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mardi 1 mars 2022

 

Le début du conflit de Karabakh et les événements Soumgaït ?

Dr. Vazeh ASGAROV,

Docteur de l’Université de Strasbourg

Membre du conseil d'administration du Parti du Nouvel Azerbaïdjan

Directeur exécutif de l'Université franco-azerbaïdjanaise (UFAZ)

 

Aujourd’hui il y a 34 ans se sont écoulés depuis les événements de Soumgaït, la troisième ville d’Azerbaïdjan qui se situe au bord de la mer Caspienne à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale azerbaïdjanaise. Ces événements du 28 février 1988 faisaient partie des provocations organisées et menées par le Comité de sécurité de l'État de l'URSS avec les nationalistes arméniens contre l'Azerbaïdjan. Les nationalistes arméniens, qui ont vécu dans le quartier pendant des siècles et ont fait des plans insidieux contre l’Azerbaïdjan, ont poursuivi une politique de génocide et de déportation contre les Azerbaïdjanais, ont recouru à une autre provocation ce jour-là. Le but, comme toujours, était de former une opinion erronée dans la communauté mondiale, de créer une ambiance anti-azerbaïdjanaise. En présentant ce scénario sanglant à la communauté mondiale, qui aurait opprimé et violé les droits des Arméniens, a en fait jeté les bases d'une nouvelle étape de la politique de génocide et d'agression contre les Azerbaïdjanais. Tous les témoignages prouvent que l'organisateur des événements de Soumgaït était un Arménien, deux fois condamné Eduard Grigoryan qui a lui-même personnellement tué cinq Arméniens lors des événements de Soumgaït. En bref, les troubles ethniques à Soumgaït ont été l'aboutissement d'une série de provocations ciblées à l'époque.



Artificiellement créé à la fin de 1987, le conflit du Haut-Karabakh dès les premiers jours était perçu par le peuple azerbaïdjanais comme une tentative dirigée contre l’intégrité territoriale du pays et la violation des droits constitutionnels des citoyens. Le décret de la Présidence du Soviet suprême de l’URSS du 12 janvier 1989, sur le sujet de l’introduction d’un régime spécial à la région autonome, montrait l’idée de Moscou de soustraire le Haut-Karabakh à l’administration de l’Azerbaïdjan.

Les premiers 400 réfugiés azerbaïdjanais déportés d’Arménie se sont installés à Soumgaït, la troisième ville du pays. Après le meeting antiturc organisé le 19 février 1988 à Erevan, la violation des nationalistes arméniens a été augmentée encore plus. Les lieux des prochaines manifestations furent fixés au Karabakh. Le but était de montrer au monde à l’aide de la diaspora arménienne que les Arméniens du Karabakh, privés de leurs droits, voulaient être rattachés à l’Arménie. Par la suite, ils préparaient un scénario d’une tragédie à Soumgaït à l’aide des réfugiés installés il y a deux ans de l’Arménie. Le 29 février 1988, les violences interethniques embrassant Soumgaït font 32 morts (26 Arméniens et 6 Azerbaïdjanais) et plusieurs blessés au bout de trois jours de conflit. Il y a deux choses qui attirent plus l’attention : l’un des responsables de ces évènements, Eduard Grigoryan, était d’origine arménienne et 15-20 jours avant de ces évènements, la population arménienne de Soumgaït avait fermé leurs comptes des caisses d’épargne.

Plus tard, Levon Ter-Petrosyan, premier président de l’Arménie a déclaré dans une de ses interviews que « Après les événements de Soumgaït, le peuple azerbaïdjanais était en état de choc. Si les dirigeants du pays avaient saisi cette occasion pour décider de l'annexion du Haut-Karabakh à l'Arménie, le peuple azerbaïdjanais n'aurait pas pu protester ». Ces paroles prouvent clairement que la tragédie de Soumgaït était nécessaire pour que les Arméniens mènent à bien leurs actions séparatistes.

 


 Ariel Kyrou et Maxime Mardoukhaïev (1989 : 266) dans Le Haut-Karabakh, vu du côté Azerbaïdjan, écrivent « Trois hommes ont été jugés dans un semi procès après une simili-enquête : deux Azéris et un Arménien, Grigorian, qui aurait tué cinq Arméniens ».

Dire que le conflit du Haut-Karabakh a commencé après les évènements de Soumgaït ne correspond pas à la vérité. D’après les Azerbaïdjanais, le conflit a débuté à la fin des années 1980 avec l’expulsion de la population azerbaïdjanaise de l’Arménie et l’assassinat de deux Azerbaïdjanais à Askeran (Karabakh). Mais ni la presse azerbaïdjanaise, ni la presse centrale n’ont rien communiqué. Parce que cette période de l’histoire du conflit reste toujours inconnue, jusqu’aux événements de Soumgaït, la tactique des nationalistes arméniens était basée sur les menaces, chantages et intimidations. Par contre, sur les incidents de Soumgaït les médias centraux présentèrent au public mondial l’agressivité et l’inhumanité du peuple azerbaïdjanais. Pour le meurtre de 26 Arméniens à Soumgaït, 96 personnes ont été condamnées à la peine de mort. Pourtant, l’opinion publique ne fut pas informée de la mort atroce de 317 Azerbaïdjanais en Arménie pendant cette période.

En mai 1989, Ziya Buniyadov, historien et président de l’Académie nationale des sciences d'Azerbaïdjan, a proposé une version très particulière des pogromes. Dans son article intitulé « Pourquoi Soumgaït ? », il conclut que les Arméniens eux-mêmes ont projeté le pogrome de Soumgaït avec le but de discréditer l’Azerbaïdjan et de stimuler le mouvement arménien nationaliste en disant que : la tragédie de Soumgaït était préparée soigneusement par les nationalistes arméniens. Quelques heures avant son début, les rapporteurs photographiques arméniens et les équipes de tournage de la télévision sont entrés secrètement dans la ville étant attendue du développement de cet évènement. Le premier crime était conçu par un certain Grigoryan, qui se présentait en tant qu’Azerbaïdjanais et qui, lui-même, avait tué cinq Arméniens à Soumgaït (Bünyadov, 1989).


Ariel Kyrou et Maxime Mardoukhaïev (1989 : 266), en soulignant d’autres détails, ajoutent « des leaders de l’Union pour l’autodétermination nationale de l’Arménie, comme Paruyr Hayrikyan, exilé aux États-Unis après son expulsion d’URSS, m’ont certifié qu’ils avaient de nombreuses preuves que les premiers meurtres n’avaient pas été commis, ou tout de moins dirigées par des Azéris, mais par des agents du KGB.

Lors de son interview, Victor Ilyukhin, le vice-président du comité de la Douma de la Fédération de Russie souligne que « les évènements de Soumgaït ont été provoqués par les Arméniens, à la même période que l’expulsion des Azerbaïdjanais d’Arménie. De très nombreux Azerbaïdjanais ont été expulsés, sans même leur permettre de prendre des documents et des objets de première nécessité. C’était d’une grande cruauté ».

À la question : qui était intéressé par le pogrome des Arméniens à Soumgaït? Il répondait : c’était avantageux pour l’Arménie, pour un aventurier comme Levon Ter-Petrosyan. Ils ont préparé la « carte de Soumgaït », au moment où il était la question de séparer le Karabakh de l’Azerbaïdjan… Bref, ils ont joué un grand spectacle sur une grande tragédie.

À partir de 1988, les évènements n’étaient plus conduits par les Azerbaïdjanais, mais par les séparatistes arméniens. Au mois de mars 1988, un décret spécial sur le développement socioéconomique de la région du Haut-Karabakh a été adopté en URSS. La démarche fut la suivante : oukase du Présidium du Soviet suprême de l’URSS, le 12 janvier 1989, sur l’introduction de la forme particulière de gestion pour ôter l’autorité de l’Azerbaïdjan sur la région autonome du Haut-Karabakh, puis transfert de la gestion au Comité de l’administration particulière dirigée par le représentant du Centre, ce qui signifiait la sécession du Haut-Karabakh. L’administration soviétique faisait des efforts pour créer l’image d’une normalisation de la situation dans la région, en accordant une attention particulière à ce problème. En même temps, elle faisait silence sur la grande tragédie du peuple azerbaïdjanais. Sur cette question la position neutraliste de l’administration azerbaïdjanaise trahissait son peuple. Il était décidé en février 1988, lors d’une réunion du Soviet régional de la Région Autonome du Haut-Karabakh (RAHK), sans la participation des députés azerbaïdjanais, de séparer la RAHK de l’Azerbaïdjan et de la rattacher à l’Arménie. Le 1er décembre 1989, le Soviet suprême du RSS d’Arménie a adopté un décret sur l’annexion du Haut-Karabakh.

Ce décret était contraire aux Constitutions de l’URSS et de l’Azerbaïdjan, selon lesquelles le territoire d’une République soviétique ne pouvait être modifié que par un accord mutuel des républiques intéressées. La politique tendancieuse de Moscou à l’égard de l’Azerbaïdjan a causé la colère et des protestations massives. Pour contrôler la situation, Moscou choisit l’intervention militaire. La nuit du 19 au 20 janvier 1920, l’armée soviétique, sans déclarer l’état d’urgence, massacra au moins 137 personnes à Bakou et on releva des centaines de blessés, de disparitions et d’arrestations.

Durant les années 1987-1991, dans le cadre de ce conflit du Haut-Karabakh, on mit en place une politique d’expulsion complète de toute la population azerbaïdjanaise d’Arménie ; près de 200 000 Azerbaïdjanais furent expulsés. Si au début de XXe siècle, les Azerbaïdjanais représentaient presque la moitié de la population de l’actuel territoire arménien, aujourd’hui selon une statistique non officielle, en Arménie, hormis les prisonniers, il n’y aurait plus un seul Azerbaïdjanais dans ce pays. Selon le chiffre non officielle le nombre actuel des Arméniens habitant en Azerbaïdjan est de plus de 20 000 personnes. Une fois les territoires arméniens vidés, la prochaine étape était celle du Karabakh. Entre 1992 et 1994, eut lieu le sanglant conflit arméno-azerbaïdjanais du Karabakh.

A la suite des évènements de Soumgaït, les dirigeants du gouvernement azerbaïdjanais de l'époque ont non seulement gardé le silence sur le travail de l'équipe pour enquêter sur les causes des événements de Soumgaït en faveur des Arméniens, mais ont également signé une décision injuste. Un groupe d'enquête composé de représentants de l'ancien bureau du procureur de l'URSS et du KGB, qui a enquêté sur les causes des incidents, a caché la vérité, rejetant l'entière responsabilité des événements sur les Azerbaïdjanais. Malheureusement, des représentants des forces de l'ordre d'Azerbaïdjan, qui font partie de l'équipe d'enquête, au lieu de protester contre l'injustice, ont participé au procès d'innocents. En conséquence, environ 3 000 habitants innocents de Soumgaït se sont retrouvés derrière les barreaux. 400 d'entre eux ont été traduits en responsabilité administrative et 94 personnes ont été traduites en responsabilité pénale.

Eyruz Mammadov, l'un des principaux enquêteurs sur les événements de Soumgaït, a déterminé que les provocateurs à Soumgaït étaient le Comité de sécurité de l'État de l'URSS, les agences de renseignement arméniennes et les groupes extrémistes du parti Dachnaktsoutioun. Un fait intéressant est que quelques jours avant les événements de Soumgaït, 36 employés du KGB de l'URSS sont arrivés de Moscou. Selon l'agence locale, des groupes extrémistes d'origine arménienne entraient dans la ville pour provoquer des troubles à Soumgaït. Lorsque les responsables de Moscou en ont été informés, ils ont interdit aux autorités locales d'intervenir.

Les services spéciaux arméniens, en collaboration avec le Comité de sécurité de l'État de l'URSS, prévoyaient de mener une provocation à Soumgaït sous le nom de code "Nalyotchik". À cette époque, le procès d'Ahmad Ahmadov, arrêté en lien avec les événements de Soumgaït, s'est déroulé illégalement à Moscou, et non en Azerbaïdjan. L'équipe d'enquête n'a pas identifié les causes de l'incident, les circonstances du crime, les véritables organisateurs et tueurs. 93 Azerbaïdjanais arrêtés ont été condamnés à 2 à 15 ans de prison. Ahmad Ahmadov, qui a été reconnu coupable d'avoir organisé les événements, a été condamné à mort par la Cour suprême de l'URSS le 18 novembre 1988.

La guerre du Haut-Karabakh, appelée aussi première guerre du Karabakh est le conflit armé qui a eu lieu entre février 1988 et mai 1994 dans l’enclave ethnique du Haut-Karabagh, en Azerbaïdjan du sud-ouest, entre les Arméniens et la république d’Azerbaïdjan.

 

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