Les précieuses découvertes
de Ramiz Aboutalibov
Mon intérêt était plus fort
que
ma peur[1]
Source : www.google.fr / images
Avant d’entamer cette partie, il est utile de connaître les précieuses découvertes de Ramiz Aboutalibov, l’un des meilleurs experts de la biographie des immigrés azerbaïdjanais en France. Né en 1937 à Gandja et originaire de Nakhitchevan, R. Aboutalibov a été diplomate entre 1971-1979 et 1985-1992 au sein du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO) à Paris.
Pendant la période soviétique, il est le chef du Département des Relations
Internationales du Comité central du Parti communiste de
l'Azerbaïdjan, membre du Parlement et chef de la Commission des Affaires étrangères
de l'Azerbaïdjan au
Soviet suprême.
Il est aussi co-auteur
de quatre livres sur le conflit du Karabakh publiés entre 1989 et 1992. Depuis 1993, il
servit comme ambassadeur à titre personnel pour le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères
et
en tant que Secrétaire général de l'Azerbaïdjan pour la Commission de l’UNESCO. Son nom
apparaît parmi les 269 diplomates de l’ex-Union soviétique
figurant dans l’Encyclopédie britannique
(1990). En 1998, en raison de son rôle dans le renforcement et le développement des relations amicales franco-azerbaïdjanaises, il fut décoré par le président
J. Chirac de la médaille de la Légion d’honneur.
Le rôle de Ramiz Aboutalibov dans la recherche des Azerbaïdjanais de la France est inestimable. Cependant, son courage et ses efforts peuvent sembler naturels et même prosaïques de nos jours. Pourtant à cette époque pour les diplomates soviétiques même un simple contact avec les émigrés était considéré comme un acte hostile. Avoir des parents à l’étranger pouvait mettre fin de carrière d’un diplomate. Il risquait d’être expulsé du pays sous 24 h à cette époque et bien sûr de perdre son travail.
Soulignons que lui seulement put obtenir la confiance de ses compatriotes qui lui confieront des photos de famille, des documents rares ainsi que beaucoup d’événements historiques enregistrés. Tout commença par des recherches dans les archives à Paris et des retrouvailles inestimables pour l’histoire contemporaine de l’Azerbaïdjan. Notamment, pour la première fois Ramiz Aboutalibov donne au public azerbaïdjanais des informations sur les premiers émigrés politiques azerbaïdjanais de France, l'information sur les enseignants des universités de France et d’Europe d’origine azerbaïdjanais, sur la participation des soldats azerbaïdjanais dans la Résistance française, sur le sculpteur Zeynal Aliyev, Dudenguinski-Fetelibeyli, Selim Turan[2] méconnus au pays, sur l'intérêt de la France envers le pétrole azerbaïdjanais, sur l’organisation de l'opérette Archin mal alan[3] jouée en français le 4 juillet 1925, au théâtre de Femina à Paris et bien d’autres des éléments encore.
Il découvre aussi la première traduction du poème Les Sept Beautés de Nizami de Gandja, le livre de Jusif Vezir Tchemenzemenli, la copie de deux comédies de M. F. Akhoundov ubliées à 1904 et 1906 à Paris, l'article sur Nariman Narimanov publié en 1925 à Paris, les lettres de Djeyhoun Hadjibeyli, l’un des délégués de l’Azerbaïdjan à la Conférence de la Paix de Paris en 1919 et frère du célèbre compositeur Uzeir Hadjibeyli, les documents sur le chef de la mission de la Conférence de la Paix, Ali Mardan bey Toptchibachi ainsi que Mamed Emin Rasoulzade et beaucoup autres. C’est aussi lui qui entra en confiance avec des migrants dans les années 70 à Paris et consacra ses recherches aux immigrés politiques en France issus de la première République d’Azerbaïdjan.
Toutefois, cette confiance fut difficile à établir,
car
les émigrés pensaient que tout diplomate ou fonctionnaire soviétique
ne pouvait qu’être un membre du
KGB.
Dr. Vazeh ASGAROV
[1] Interview avec Ramiz Aboutalibov le journal Az-Media N° 07(50) octobre 2004
[3]Archin mal alan est une comédie musicale
azerbaïdjanaise composée en 1913 par Uzeir Hadjibeyli (1885-1948), le premier auteur qui créa l’opéra et l’opérette en Orient. Artiste de renom, il a été également à l’origine
de la création de l’Académie des Sciences
d’Azerbaïdjan. L’opéra Koroğlu le chef-d’œuvre d’Hadjibeyli décerna en 1938 par Staline, le titre de « Meilleur opéra soviétique ».