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mercredi 16 juillet 2014

 L’histoire de l’immigration des citoyens d’Azerbaïdjan en France


Une brève histoire des relations
franco-azerbaïdjanaises

La migration des Azerbaïdjanais vers lOccident et la création de la diaspora en général résultent des événements politiques difficiles du XXème siècle. Après l'effondrement de la République Démocratique dAzerbaïdjan et l’installation du pouvoir soviétique, une grande majorité de lintelligentsia et de l’élite politique ont quitté le pays pour sétablir essentiellement dans des pays occidentaux comme l’Allemagne, la France et la Pologne. Ces migrants ont créé une base diasporique en Occident. Aujourd'hui, en parlant de « l'émigration azerbaïdjanaise » et de « la diaspora azerbaïdjanaise », on se réfère aux générations des migrants qui ont fui leur patrie au début du vingtième siècle en raison de circonstances différentes.
Il est important de noter que selon des estimations officielles faites par le Comité dÉtat dAzerbaïdjan pour les Relations avec la Diaspora, les Azerbaïdjanais vivant dans les pays occidentaux ne sont pas nombreux. Selon ce calcul, le nombre des Azerbaïdjanais de France est de 70 000 personnes[1]. Ce chiffre englobant probablement les Azerbaïdjanais dorigine iranienne et turque (Igdir, Ardahan, Kars)[2]. Daps Bayram Balci, cette estimation est exagérée et que la plupart de ces émigrés nont aucune conscience et la solidarité envers la République d’Azerbaïdjan (Balci, 2008 : 195).
Lémigration des Azerbaïdjanais vers la France commence fin du XIXème et début du XXème siècle. Par contre, les rapports franco-azerbaïdjanais sont nés il y a dé des siècles et se sont développés à une vitesse remarquable, dans tous les domaines. Les premières relations commerciales existaient au cours des IXème et Xème siècles, du temps de la dynastie des Abbassides entre les pays de lAsie et ceux de lEurope. Ces relations, étant caractéristiques pour cette période, se réalisaient essentiellement dans le commerce. Les commerçants azerbaïdjanais sintéressaient beaucoup aux échanges dans les pays hors des frontières de leur pays. Vu que la Route de la Soie passait via l’Azerbaïdjan, unissant les centres commerciaux de lOccident avec lOrient, beaucoup de voyageurs ainsi que de savants étrangers arrivaient dans ce pays[3].
Selon Kamal Abdulla (2008), la trace des premiers voyageurs français date du XIIIème siècle. Dans les œuvres de Nizami, nous rencontrons le mot firangui signifiant franc. Le premier accord de commerce liant les deux nations a é signé en 1708 entre la dynastie Séfévide et la France. Les relations commerciales et diplomatiques de lÉtat séfévide avec les pays occidentaux ont é élargies aux XVIème et XVIIème siècles. La première information sur les poètes, la culture et la littérature azerbaïdjanaise est apparue en 1697 dans la Bibliothèque orientale de Barthélemy d'Herbelot (Aliyev, 2005 : 112). Plus tard, avec le prestige de la langue française dans le monde est apparu un grand groupe de francophones en Azerbaïdjan comme Ismayil Bey Goutgachinli, Mirza Fathali Akhoundov, son fils Rachid Bey Akhoundov, Mouhammad Aga Schahktakhtinsky, Alimerdan bey Toptchibachi, Mirza Kazim Bey, Mohsün bey Khanlarov, Djeyhoun Hadjibeyli, Ahmed Ağaoğlu et beaucoup d’autres[4]. Des orientalistes français comme Barbier de Meynard, Alfons Silver, Lucien Buvat ou des écrivains comme George Sand, Alexandre Dumas et d’autres permettent en France une première approche des cultures persanes et azerbaïdjanaises. Les relations de la France avec l'Azerbaïdjan du XXème siècle ont é initiées par les premiers des diplomates de Bakou pendant la période de l'accréditation officielle (mai 1919 - avril 1920). Le 9 août 1919, la préfecture de Paris a enregistré un comité France-Caucase, le premier paragraphe des statuts annonçait : Le Comité est créé en vue de l'assistance au développement des liaisons économiques entre la France et les républiques de la Transcaucasie : par la Géorgie et l'Azerbaïdjan. Entre mai 1919 et avril 1920, la délégation a réussi à publier 3 livres, 12 bulletins, une carte géographique de lAzerbaïdjan, ainsi que beaucoup d’articles dans les plusieurs journaux parisiens. Le bulletin d'informations Azerbaïdjan parut jusqu’en mai 1920 (Aboutalibov, 2006: 31). La revue Azerbaïdjan, organe du parti Moussavat (Égalité), commença sa publication en 1926 à Paris. Avec la disparition de la génération la plus âgée, l'Association des émigrés azerbaïdjanais cesse de fonctionner, mais plus tard leurs enfants ont pris le relais. La plus brillante représentante de cette génération sera Umm–El–Banine Assadoullaev dite Banine (1905-1992), qui a été la meilleure spécialiste de l'œuvre des écrivains russes Bounine et Teffi et de l'Allemand Ernst Jünger. Depuis le mois de mars 1999, à l'Institut des Langues et des Civilisations Orientales (INALCO), des étudiants  ont commencé à étudier l'Azerbaïdjanais. Notons que même si entre 1918-1920, la relation franco-azerbaïdjanaise a connu quelques développements, après la soviétisation elle a pris une autre forme et est devenue franco-soviétique. Les Azerbaïdjanais, comme les autres nationalités soviétiques, sont alors considérés en tant que « citoyens soviétiques ».



[1] 1. Comité dÉtat pour les Azerbaïdjanais vivant à létranger :  www.diaspora.az
2. Z. Aliyev, Diaspor, B. 2007 p.343.
[2] L’émigration de cette masse de la population est liée essentiellement avec la révolution iranienne de 1979.
 [3] La Route de la Soie était un ensemble daxes caravaniers qui traversaient lEurope et l’Asie, allant de la Méditerranée jusquà la Chine en traversant lAsie Centrale. Dès le IIIème siècle av. J.-C. elle était activement empruntée jusquau 16e siècle. Seulement au XIXème siècle, elle était baptisée La Route de la Soie.
[4] Dans les archives de la France ont été  découverts beaucoup d'articles d'Ağaoğlu publiés dans les revues françaises les plus prestigieuses pour la période 1891 et 1893.


In: "L'immigration des Azerbaïdjanais"

VAZEH  16/07/2014

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