Seconde guerre de Karabakh ou l’opération «Poing de fer»
5 Octobre 2021
https://www.lagazetteaz.fr/news/politique/7451.html
Paris / Lagazetteaz
Dr. Vazeh ASGAROV,
Docteur de l’Univesité de Strasbourg
Membre du conseil d'administration du Parti du Nouvel
Azerbaïdjan
De 1988 à 1994, dans la région du Caucase du Sud, un
conflit a opposé l’Arménie à l’Azerbaïdjan, pour le contrôle du Karabakh,
territoire situé en Azerbaïdjan, mais peuplé à majorité d’Arméniens depuis l’époque
soviétique.
La première guerre du Karabakh s’est soldée par une
défaite humiliante pour l’Azerbaïdjan. Le conflit a atteint son intensité
maximale entre le 23 et le 26 février 1992 avec le massacre de Khodjali,
causant selon les autorités azerbaïdjanaises la mort de 613 personnes, dont 106
femmes et 83 enfants. En raison de l'agression arménienne contre la République
d'Azerbaïdjan, le pays a perdu plus de 17 000 kilomètres carrés, soit environ
20% de son territoire. Les Arméniens ont fait prisonniers 4852 Azerbaïdjanais,
y compris 323 femmes, 54 enfants et 410 personnes âgées. Plus de 18 000
personnes ont été tuées, plus de 50 000 sont blessés ou estropiés, 4852
personnes sont portées disparues, dont 169 enfants, 338 femmes et 286
vieillards. Aujourd’hui, 783 personnes sont prises en otage en Arménie.
L’Azerbaïdjan a dès lors mené, surtout après le cessez-le
feu signé en 1994 (protocole de Bichkek), des négociations diplomatiques à long
terme avec la République d'Arménie au sein de diverses organisations
internationales pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de
sécurité de l'ONU. Pendant
presque 30 ans la demande de retrait sans réserve des forces d'occupation des
terres azerbaïdjanaises a été, en Arménie, à l'origine de déclarations
populistes, telles que « Le Karabagh, c'est l'Arménie, point » de Nikol
Pachinyan, arrivé au pouvoir à la suite de la révolution de velours en Arménie
en 2018.
Au début 2016, lorsque des plans précis de règlement du
conflit ont été discutés, l'Arménie a de nouveau eu recours à la provocation
armée, et bombardé des zones densément peuplées, y compris des écoles, des
hôpitaux et des lieux de culte le long de la ligne de contact.
Les attaques arméniennes ont tué six civils
azerbaïdjanais, dont des enfants, tandis que 33 personnes ont été grièvement
blessées. Les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé une contre-offensive
réussie pour riposter aux provocations de l'ennemi et ont libéré plus de 2 000
hectares de territoires occupés dans les régions de Fuzuli, Jabrayil et
Aghdara.
Si, d'une part, les événements d'avril ont montré la
force de l'armée azerbaïdjanaise, ils ont d'autre part une fois de plus
démontré que le maintien du statu quo et la présence des troupes arméniennes
dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan étaient les principales causes de
tensions dans la zone de conflit et que l'Azerbaïdjan ne s'accommodera jamais
de l'occupation.
Tout au long de 2016, des discussions substantielles ont
eu lieu entre les présidents azerbaïdjanais et arménien à Vienne et à
Saint-Pétersbourg. Mais en raison de la position non constructive de l'Arménie,
ces réunions n'ont marqué aucun progrès dans le règlement du conflit. L'Arménie
a également poursuivi ses provocations politiques et militaires en 2017.
Les déclarations populistes de Premier Ministre Nikol
Pashinyan par ailleurs ont miné la possibilité d'un règlement pacifique du
conflit.
En juillet 2020, une série d'affrontements d'artillerie
d'intensité variable ont eu lieu, à la suite desquels au moins 16 soldats et un
civil ont été tués. Parmi les victimes militaires azerbaïdjanaises figuraient
un général de division, un colonel et deux majors.
Les affrontements directs ont fini par se transformer en
véritable guerre.
Le 27 septembre 2020, en réponse à une violation flagrante du cessez-le-feu par
les forces armées arméniennes, les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé des
opérations de contre-offensive. Une mobilisation partielle et la
loi martiale sont déclarées.
La capacité de défense de l'armée du pays occupant s'est
brisée en peu de temps. L’armée azerbaïdjanaise a d'abord dégagé les points
stratégiques, puis a libéré les régions de Jabrayil le 4 octobre, Fuzuli le 17
octobre, Zangilan le 20 octobre, Gubadli le 25 octobre.
La première reprise des négociations sur un cessez-le-feu
a eu lieu le 10 octobre par la médiation de la Russie. Malgré cela les
hostilités ont été repris. Une deuxième tentative initiée le 18 octobre sous la
médiation du Groupe de Minsk a également échoué, ainsi qu'une troisième,
proposé par les Etats-Unis le 26 octobre.
Le 8 novembre 2020, le Président Ilham Aliyev, annonce la
libération de Choucha. Le 10 novembre 2020, l'Arménie capitule, et le Président
azerbaïdjanais, le Premier ministre arménien et le Président russe signent
enfin un accord sur la cessation de toutes les hostilités et les opérations
militaires en zone de conflit.
Après 30 années de conflit, l’Azerbaïdjan a mis fin à
l’occupation de l’Arménie et a restauré lui-même son intégrité territoriale,
pourtant exigée depuis 1993 par l’ONU par quatre résolutions (N° 822, 853,
874, 884).
Selon l’accord, Aghdam a été libérée le 20 novembre,
Kelbedjer le 25 novembre et Lachine le 1er décembre 2020 sans tirer une seule
balle et sans subir de perte en vies humaines. L’accord comprend également la
construction des nouvelles communications de transport reliant la République
autonome du Nakhitchevan et les régions occidentales de l'Azerbaïdjan à travers
le territoire arménien.
Il prévoit également le déploiement de forces de paix
russes dans la région pour cinq ans renouvelables et la création d'un centre
d'observation russo-turc afin de contrôler le cessez-le-feu.
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