Du conflit du
Haut-Karabakh au Janvier Noir
Des
soldats soviétiques ont tiré depuis des chars et des véhicules blindés sur des
citoyens soviétiques à Bakou
Aujourd’hui,
le peuple azerbaïdjanais commémore le 32e anniversaire de la
tragédie du « Janvier Noir ». À
la fin du XXème siècle, avec la chute du mur de Berlin en 1989 et
l’effondrement de l’URSS en 1991, le monde se trouve complètement modifié. Les
conséquences diverses, la politique de la « Perestroïka »[1] et de la « Glasnost »[2] passent aux
négociations de désarmement et l’URSS se retire des conflits où elle est
engagée (Afrique, Afghanistan). L’accélération de l’éclatement de l’URSS créée
des guerres entre les peuples des anciennes républiques soviétiques
et cède sa place à la CEI (Communauté des États indépendants). La
division de certains états en Europe comme l’ex-Yougoslavie et
l’ex-Tchécoslovaquie, la création de nouvelles zones de conflit (Haut-Karabakh,
guerre des Balkans) et aussi la proclamation de pays indépendants comme
l'Azerbaïdjan en octobre 1991, sont les conséquences du changement du pouvoir
et la fin de l’ère soviétique.
À partir de 1988, les évènements ne sont
plus conduits par les Azerbaïdjanais, mais par les séparatistes arméniens. Au
mois de mars 1988, un décret spécial sur le développement socioéconomique de la
région du Haut-Karabakh est adopté en URSS. La démarche est la suivante :
oukase du Présidium du Soviet suprême de l'URSS, le 12 janvier 1989, sur
l'introduction de la forme particulière de gestion pour ôter l’autorité de
l'Azerbaïdjan sur la région autonome du Haut-Karabakh, puis transfert de la gestion
au Comité de l'administration particulière dirigée par le représentant du
Centre, ce qui signifiait la sécession du Haut-Karabakh. L'administration
soviétique fait des efforts pour créer l'image d’une normalisation de la
situation dans la région, en accordant une attention particulière à ce
problème. En même temps, elle fait silence sur la grande tragédie du peuple
azerbaïdjanais. Sur cette question la position neutraliste de l'administration
azerbaïdjanaise trahit son peuple. Il est décidé en février 1988, lors d'une
réunion du Soviet régional de la Région Autonome du Haut-Karabakh (RAHK), sans
la participation des députés azerbaïdjanais, de séparer la RAHK de
l'Azerbaïdjan et de la rattacher à l'Arménie.
Le
1er décembre 1989, le Soviet suprême du RSS d'Arménie adopte un décret sur
l'annexion du Haut-Karabakh. Ce décret est contraire aux Constitutions de
l'URSS et de l'Azerbaïdjan, selon lesquelles le territoire d'une République
soviétique ne peut être modifié que par un accord mutuel des républiques
intéressées. La politique tendancieuse de Moscou à l'égard de l'Azerbaïdjan
cause la colère et des protestations massives. Pour contrôler la situation,
Moscou choisit l’intervention militaire. La nuit du 19 au 20 janvier 1990,
l’armée soviétique avec 26000 soldats, sans déclarer l'état d'urgence, ont
envahi la ville et ont massacré au moins 137 personnes à Bakou et
on relève des centaines de blessés, de disparitions et
d’arrestations.
Dans
la nuit du 19 au 20 janvier 1990, à 23 h 30, les troupes soviétiques installés
dans le pays sans déclarer l'état d'urgence dans le pays pénètrent à Bakou, la
capitale azerbaïdjanaise en 5 direction différentes. Les soldats soviétiques ont
tiré avec les chars et les véhicules blindés sur les citoyens soviétiques. Des
centaines de civils ont été tués, blessés et portés disparus à la suite de
l'incident. Les statistiques sanglantes de cette nuit sont assez lourdes : 137 personnes tuées,744 personnes blessées, 841
personnes illégalement arrêtées. Parmi les 137 morts 117 sont azerbaïdjanais, 6
russes, 3 juifs et 3 tatars.
En Azerbaïdjan, Mikhaïl Gorbatchev est officiellement considéré comme « l'ennemi
du peuple ». Tous les citoyens azerbaïdjanais
racontent comment le secrétaire
général de PCUS est tombé sous l'influence du lobby arménien et a isolé le Karabakh de l'Azerbaïdjan.
Jusqu’au septembre 2020, le conflit du Haut-Karabakh était l'un des multiples conflits
gelés de l'ex- URSS, avec celui entre la Géorgie
et ses républiques
séparatistes d'Abkhazie et d’Ossétie du Sud, ou celui entre la Moldavie et la Transnistrie. Le conflit arméno-azerbaïdjanais de l’époque soviétique à propos de
Karabakh commença officiellement en 1986 avec les premiers réfugiés chassés des régions de
Gafan et de
Megri (Arménie). Dans mes
recherches historiques, j’ai beaucoup touché de problème arméno-azerbaïdjanais existant depuis plus d’un
siècle. Pourtant commencer à étudier l’origine de ce conflit avec
l’époque de la glasnost ne nous semble pas justifié. Les revendications arméniennes sur les territoires azerbaïdjanais historiques (Karabakh,
Nakhitchevan, Zanguezour) ont
été résolues par les traités de Moscou (16 mars 1921) et Kars
(13 octobre 1921). L’attribution de la région du Zanguezour en 1921 à
l’Arménie met fin à la
continuité territoriale entre Azerbaïdjan et Turquie. À la suite de ce transfert, le Nakhitchevan a été séparé de l'Azerbaïdjan. La population azerbaïdjanaise
de ces régions était passée de
51 % en 1897 à 6 % en 1926. Moscou accepte et proclame en juillet 1923 la République
soviétique autonome
du Karabakh et
en mars 1924 celle
de la République soviétique autonome du
Nakhitchevan (Constant,
2002 : 286-296).
Durant
les années 1987-1991, dans le cadre de ce conflit du Haut-Karabakh, il a été mis
en place une politique d’expulsion complète de toute la population
azerbaïdjanaise d’Arménie ; près de 200 000 Azerbaïdjanais sont expulsés. Si au
début du XXème siècle, les Azerbaïdjanais représentaient presque la moitié de
la population de l’actuel territoire arménien, aujourd’hui selon une
statistique non officielle, en Arménie, hormis les prisonniers, il n’y aurait
plus un seul Azerbaïdjanais. Selon le Département d'analyse des politiques et
de soutien à l'information de l'Administration présidentielle de l'Azerbaïdjan,
le nombre actuel des Arméniens habitant en Azerbaïdjan est de plus de 20 000
personnes. Une fois les territoires arméniens vidés, la prochaine étape était
celle du Karabakh. Entre 1992 et 1994, eut lieu le sanglant conflit
arméno-azerbaïdjanais du Karabakh.
Les chars et les véhicules blindés détruisaient les barricades, les soldats tiraient sur les civils.
De 1988 à 1994, a eu lieu dans la région du Caucase du
Sud, un conflit opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan, pour le contrôle du
Haut-Karabakh, territoire situé en Azerbaïdjan. La guerre s’est soldée par une
défaite pour l’Azerbaïdjan. Le conflit a atteint son intensité maximale entre
le 23 et le 26 février 1992 avec le massacre de Khodjali, causant la mort de
613 personnes, dont 106 femmes et 83 enfants.
Seconde guerre
de Karabakh ou l’opération « Poing de fer »[3]
est entré en histoire avec
la libération des territoires de l’Azerbaïdjan et fin du conflit du
Haut-Karabakh. Le 27 septembre 2020, en réponse à une violation flagrante du cessez-le-feu
par les forces armées arméniennes, les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé
des opérations de contre-offensive pour empêcher les provocations arméniennes
et ont déclaré la loi martiale sur le territoire de la république. Le 27
septembre est annoncée une mobilisation partielle dans le pays.
Le 8
novembre 2020, le Commandant suprême
des forces armées azerbaïdjanaises, Ilham Aliyev, a annoncé la libération de
Choucha. Le 10 novembre, le président
azerbaïdjanais, le premier ministre arménien et le président russe ont signé le
10 novembre un accord sur la cessation de toutes les hostilités et les
opérations militaires en zone de conflit.
Après 30
années de conflit l’Azerbaïdjan a mis fin à l’occupation de l’Arménie et a
instauré lui-même son intégrité territoriale exigé depuis 1993 par l’ONU par quatre résolutions
(N°
822, 853, 874, 884).
Selon l’accord, Aghdam a
été libérée le 20 novembre, Kelbedjer le 25 novembre et Latchine le 1er
décembre sans tirer une seule balle et sans subir de perte en vies humaines.
L’accord comprend également la construction des nouvelles communications de
transport reliant la République autonome du Nakhitchevan et les régions
occidentales de l'Azerbaïdjan à travers le territoire arménien. Ainsi, la
victoire militaire de l’Azerbaïdjan a contraint l’Arménie à signer l’acte de la
capitulation. L'accord prévoit également
le déploiement de forces de paix russes dans la région pour cinq ans
renouvelables et la création d'un centre d'observation russo-turc afin de
contrôler le cessez-le-feu.
[1] La perestroïka – le mot d’origine russe, littéralement « la
reconstruction » est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique d'avril 1985 à décembre 1991, selon trois axes prioritaires : économique, social et éthnique : l'accélération, la démocratiation et la transparence.
[2] La glasnost – le mot d’origine russe traduit par « transparence » est une politique de liberté d'expression et de la publication d'informations portée en URSS par Mikhaïl Gorbatchev à partir de 1986. Avec la glasnost, Gorbatchev avait le but notamment de mettre la pression sur les conservateurs du parti qui étaient opposés à sa politique de restructuration économique (la perestroïka).
[3] Poing de fer ou la deuxième guerre du Karabakh (27 septembre 2020 - 10 novembre 2020), la guerre patriotique ou l'opération Poing de fer- un conflit armé en cours entre les forces armées azerbaïdjanaises et les forces armées arméniennes dans le Haut-Karabakh. C'est la bataille la plus intense et la plus longue depuis le cessez-le-feu qui a duré 44 jours la capitulation de l'Arménie par l'Azerbaïdjan.
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