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lundi 10 février 2014

La Deuxième Guerre russo-iranienne et le traité de paix de Turkmentchay

C’est à la fin du XVIIIème siècle qua commencé lexpansion de lEmpire russe dans le Caucase du Sud. Le Caucase, puissante forteresse protégée par la nature, est resté inaccessible pendant de nombreux siècles. Toutefois, les plans de l'Empire russe ne correspondaient pas aux intérêts des puissances occidentales, en particulier de la Grande- Bretagne, qui a cherché à utiliser la position stratégique de l'Azerbaïdjan pour contenir l'expansion russe dans le Caucase central. La France n'a également pas pu se réconcilier avec l'influence croissante de la Russie dans cette région stratégique. Les tentatives du khan de Guba Fatali Khan dunir tous les khanats azerbaïdjanais du nord-est sous son autorité afin de centraliser et de créer un état d’Azerbaïdjan n’ont pas connu de succès.
En 1799, Fatali khan, succédant au trône de Mohammed Agha khan, demanda à George XII, le tsar de Kartli et de Kakhétie, denvoyer le trône de son père Irakli le IIème et de son fils en otage. Peu de temps après, le tsar de la Géorgie fit appel à l’empereur de Russie de prendre Kartli et Kakheti sous son autorité directe. La conquête de Car-Balakan en 1803, ainsi que la capture par la force du khanat de Ganja en 1804, ont obligèrent l’État iranien et lEmpire ottoman à prendre leurs précautions. En 1804, le shah dIran déclara la guerre. Malg des subventions importantes en espèces et les armes reçues par lAngleterre et la France, la guerre se termina en 1813 par une victoire de la Russie. La deuxième guerre de deux ans (1826-1828) se termina par la gloire de la Russie. Pour la première fois, entre les deux guerres, les Russes ont réussirent à établir une communication avec les peuples montagnards du Caucase.
La paix du Gulistan a été la fin de la première partie de la lutte contre les deux puissances pour la conquête de la région du Caucase. Treize ans après, de nouveau, le conflit éclatait. En mai 1826, les Perses ont occupé la ville de Lenkoran. Le Tsar Nicholas I (1825-1855) a remplacé le général Yermolov avec nouveau commandant général de la région du Caucase, Paskevitch, qui a apporté la guerre à une fin victorieuse et a dirigé son armée, le 13 octobre 1827, en direction de Tabriz (Constant, 2002).
Le 10 février 1828, dans le village de Turkmentchay, près de Tabriz, a commencé les négociations de paix entre Abbas Mirza, fils de Fath Ali Shah et gouverneur de lAzerbaïdjan et Ivan Paskevitch, feld-maréchal des armées russes. Le traité de Turkmentchay était la deuxième phase de la séparation du peuple Azerbaïdjanais. À la suite du traité, l'Azerbaïdjan a é divisé entre la Russie et l'Iran sur la rivière Araxe. En vertu de l’article 4 du traité, la Perse perd sa souveraineté sur les khanats de Irəvan (Erevan), de Nakhitchevan, de Talysh, sur les régions de Ordoubad et de Mougan en plus de toutes les terres annexées par la Russie en vertu du traité de Gulistan. La rivière Araxe est la nouvelle frontière entre la Perse et la Russie. En avril 1828 la Russie a déclaré la guerre à la Turquie.
Après le traité de Turkmentchay, les khanats et les sultanats perdent leurs pouvoirs et deviennent, des gouberniya (préfecture). À cette époque, le nouveau pouvoir créait six régions — Bakou, Quba, Shéki, Shirvan, Karabakh et Talych , deux daire (district) Ielizavetpol, Car Balakən, et deux distancia (distance) Gazakh et Shamshadil. Les régions de Shéki, Shirvan, Karabakh et Talych étaient  administrées  par le « gouvernement des régions musulmanes » avec la capitale comme la ville de Shousha. Les régions Bakou, Quba, à leurs tours, étaient dirigées par « le gouvernement militaire » qui se trouvait à Derbent. Le Ier procureur du Caucase nommait pour chaque région un komendant (commandant) qui avait un grand droit au pouvoir. Ce sont eux qui décidaient les questions importantes, la valeur des impôt ou bien la location dun terrain de pétrole, etc. Le komendant était considéré comme le chef de sa région. Cependant, il navait pas le droit dordonner la condamnation à mort (Aliyev, 1997).

           Les khanats de Transcaucasie au début du XIXème siècle

Tadeusz Swietochowski (1985) Russian Azerbaijan, 1905-1920: The shaping of national identity in a muslim community, Cambridge University Press

Comme à lépoque des khanats, les régions étaient composées des mahals (quartier). Les chefs des mahals étaient les beys fidèles de la Russie. Ces sous commandants, les beys, obligeaient les paysans de payer leurs impôt sans retarder, réglaient les disputes entre les gens, etc. Ils navaient pas de salaire, mais recevaient 10% de limpôt collecté. Par la suite du rang il existait le ndxuda[1] (liyev, 2000).
En général, ce système était très dur pour les paysans. La corruption, la violence, linjustice progressaient. Les impôt impayés doublaient, triplaient et finalement, les paysans perdaient leurs biens. Les sénateurs du Caucase, Kutyasov et Mentchikov, chargés de contrôler la situation de lAzerbaïdjan entre 1829 et 1830, étaient choqués par la vie très dure de la population et adressaient une lettre au Ministère de la Justice. Le député Tsar, Vasiltchikov, écrivait : « les impôt fonciers sont si élevés  que le payement devient impossible. En même temps, il n’existe pas une loi pour définir et collecter des impôt. Tout est décidé par le komendant » (Mahmudov, 2005).
Après la révolte des « dékabristes », le tsar Ier Nicolas était très en colère contre les populations avec l’esprit de liberté. Et ces événements sont bien influencés sur la politique coloniale de la Russie. Par rapport aux autres populations du Caucase, cette politique était assez sévère  contre les Azerbaïdjanais à cause de leur religion  et de leur langue majoritairement turque.
La richesse de la terre était si considérable que le Ministère des Finances le comte Fankrin soulignait : « Les richesses et les biens du Caucase du Sud, surtout de lAzerbaïdjan nord peuvent être considérés comme des colonies qui rapporteront beaucoup à l’état ». Ou bien en 1828, dans le projet de Rusiya Cənubi Qafqaz ticarət   şirti (lOrganisme Commercial du Caucase du sud de la Russie), crée  par Griboïedov et Zavilenyevsi écrivaient : Si on fait attention aux pays du Caucase du Sud nous remarquons que la nature a créé tous pour lhomme, mais jusqu’à maintenant les gens n’en profitaient pas (liyev, 2000).



Par contre, cette richesse était à disposition du procureur du Caucase, des komendant, des beys et des kəndxuda. Il faut aussi souligner que les événements des deux guerres russo-iraniennes se déroulaient sur le territoire de lAzerbaïdjan nord et sud. Évidemment cette situation influençait léconomie. La corruption, la violence, l’injustice, l’inhumanité et la barbarie rendaient insupportables non seulement la vie des paysans et des ouvriers, mais aussi d’autres classes de la population. Mais le plus grand problème social restait l’exil et la déportation qui étaient lune des méthodes traditionnelles russes pour que les gens oublient leurs origines, leurs traditions et pour quils se mêlent à d’autres populations.
La paix de Turkmentchay a attribué le renforcement de l'Azerbaïdjan et aussi l'ensemble du Caucase. Elle a consolidé la position de la Russie au Moyen-Orient et dans les Balkans, a créé des conditions pour l'expansion du commerce dans la mer Noire. Avec cette conquête, le nord de l'Azerbaïdjan a perdu son indépendance, sa souveraineté, et est devenu une colonie, qui, bien entendu, est un phénomène réactionnaire. Le peuple Azerbaïdjanais à la suite de cet acte a é divisé en deux parties. Après cette conquête, le morcellement féodal a é aboli et a apporté la souffrance au peuple en masse.



[1] Kəndxuda mot se compose de deux mots nd (village) et xuda (dieu en persan) signifie le chef du village.
 Vazeh ASGAROV: "L'immigration générale des Azerbaïdjanais, histoire et perspectives: le cas de la France"

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