Ahmed bey Ağaoğlu qui a fait ses études
à Paris et a publié ses articles dans des journaux à la fin des années 1990 du XIXème siècle. À
la différence
de la publication, le journalisme azerbaïdjanais
à l'émigration
a débuté de paraître en 1884 à Paris dans la revue al-Urwat al-Wuthqa publiée en arabe grâce au travail commun de Djamal Eddine Afghani et Mohammed Abdahla. Djamal Eddine Afghani (1838-1897), l'homme
politique et le théoricien
révolutionnaire,
turcologue, qui a influencé beaucoup sur
la renaissance spirituelle et sur la mentalité culturelle de l'Orient.
Concernant la question de la publication à l’étranger, on peut citer les grands travaux
effectués par les délégués
du RDA (République Démocratique d'Azerbaïdjan). Ils sont partis
à Paris pour participer aux conférences de Versailles en 1919 et ne sont jamais revenus au
pays. Entre
mai
1919 et avril 1920, ils ont réussi à publier 3 livres, 12 bulletins, une carte
géographique de l’Azerbaïdjan, ainsi que beaucoup d’articles dans les plusieurs journaux parisiens. Le grand succès de ces délégués
était, le 10 janvier 1920, la reconnaissance de facto de la République Démocratique d'Azerbaïdjan (Həsənli,
2008).
Bibliographie
1.
Алиев Игpap (1995), История Азербайджана с древнейших времен до начала XX века (ALIYEV Igrar, Histoire de l'Azerbaïdjan de l'Antiquité au début du XX e
siècle), Баку, Элм.
2. Altstadt Audrey L. (1992) The Azerbaijani Turks: Power and Identity under Russian, Rule, Hoover Institution. Stanford University, Studies of Nationalities in the USSR Series.
3. ArzumanliI Vagif (2001) Azerbaycan Diasporu (Diaspora d’Azerbadjan), Bakou, Qartal.
4. Asgarov Vazeh (2014) L’immigration des Azerbaïdjanais, Saarbrücken, PAF.
5. Balçi Bayram (2008), La place de la « diaspora » azerbaïdjanaise dans la politique de l'Azerbaïdjan postsoviétique : esquisse d'analyse, EurOrient, 28, pp. 185-204.
6. БУГАЙ Николай (2004), Депортация народов (Déportation des peuples), in: Война и общество (BOUGAY Nikolay, La guerre et la société), 1941-1945, Москва, Наука.
7. Constant Antoine (2002) L'Azerbaïdjan, Karthala (Méridiens), Paris.
8. De Tapia Stéphane
(2005) Migrations et diasporas turques. Circulation migratoire et
continuité territoriale, 1954-2004, Paris, IFEA et Maisonneuve & Larose.
9.
ДЕМБИЦКИЙ Н. П. (2004), Судьба пленных in : Война и общество (DEMBITSKIY N, Le destin des
prisonniers in : La guerre et la société), 1941-1945 книга вторая, Москва, Наука, (стр.232-264)
10. ДOЛГИХ
Елена Ивановна (2001) Эмиграция из России (DOLGUIKH Elena Ivonova, L’émigration
de la Russie), интернет-журнал "ПОЛЕМИКА", 2001, №9.
11.
Hadjibeyli Timoutchine (1988) Le
question du Haut Karabagh. Un point de vue azerbaïdjanais, Revue de l’Occident musulman et de la
Méditerranée, N°48-49, 1988. Le monde musulman à l’épreuve de la frontière. pp.281-290,
source : http://www.persee.fr
12.
İbrahimli Xaleddin (1996), La politique d’immigration d’Azerbaïdjan,
(1918 - 1991), Bakou, Elm.
13. LOIKO
Sergei (2001), Russians are leaving the country in droves, Los Angeles
Times, 14. 11. 2011.
14.
Rizvan Nazim (2002), D’histoire de la diaspora d’Azerbaïdjan, Bakou,
Borçalı HPM.
15.
Tahirli Abid (2001), L’immigartion d’Azerbaïdjan, Bakou, Tural-Ə.
16.
Tahirli Abid (2007), La littérature azerbaïdjanaise à l’émigration (1921-1991),
Bakou, Çinar Çap.
17.
Sadykova Bakhyt (2007) Mustafa Tchokay dans le mouvement prométhéen,
Paris, IFEAC – Harmattan.
18.
Valikhanli Naila
(2007), L’histoire d’Azerbaïdjan IIème volume, Bakou, Elm.
19.
Vichnevski Anatoli, Zayontchkovskaia Jeanne (1991), L'émigration de
l'ex-Union soviétique : prémices et inconnues, in : Revue européenne de
migrations internationales, vol. 7 N° 3, p. 41-66.
VAZEH ASGAROV
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire