L’histoire de l’immigration
des citoyens d’Azerbaïdjan en France
Une brève histoire des relations
franco-azerbaïdjanaises
La migration
des
Azerbaïdjanais vers l’Occident
et la création
de la diaspora en général
résultent des événements politiques difficiles du XXème siècle. Après l'effondrement de
la République Démocratique
d’Azerbaïdjan et l’installation du pouvoir soviétique,
une grande majorité
de l’intelligentsia et de l’élite politique ont quitté le pays pour s’établir essentiellement dans des pays occidentaux comme
l’Allemagne, la France et la
Pologne. Ces migrants ont créé une base diasporique en Occident. Aujourd'hui, en parlant de « l'émigration
azerbaïdjanaise » et de « la diaspora azerbaïdjanaise », on se réfère
aux
générations des
migrants qui ont fui leur patrie au début
du vingtième siècle en raison de circonstances différentes.
Il est important de noter que selon des estimations officielles faites par le Comité d’État d’Azerbaïdjan pour les Relations avec la Diaspora, les Azerbaïdjanais vivant dans les
pays occidentaux ne sont pas nombreux.
Selon ce calcul, le nombre des Azerbaïdjanais de France est
de 70 000 personnes[1]. Ce
chiffre englobant probablement les Azerbaïdjanais d’origine
iranienne et turque
(Igdir, Ardahan, Kars)[2].
D’après Bayram
Balci,
cette estimation est
exagérée
et que la plupart de ces émigrés n’ont
aucune
conscience et la solidarité
envers la République d’Azerbaïdjan
(Balci, 2008 : 195).
L’émigration des Azerbaïdjanais vers
la France commence fin du XIXème et début du XXème siècle. Par contre, les rapports franco-azerbaïdjanais sont nés il y a déjà des siècles et
se sont développés à une vitesse remarquable, dans tous les
domaines. Les premières relations commerciales existaient au cours des IXème et Xème siècles, du temps de la dynastie des Abbassides entre les pays de
l’Asie
et
ceux de l’Europe. Ces relations, étant caractéristiques pour cette période, se réalisaient essentiellement dans le
commerce. Les commerçants azerbaïdjanais s’intéressaient beaucoup
aux
échanges dans les pays hors
des frontières de
leur pays. Vu que la Route de la Soie passait via l’Azerbaïdjan, unissant les centres commerciaux de l’Occident avec
l’Orient, beaucoup de voyageurs ainsi que de savants étrangers arrivaient dans
ce pays[3].
Selon Kamal Abdulla (2008), la trace des
premiers
voyageurs
français date du XIIIème siècle. Dans les œuvres de Nizami, nous rencontrons le mot firangui signifiant franc.
Le
premier accord de commerce liant les deux nations a été signé en 1708 entre la dynastie Séfévide et la France. Les relations commerciales et diplomatiques de l’État séfévide avec les pays occidentaux ont été élargies aux XVIème et XVIIème siècles. La première information sur les poètes, la culture
et la littérature azerbaïdjanaise est apparue en
1697 dans la Bibliothèque
orientale
de Barthélemy
d'Herbelot (Aliyev, 2005 : 112). Plus tard,
avec
le prestige de la langue française dans le monde est apparu un grand groupe de francophones en
Azerbaïdjan comme Ismayil Bey Goutgachinli, Mirza Fathali Akhoundov, son fils Rachid Bey Akhoundov, Mouhammad Aga Schahktakhtinsky, Alimerdan bey Toptchibachi, Mirza
Kazim Bey,
Mohsün bey Khanlarov, Djeyhoun Hadjibeyli, Ahmed Ağaoğlu
et beaucoup d’autres[4].
Des orientalistes français comme Barbier de Meynard, Alfons
Silver, Lucien Buvat ou des écrivains
comme George Sand, Alexandre Dumas et d’autres permettent en France une première approche des cultures persanes et azerbaïdjanaises. Les relations de la
France avec l'Azerbaïdjan du XXème siècle ont été initiées par les premiers des diplomates de
Bakou pendant la période de l'accréditation officielle (mai 1919 - avril 1920). Le 9 août 1919,
la préfecture
de Paris a enregistré un comité France-Caucase,
le premier paragraphe des
statuts annonçait : Le Comité est créé en vue de l'assistance au développement des liaisons économiques
entre la France et les républiques de la Transcaucasie : par la Géorgie
et l'Azerbaïdjan. Entre mai 1919 et avril 1920, la délégation a réussi à
publier 3 livres, 12 bulletins, une carte géographique
de l’Azerbaïdjan,
ainsi que beaucoup d’articles dans les
plusieurs journaux parisiens. Le bulletin d'informations Azerbaïdjan parut jusqu’en mai 1920
(Aboutalibov, 2006: 31). La revue
Azerbaïdjan, organe du parti
Moussavat (Égalité), commença sa publication en 1926 à Paris. Avec la disparition de la génération
la plus âgée, l'Association des émigrés azerbaïdjanais cesse de fonctionner, mais plus tard leurs
enfants ont
pris le relais. La plus brillante représentante de cette génération sera Umm–El–Banine
Assadoullaev dite Banine (1905-1992), qui a été
la meilleure
spécialiste de l'œuvre des
écrivains russes Bounine et Teffi et de l'Allemand Ernst Jünger. Depuis le mois de mars 1999,
à l'Institut des Langues et
des Civilisations Orientales
(INALCO),
des étudiants
ont commencé à étudier l'Azerbaïdjanais. Notons que même si entre 1918-1920, la relation franco-azerbaïdjanaise a connu quelques développements, après la soviétisation elle
a pris une autre
forme et est devenue franco-soviétique.
Les Azerbaïdjanais, comme les autres nationalités soviétiques, sont alors considérés en tant que « citoyens soviétiques ».
2. Z. Aliyev, Diaspor, B. 2007 p.343.
[2] L’émigration de cette masse de la population est liée essentiellement avec la révolution iranienne de 1979.
[3] La Route de la Soie était un ensemble d’axes caravaniers qui traversaient l’Europe et l’Asie, allant de la Méditerranée jusqu’à la Chine en traversant l’Asie Centrale. Dès le IIIème siècle av. J.-C. elle était activement empruntée jusqu’au 16e siècle. Seulement au
XIXème siècle, elle était baptisée La Route de la Soie.
[4] Dans les archives de la France ont été découverts beaucoup d'articles d'Ağaoğlu publiés dans les revues
françaises les plus prestigieuses pour la période 1891 et 1893.
In: "L'immigration des Azerbaïdjanais"
VAZEH 16/07/2014
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