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vendredi 11 juillet 2014


L'émergence de l'intelligentsia et lémigration azerbaïdjanaise jusqu’au XXème siècle


La politique de la Russie coloniale du XIXème siècle dans le Caucase du Sud menait à une transformation du statut social et à une nouvelle distinction entre les différents groupes sociaux qui au sein de ces groupes provoquait une crise didentité. Cela a conduit à des différentes réactions la contestation, la fuite et la résistance ont ainsi cherché à préserver la proprié et le statut social et à devenir des citoyens égaux de l'État sur les différents éléments de la culture étrangère.
Après  la  conquête  de lAzerbaïdjan  du  Nord,  le  gouvernement  russe sentait la nécessité d'introduire un nouveau système d'enseignement public, ce qui aurait assuré la formation de fonctionnaires pour soutenir la politique et la situation économique dans la province de Tsar. L'enseignement primaire était concentré dans les məkb[1] et les mollaxana (école coranique chez les chiites) entièrement à la charge du «clergé » musulman. L'existence des écoles nationales en Azerbaïdjan conduira la Russie tsariste à la création dun réseau de l'enseignement général dans le pays. La première école ouvre ses portes le 30 décembre 1830.
La situation politique contraignait à chercher un système plus souple d'intégration dans la ville. Le service royal, civil et militaire avait besoin de la population locale, sa religion ou son niveau social important peu. Les principaux critères étaient la fidélité à la Russie et l'aptitude professionnelle. Le gouverneur du Caucase, le Prince Vorontsov, nommé par le Tsar, précisait de mettre en œuvre une politique de cooptation des élites locales, plutôt que d'intégration et d’assimilation. Il joua un grand rôle pour lorganisation du Séminaria (Séminaire)[2]. Le premier Séminaria Transcaucasien de maître, étant un grand centre de la préparation des spécialistes pédagogiques, a é créé à la fin du XIXème siècle dans le sud du Caucase à Tbilissi (Géorgie). Existant entre 1866-1917 ces séminaires préparaient les professeurs des classes primaires. En 1882, il était créé sous l’initiative de M. F. Akhoundov, la branche azerbaïdjanaise du séminaire (Svyataçovski, 2000, Constant, 2002).
Les enfants des anciens beys et agha, ayant perdu leurs pouvoirs, pouvaient prouver leur « origine de noblesse » après  la loi de décembre  1846. La première  partie de lintelligentsia présentait les personnes issues d’une aristocratie azerbaïdjanaise, essentiellement des familles des anciens khans, qui faisaient leurs carrières dans l’armée russe (comme le fils de Mustafa Khan de Shirvan, le neveu dIbrahim Khan du Karabakh, etc.). Il faut noter que parmi cette aristocratie beaucoup de personnes nadoptaient pas le modèle occidental et finissait par s’exiler en Iran ou en Turquie (Aliyev, 1996).
Dans la première moitié du XIXème siècle, lAzerbaïdjan développait et relançait remarquablement les branches traditionnelles de la connaissance scientifique, l'histoire, la philologie, la géographie, l'astronomie, la philosophie. Abbasgoulou agha Bakikhanli (1794-1846) est le premier qui comprend l'importance de la création de l'histoire nationale et à cette époque on assiste à la création de la chronologie historique des khanats azerbaïdjanais. Ces histoires étaient écrites essentiellement par les descendants des anciens khans.
Le contact des deux civilisations — l'Europe, représentée par la Russie, et la tradition musulmane a donné naissance à l'intelligentsia locale. Les intellectuels azerbaïdjanais sont apparus au milieu du XIXème siècle suivaient la Russie et dépendaient de lui. Tadeusz Swietochowski (2000) souligne : le terme lintelligentsia dans le contexte de l'histoire de l'Azerbaïdjan a une signification différente de son importance dans les langues européennes. Les personnes éduquées dans les écoles islamiques traditionnelles ne considéraient pas les intellectuels russifiés comme des interlocuteurs valables. Après les années 30 du XIXème siècle, lintelligentsia était formée de personnes ayant suivi léducation secondaire dans les écoles militaires russes ou dans les écoles russo-tatares. Le rapprochement des musulmans avec les Russes a é senti aussi dans l’armée ou dans la fonction publique. Plus tard, parmi les musulmans Caucasiens il y aura une aspiration à l'instruction élémentaire et à la connaissance, qui amènera l'amélioration de leur moralité.
À la moitié du XIXème siècle, parmi les intellectuels sont apparu les Tatares, (comme les Russes désignaient  tous les musulmans turcophones à lépoqueétudiés  dans les universités russes et dans le séminaire du Caucase du Sud à Gori et à Tbilissi. Le Séminaire Transcaucasien à Gori jouait un grand rôle dans la préparation des enseignants pour les écoles primaires en Azerbaïdjan, surtout après l’ouverture de la branche Azerbaïdjanaise en 1879. Si dans les années 1849 à 1851 à Saint-Pétersbourg étudiaient 180 élèves du Caucase, dans les années 1870, le chiffre atteint un pic pour les étudiants azerbaïdjanais. Ils continuent leurs formations dans les autres régions de l'Empire. Malgré le petit nombre de représentants des élites modernes d'Azerbaïdjan pendant deux siècles, ceux-ci sont devenus les porte-parole de la culture et de la politique nationale (annexe p. 372). L'événement le plus important dans léducation nationale de l'Azerbaïdjan dans la seconde moitié du XIXème siècle reste la presse périodique. En 1875, grâce à l’effort de Həsən bəy likof Zərdabi, le premier journal turcophone de Russie, Əkinçi (Laboureur), a paru à Bakou et a provoqué une grande résonance dans toute la région du Caucase. Au total, 56 numéros ont été publiés pour la période de 1875 à 1877. Le journal menait une lutte infatigable pour la purification de la langue maternelle et aussi un grand travail pour la création des articles sur la vie politique et sociale dans la langue azerbaïdjanaise.
Le rôle considérable dans lhistoire de léducation de la population azerbaïdjanaise a joué les écoles russo-tatares organisées par les professeurs Habib bey Mahmoudbeyov et Sultan Medjhid Ganiyev à Bakou. Dans cette école, à la différence d'autres écoles russes, la langue azerbaïdjanaise, conformément aux Règles de 1881, était admise pendant la première année de l'enseignement et était considérée comme obligatoire[3].
Dans le deuxième moitié XIXème siècle, on assiste à l’apparition de la dramaturgie par les figures les plus considérables de la dramaturgie azerbaïdjanaise de la fin du XIX siècle, Necef bey Vezirov, Abdulrehman bey Hagverdiyev et Nariman Narimanov. Les deux premiers écrivaient des comédies satiriques, mais Vezirov rédigeait aussi les premières tragédies azerbaïdjanaises. Le héros des tragédies de Vezirov et de Haqverdiyev était les intellectuels, qui au cours de la lutte pour le changement de vie tombaient souvent dans le piège de leur entourage hostile.

  Habib bey Mahmoudbeyov et Abdulrehman bey Haqverdiyev 
 

       Source : http://www.fotobank.az

Le plus grand représentant de la culture azerbaïdjanaise du XIXème siècle était le fondateur de la littératurazerbaïdjanaise, le dramaturge et philosophe Mirza Fatali Akhoundov (1812-1878). Né dans la région de Sheki, Fatali fait ses études dans une école coranique (madresseh) il apprend l’arabe et le persan. Sous l’influence de son professeur Mirza Chafi Vazeh, son intérêt change et il se tourne vers les études modernes[4].
Si après la deuxième moitié du XIXème siècle les étudiants, pour continuer leurs études, partaient à Tbilissi, à Gori, à Saint-Pétersbourg ou dans les autres régions de l’Empire, vers la fin du XIXème siècle, l’intérêt change et ils choisissent maintenant les pays européens et surtout la France. Avec cette étape apparut une nouvelle génération.  Rachid Bey Akhoundov, fils de M. F. Akhoundov, Ahmed aoğlu, Mohsum Khanlarov, Mohammed Aga Schahtakhtinsky et encore dautres font la connaissance de la vie française, de la situation politique et sociale de la France [5].
Les idées démocratiques se propagent de plus en plus dans la littérature. Ce mouvement crée un terrain propice à l'apparition de la littérature, culture et politique du XXème siècle de personnages connus. Abbas Qoulou agha Bakikhanli (1794- 1846), Mirza Fatali Axoundzade (1812-1878), Mirza Chafi Vazeh. (1794- 1852), Natavan (1837-1897, appelée aussi xan qızı Natavan, fille du dernier khan de Karabakh), Mollah Penah Vaqif, Mirzə Kazımbəy (1802-1870), Ahmed bey Aghaoglu (1869-1939), Ali bey Housseynzade (1864-1941), Alimardan bey Toptchibachi (1859-1934), Mohammed Aga Schahtakhtinsky. Nadjaf bey Vesirov, Abdourahim bey Akhverdiev, Mirza Alekper Sabir, Suleyman Sani Akhoundov, Uzr Hadjibeyov, Nariman Narimanov, Hachim bey Vesirov, Djalil Mamedkoulizadé, Abbas Sahat, Mohammad Hadi, Abdullah Chg, Ali bey Husseynzade, Ahmad Agaoglou, Ahmad Djavad, Hussein Djavid et autres ont joué un rôle inestimable dans la formation de la littérature de la nouvelle période.
L'Azerbaïdjan qui entrait dans le XXème siècle a fait de grands progrès dans beaucoup de sphères, y compris dans le domaine de la culture, de l'éducation et de la presse nationale. L'essentiel était qu’une bourgeoisie moderne se formait en Azerbaïdjan et commençait à jouer un rôle important dans la vie sociale du pays. L'activité des intellectuels dans plusieurs domaines servait à la renaissance, au réveil national, à la formation de l'esprit national. Ainsi, le cours des processus sociopolitiques commencés dès le XIXème siècle aboutit à l'évolution radicale dans la socié azerbaïdjanaise. Nos hommes éminents publics et politiques élevés dans une nouvelle ambiance ont pu relever les défis du siècle. Un terrain favorable se préparait pour la création de la République Démocratique d'Azerbaïdjan. On peut appeler cette période la première étape de l'histoire de l'Azerbaïdjan du XXème siècle.




[1] En 1842, dans les villes Bakou, Guba, Karabakh, Shéki, Chirvan et Talysh existaient 502 məktəb au sein des mosquées, 534 enseignants et 5242 étudiants.
[2]  Les séminaires de maître  étaienles écoles  pédagogiques  pour la préparatiodes professeurs de l'école primaire. Les écoles sont apparues en Russie à 1779 à lUniversité de Moscou et à 1786 à Saint-Pétersbourg.

[4] Mirza Chafi Vazeh (1794-1852), l'héritage littéraire de lauteur nous est arrivé par des traductions, les originaux de ses vers sont perdus. En 1846, il fait la connaissance avec l'écrivain allemand, Friedrich Bodenstedt, qui a visité Tbilissi et qui devient lélève de Vazeh. En partant il emmène avec lui-même une partie considérable des poèmes de Mirza Chafi en l'Allemagne et là, il les a publiés dans une traduction en langue allemande.
[5] MohsuKhanlarovpremier  doctorant azerbaïdjanais  « Herdoctor »  dlUniversité  de  Strasbour(Université Kaiser-Wilhelm).

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