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mercredi 9 décembre 2015

La question de l’émigration azerbaïdjanaise après la restauration de l’indépendance en 1991.
Les raisons politico-sociales et économiques

          À la fin du XXème siècle le monde se trouva complètement modifié lié avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991. Les conséquences diverses, la politique de la perestroïka et de la glasnost passèrent aux négociations de désarmement et l’URSS se retira des conflits où elle fut engagée (Afrique, Afghanistan). L’accélération de l’éclatement de l’URSS créa des guerres entre les peuples des anciennes républiques soviétiques et céda la place à CEI (Communauté des États indépendants)1. La division de certains états en Europe comme l’ex-Yougoslavie et l’ex-Tchécoslovaquie, la création de nouvelles zones de conflit (Haut-Karabakh, guerre des Balkans) et aussi la proclamation de pays indépendants comme Azerbaïdjan en octobre 1991, étaient les conséquences du changement du pouvoir et la fin de l’ère soviétique.
        La désagrégation de l’URSS ouvre les frontières et la migration massive de la population reprend. Cette nouvelle vague de migration essentiellement vers les pays occidentaux avait des raisons différentes : immigration de main-d’oeuvre, flux d’étudiants ou fuite des cerveaux, migration clandestine ou de réfugiés politiques, etc. La grande majorité des migrants s’installent alors en Allemagne, en Israël et aux États-Unis.
         L'effondrement du système socialiste celui de l'Union soviétique provoque à une mobilité massive de migrants présentant essentiellement une migration de main-d'oeuvre, bonne marchée et sans pouvoir politique. Les réformes socio-économiques, l'instabilité politique dans les anciennes républiques soviétiques conduisirent à un chômage de masse, à l'appauvrissement de la population. Les personnes en quête du travail émigrèrent à travers le monde, mais beaucoup choisirent d'aller en Russie qui était encore facilement accessible à cette période avec un passeport soviétique. En Russie, le flux migratoire a fortement augmenté et est vite devenu incontrôlable. Le nombre de migrants n'était pas en milliers, mais en millions. Pour de nombreux pays, le problème particulier était la migration illégale. L’accord de Bichkek signé en octobre 1992 prévoyait la libre circulation des personnes (sans visa) au sein de la CEI (Azerbaïdjan et Ukraine exceptés). Seulement en 2000, la Russie dénonça les accords de Bichkek et inclut des accords bilatéraux pratiquement avec tous les États de la CEI. À partir de décembre 2000, la République d’Azerbaïdjan est rejointe à la convention pour lutter contre la migration clandestine dans les pays de CEI.
       Après 70 ans du communisme, tous les pays soviétiques commencèrent à construire un état indépendant démocratique. Cette voie devient difficile aussi pour l’Azerbaïdjan. En effet, à partir de 1987, le peuple azerbaïdjanais a rencontré le problème de réfugié. Des milliers d’azerbaïdjanais d’Arménie sont expulsés de leur terre. À partir de 1992, le conflit du Haut- Karabakh devint militaire plus sanglant et causa l’augmentation du nombre de réfugiés. À la veille du cessez-le-feu en 1994, le nombre des réfugiés atteint 1 million de personnes. D’une part, la chute de l’URSS et d’une autre, la guerre comme l’instabilité du pouvoir en Azerbaïdjan ont provoqué l’émigration de la population. À cette période, la plupart des Arméniens, Russes, juifs, mais aussi des Azerbaïdjanais ou les membres d’autres minorités ont quitté le pays.
          Les raisons de l’émigration du peuple azerbaïdjanais sont différentes. Elles sont essentiellement liées avec la sécurité, surtout avec le conflit arméno-azerbaïdjanais qui a laissé des traces dans l’économie. Les émigrés s’installaient particulièrement dans les pays de la CEI, particulièrement en Russie et en Ukraine, aussi qu’en Allemagne, en Israël, aux États- Unis, etc. D’après M. Sardarov, 84,7 % des émigrants s’installent dans la Fédération de Russie, 6,3 % en Ukraine, 2,6 % en Israël, 0,9 % aux États-Unis, 0,9 % en Allemagne (Sərdarov, 2004 : 68-78).
    Pendant l’époque soviétique, on comptait une dizaine d’associations azerbaïdjanaises à l’étranger insignifiant pour créer une diaspora. Après la restauration de l’indépendance, le nombre de ses associations augmente jusqu’à 250. Avec cette indépendance retrouvée, la vie diasporique connaît un fort enthousiasme (Rizvan, 2002). Le Janvier Noir de 1990, la tragédie de Khodjali, l’occupation de 20 % du territoire du pays et des milliers de réfugiés poussèrent les Azerbaïdjanais à aller à l’étranger et à se mobiliser autour des associations. Justement, après ces événements, la plupart des immigrés anciens ou récents surtout en Europe, aux États-Unis, devinrent plus actifs.
        Malgré toutes les difficultés financières considérables et l'absence d'expérience, les émigrés gardent le lien avec le pays et aspirent par tous les moyens au renforcement et à l'élargissement des relations avec lui. Cependant, nous ne pouvons pas parler aujourd’hui de diaspora azerbaïdjanaise du fait qu’elle n’est pas encore formée en tant qu’institution au lobby dans les pays où vivent les ressortissants azerbaïdjanais2. 
         L’émigration de la population dans la deuxième moitié du XXème siècle était significative aussi chez les Azerbaïdjanais du Sud. Cette instabilité commença bien avant de l’effondrement de l’URSS. Des milliers des gens quittèrent le pays à la suite de la révolution de 1979 qui transforme l’Iran en République islamique, provoquant l’État impérial d’Iran de la dynastie Pahlavi. À cette période, l’Iran étant toujours le pays d’accueil de l’une des plus grandes populations de réfugiés de la région, deviens un pays d’émigration. La Révolution iranienne a exercé un profond impact sur la dynamique de l’émigration iranienne, entraînant une augmentation considérable des flux migratoires. Entre 1980 et 1985, des dizaines de milliers d’Iraniens introduisent une demande d’asile en Occident. La guerre entre l’Iran et l’Irak (1980 à 1988) a introduit aussi une nouvelle phase dans l’exode de réfugiés iraniens. Les réfugiés furent d’abord pour la plupart, des « monarchistes »: sinistres, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs du régime du chah ou encore proches de la famille Pahlavi. Comme ils étaient tous menacés d’être exécutés ou incarcérés pour longtemps, le choix était de s’enfuir en Occident avec leurs familles, surtout en France, Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis. Le régime islamique, venu au pouvoir après la révolution, niait la différence ethnique entre Perses et Azerbaïdjanais. Malgré le fait que certaines importantes figures du régime (par exemple l’ayatollah Ali Khamenei) étaient d’origine azerbaïdjanaise, le pouvoir n’hésitait pas de briser la lutte et d'exécuter les Azerbaïdjanais par centaines.


1. La Communauté des États indépendants (CEI) a été créée le 8 décembre 1991 par la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Elle est fondée sur les principes de l'égalité souveraine de tous ses membres et présente une entité intergouvernementale composée de 11 de 15 républiques soviétiques. L’Azerbaïdjan fait partie de la CEI depuis le 24 septembre 1993.

2. Sur le sujet lire l’article de Bayram Balci « La place de la diaspora azerbaïdjanaise », Eur Orient, N° 28, 2008.


Bibliographie.
1. Vazeh Asgarov "L'immigration des Azerbaïdjanais: L'immigration générale des Azerbaïdjanais, histoire et perspectives: le cas de la France", 2013 PUF, 424p.

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