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jeudi 20 janvier 2022

 

Du conflit du Haut-Karabakh au Janvier Noir 

Des soldats soviétiques ont tiré depuis des chars et des véhicules blindés sur des citoyens soviétiques à Bakou

              


        Professeur agrégé Vazeh ASGAROV
        Membre du conseil d'administration du Parti Nouvel Azerbaïdjan (YAP)
        Directeur exécutif de l'Université franco-azerbaïdjanaise (UFAZ)

Aujourd’hui, le peuple azerbaïdjanais commémore le 32e anniversaire de la tragédie du « Janvier Noir ». À la fin du XXème siècle, avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991, le monde se trouve complètement modifié. Les conséquences diverses, la politique de la « Perestroïka »[1] et de la « Glasnost »[2] passent aux négociations de désarmement et l’URSS se retire des conflits où elle est engagée (Afrique, Afghanistan). L’accélération de l’éclatement de l’URSS créée des guerres entre les peuples des anciennes républiques soviétiques et cède sa place à la CEI (Communauté des États indépendants). La division de certains états en Europe comme l’ex-Yougoslavie et l’ex-Tchécoslovaquie, la création de nouvelles zones de conflit (Haut-Karabakh, guerre des Balkans) et aussi la proclamation de pays indépendants comme l'Azerbaïdjan en octobre 1991, sont les conséquences du changement du pouvoir et la fin de l’ère soviétique.

            À partir de 1988, les évènements ne sont plus conduits par les Azerbaïdjanais, mais par les séparatistes arméniens. Au mois de mars 1988, un décret spécial sur le développement socioéconomique de la région du Haut-Karabakh est adopté en URSS. La démarche est la suivante : oukase du Présidium du Soviet suprême de l'URSS, le 12 janvier 1989, sur l'introduction de la forme particulière de gestion pour ôter l’autorité de l'Azerbaïdjan sur la région autonome du Haut-Karabakh, puis transfert de la gestion au Comité de l'administration particulière dirigée par le représentant du Centre, ce qui signifiait la sécession du Haut-Karabakh. L'administration soviétique fait des efforts pour créer l'image d’une normalisation de la situation dans la région, en accordant une attention particulière à ce problème. En même temps, elle fait silence sur la grande tragédie du peuple azerbaïdjanais. Sur cette question la position neutraliste de l'administration azerbaïdjanaise trahit son peuple. Il est décidé en février 1988, lors d'une réunion du Soviet régional de la Région Autonome du Haut-Karabakh (RAHK), sans la participation des députés azerbaïdjanais, de séparer la RAHK de l'Azerbaïdjan et de la rattacher à l'Arménie.

Le 1er décembre 1989, le Soviet suprême du RSS d'Arménie adopte un décret sur l'annexion du Haut-Karabakh. Ce décret est contraire aux Constitutions de l'URSS et de l'Azerbaïdjan, selon lesquelles le territoire d'une République soviétique ne peut être modifié que par un accord mutuel des républiques intéressées. La politique tendancieuse de Moscou à l'égard de l'Azerbaïdjan cause la colère et des protestations massives. Pour contrôler la situation, Moscou choisit l’intervention militaire. La nuit du 19 au 20 janvier 1990, l’armée soviétique avec 26000 soldats, sans déclarer l'état d'urgence, ont envahi la ville et ont massacré au moins 137 personnes à Bakou et on relève des centaines de blessés, de disparitions et d’arrestations.

Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1990, à 23 h 30, les troupes soviétiques installés dans le pays sans déclarer l'état d'urgence dans le pays pénètrent à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise en 5 direction différentes. Les soldats soviétiques ont tiré avec les chars et les véhicules blindés sur les citoyens soviétiques. Des centaines de civils ont été tués, blessés et portés disparus à la suite de l'incident. Les statistiques sanglantes de cette nuit sont assez lourdes : 137 personnes tuées,744 personnes blessées, 841 personnes illégalement arrêtées. Parmi les 137 morts 117 sont azerbaïdjanais, 6 russes, 3 juifs et 3 tatars.

 

Mémorial à l'honneur des victimes du Janvier noir

En Azerbaïdjan, Mikhaïl Gorbatchev est officiellement considéré comme « l'ennemi du peuple ». Tous les citoyens azerbaïdjanais racontent comment le secrétaire général de PCUS est tombé sous l'influence du lobby arménien et a iso le Karabakh de l'Azerbaïdjan. Jusqu’au septembre 2020, le conflit du Haut-Karabakh était l'un des multiples conflits gelés de l'ex- URSS, avec celui entre la Géorgie et ses républiques séparatistes d'Abkhazie et d’Ossétie du Sud, ou celui entre la Moldavie et la Transnistrie. Le conflit arméno-azerbaïdjanais de l’époque soviétique à propos de Karabakh commença officiellement en 1986 avec les premiers réfugiés chassés des régions de Gafan et de Megri (Arménie). Dans mes recherches historiques, j’ai beaucoup touché de problème arméno-azerbaïdjanais existant depuis plus dun siècle. Pourtant commencer à étudier lorigine de ce conflit avec l’époque de la glasnost ne nous semble pas justifié. Les revendications arméniennes sur les territoires azerbaïdjanais historiques (Karabakh, Nakhitchevan, Zanguezour) ont été résolues par les traités de Moscou (16 mars 1921) et Kars (13 octobre 1921). Lattribution de la région du Zanguezour en 1921 à l’Arménie met fin à la continuité territoriale entre Azerbaïdjan et Turquie. À la suite de ce transfert, le Nakhitchevan a été séparé de l'Azerbaïdjan. La population azerbaïdjanaise de ces régions était passée de 51 % en 1897 à 6 % en 1926. Moscou accepte et proclame en juillet 1923 la République soviétique autonome du Karabakh et en mars 1924 celle de la République soviétique autonome du Nakhitchevan (Constant, 2002 : 286-296).

Durant les années 1987-1991, dans le cadre de ce conflit du Haut-Karabakh, il a été mis en place une politique d’expulsion complète de toute la population azerbaïdjanaise d’Arménie ; près de 200 000 Azerbaïdjanais sont expulsés. Si au début du XXème siècle, les Azerbaïdjanais représentaient presque la moitié de la population de l’actuel territoire arménien, aujourd’hui selon une statistique non officielle, en Arménie, hormis les prisonniers, il n’y aurait plus un seul Azerbaïdjanais. Selon le Département d'analyse des politiques et de soutien à l'information de l'Administration présidentielle de l'Azerbaïdjan, le nombre actuel des Arméniens habitant en Azerbaïdjan est de plus de 20 000 personnes. Une fois les territoires arméniens vidés, la prochaine étape était celle du Karabakh. Entre 1992 et 1994, eut lieu le sanglant conflit arméno-azerbaïdjanais du Karabakh.

                         Les chars et les véhicules blindés détruisaient les barricades, les soldats tiraient sur les civils.

        De 1988 à 1994, a eu lieu dans la région du Caucase du Sud, un conflit opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan, pour le contrôle du Haut-Karabakh, territoire situé en Azerbaïdjan. La guerre s’est soldée par une défaite pour l’Azerbaïdjan. Le conflit a atteint son intensité maximale entre le 23 et le 26 février 1992 avec le massacre de Khodjali, causant la mort de 613 personnes, dont 106 femmes et 83 enfants.

Seconde guerre de Karabakh ou l’opération « Poing de fer »[3] est entré en histoire avec la libération des territoires de l’Azerbaïdjan et fin du conflit du Haut-Karabakh. Le 27 septembre 2020, en réponse à une violation flagrante du cessez-le-feu par les forces armées arméniennes, les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé des opérations de contre-offensive pour empêcher les provocations arméniennes et ont déclaré la loi martiale sur le territoire de la république. Le 27 septembre est annoncée une mobilisation partielle dans le pays.

Le 8 novembre 2020, le Commandant suprême des forces armées azerbaïdjanaises, Ilham Aliyev, a annoncé la libération de Choucha. Le 10 novembre, le président azerbaïdjanais, le premier ministre arménien et le président russe ont signé le 10 novembre un accord sur la cessation de toutes les hostilités et les opérations militaires en zone de conflit.

Après 30 années de conflit l’Azerbaïdjan a mis fin à l’occupation de l’Arménie et a instauré lui-même son intégrité territoriale exigé depuis 1993 par l’ONU par quatre résolutions (N° 822, 853, 874, 884).

Selon l’accord, Aghdam a été libérée le 20 novembre, Kelbedjer le 25 novembre et Latchine le 1er décembre sans tirer une seule balle et sans subir de perte en vies humaines. L’accord comprend également la construction des nouvelles communications de transport reliant la République autonome du Nakhitchevan et les régions occidentales de l'Azerbaïdjan à travers le territoire arménien. Ainsi, la victoire militaire de l’Azerbaïdjan a contraint l’Arménie à signer l’acte de la capitulation.  L'accord prévoit également le déploiement de forces de paix russes dans la région pour cinq ans renouvelables et la création d'un centre d'observation russo-turc afin de contrôler le cessez-le-feu.



[1] La perestroïka le mot d’origine russe, littéralement « la reconstruction » est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique d'avril 1985 à décembre 1991, selon trois axes prioritaires : économique, social et éthnique : l'accélération, la démocratiation et la transparence.

[2] La glasnost – le mot d’origine russe traduit par « transparence » est une politique de liberté d'expression et de la publication d'informations portée en URSS par Mikhaïl Gorbatchev à partir de 1986. Avec la glasnost, Gorbatchev avait le but notamment de mettre la pression sur les conservateurs du parti qui étaient opposés à sa politique de restructuration économique (la perestroïka).


[3] Poing de fer ou la deuxième guerre du Karabakh (27 septembre 2020 - 10 novembre 2020), la guerre patriotique ou l'opération Poing de fer- un conflit armé en cours entre les forces armées azerbaïdjanaises et les forces armées arméniennes dans le Haut-Karabakh. C'est la bataille la plus intense et la plus longue depuis le cessez-le-feu qui a duré 44 jours la capitulation de l'Arménie par l'Azerbaïdjan.

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