La Deuxième Guerre russo-iranienne et
le traité de paix
de
Turkmentchay
C’est à la fin du XVIIIème siècle qu’a commencé l’expansion de l’Empire russe dans le Caucase du Sud. Le Caucase, puissante
forteresse protégée par la nature, est resté inaccessible pendant de nombreux siècles. Toutefois, les plans de l'Empire russe ne
correspondaient pas aux intérêts
des
puissances occidentales, en particulier de la Grande- Bretagne, qui a cherché
à utiliser la position stratégique de l'Azerbaïdjan pour contenir
l'expansion
russe dans le Caucase central. La France n'a également pas pu se réconcilier avec
l'influence croissante de la Russie dans cette région
stratégique. Les tentatives du khan de
Guba Fatali Khan d’unir tous les khanats azerbaïdjanais du nord-est sous son autorité afin de centraliser et de créer un état d’Azerbaïdjan n’ont pas connu de succès.
En 1799,
Fatali khan, succédant au trône de Mohammed Agha khan,
demanda
à George XII, le tsar de Kartli et de Kakhétie, d’envoyer le trône de son père Irakli le IIème et de son fils en otage. Peu de
temps après, le tsar
de la Géorgie fit appel à l’empereur de
Russie de prendre Kartli et Kakheti sous son autorité
directe. La conquête de Car-Balakan en 1803, ainsi que la capture par la force
du khanat de Ganja en 1804, ont obligèrent l’État iranien et
l’Empire ottoman à prendre leurs précautions.
En 1804, le shah d’Iran déclara la guerre.
Malgré des subventions
importantes en espèces
et
les armes reçues par l’Angleterre et la France, la guerre se termina en 1813 par une victoire de la Russie. La deuxième guerre de
deux ans (1826-1828) se termina par la gloire de la Russie. Pour la première fois, entre les deux
guerres, les Russes ont réussirent
à établir une communication
avec
les peuples montagnards du Caucase.
La paix du Gulistan a été la
fin de la première
partie de la lutte contre les deux puissances pour la
conquête de la région du Caucase. Treize ans après, de
nouveau, le conflit
éclatait. En mai 1826, les Perses ont occupé la ville de Lenkoran. Le Tsar Nicholas I (1825-1855) a remplacé le général
Yermolov avec nouveau commandant général
de la région
du Caucase, Paskevitch, qui a apporté
la guerre à une fin victorieuse et a dirigé son armée, le 13 octobre 1827, en
direction de Tabriz (Constant, 2002).
Le 10 février 1828, dans le village de Turkmentchay, près de Tabriz, a commencé les négociations de paix entre Abbas Mirza, fils de Fath Ali Shah et gouverneur de l’Azerbaïdjan
et
Ivan Paskevitch, feld-maréchal des armées russes. Le
traité de Turkmentchay était la deuxième phase de la séparation du peuple Azerbaïdjanais. À la suite du traité, l'Azerbaïdjan
a été divisé entre la Russie
et
l'Iran sur la rivière Araxe. En vertu de
l’article 4 du traité, la Perse perd sa souveraineté sur
les khanats de Irəvan (Erevan), de Nakhitchevan, de Talysh, sur les régions de
Ordoubad et de Mougan en plus de toutes les terres annexées par la Russie en vertu
du traité de Gulistan. La rivière Araxe est la nouvelle frontière entre la Perse et la Russie. En avril 1828
la Russie a déclaré la guerre à la
Turquie.
Après le traité de Turkmentchay, les
khanats et les
sultanats perdent leurs
pouvoirs et deviennent, des
gouberniya (préfecture). À cette époque, le nouveau pouvoir créait six régions — Bakou, Quba, Shéki, Shirvan, Karabakh et Talych , deux daire
(district) — Ielizavetpol, Car
Balakən, et deux distancia (distance)
Gazakh et
Shamshadil.
Les
régions de Shéki, Shirvan,
Karabakh et
Talych
étaient administrées
par le « gouvernement des
régions
musulmanes » avec la capitale comme la ville de Shousha. Les régions Bakou, Quba, à leurs tours, étaient dirigées
par
« le gouvernement militaire » qui se trouvait à Derbent. Le Ier procureur
du Caucase nommait pour
chaque
région un komendant (commandant) qui avait un
grand droit au pouvoir. Ce sont eux qui décidaient les questions
importantes, la valeur des
impôt ou
bien la location d’un terrain de pétrole, etc. Le komendant était considéré comme le chef de sa région. Cependant, il n’avait pas le droit d’ordonner la condamnation à mort
(Aliyev,
1997).
Les khanats de Transcaucasie au début du XIXème siècle
Tadeusz Swietochowski (1985) Russian Azerbaijan, 1905-1920: The shaping of national identity in a muslim community, Cambridge University Press
Comme à l’époque des khanats, les régions étaient composées des mahals (quartier).
Les chefs des mahals
étaient les beys fidèles de la Russie. Ces sous commandants, les beys,
obligeaient les paysans de payer leurs impôt sans retarder, réglaient les disputes
entre les gens, etc. Ils n’avaient pas de salaire, mais recevaient 10% de l’impôt collecté. Par
la suite du rang il existait le kəndxuda[1]
(Vəliyev, 2000).
En général,
ce
système était
très
dur pour les paysans. La corruption, la violence,
l’injustice progressaient. Les impôt impayés doublaient, triplaient et finalement, les
paysans perdaient leurs
biens. Les sénateurs du Caucase, Kutyasov et
Mentchikov,
chargés
de contrôler la
situation de l’Azerbaïdjan entre 1829 et 1830, étaient choqués par la vie très dure de la population et adressaient une lettre au Ministère de
la Justice. Le député Tsar,
Vasiltchikov,
écrivait : « les
impôt fonciers sont si élevés
que le payement
devient impossible. En même
temps, il n’existe pas une loi pour définir
et collecter des impôt. Tout est décidé par le komendant » (Mahmudov, 2005).
Après la révolte
des « dékabristes », le tsar Ier Nicolas était très en colère contre les populations avec l’esprit de liberté. Et ces événements
sont bien influencés sur la politique
coloniale de la Russie. Par rapport aux autres populations du Caucase, cette politique était assez
sévère contre
les Azerbaïdjanais à cause de leur
religion et
de leur langue majoritairement
turque.
La richesse de la terre était
si considérable
que le Ministère
des
Finances le comte
Fankrin soulignait : «
Les richesses et les biens du Caucase du Sud, surtout de l’Azerbaïdjan nord peuvent être considérés
comme des colonies qui rapporteront beaucoup à l’état ». Ou bien
en 1828, dans le projet de Rusiya Cənubi Qafqaz ticarət
şirkəti (l’Organisme
Commercial
du Caucase du sud de
la Russie), crée par
Griboïedov et Zavilenyevsi
écrivaient : Si on fait attention aux pays du Caucase du Sud nous remarquons que la
nature a créé tous pour l’homme, mais jusqu’à maintenant les gens n’en profitaient pas (Vəliyev, 2000).
Par contre, cette richesse était à
disposition du procureur
du Caucase, des komendant,
des beys et des kəndxuda. Il faut aussi souligner que les événements
des deux guerres russo-iraniennes se déroulaient
sur le territoire de l’Azerbaïdjan nord et sud. Évidemment cette situation influençait l’économie.
La
corruption, la violence,
l’injustice, l’inhumanité et la barbarie
rendaient insupportables non seulement la vie des paysans et des ouvriers, mais aussi
d’autres classes de la population. Mais le plus grand problème social restait l’exil et la déportation qui étaient l’une des méthodes
traditionnelles russes pour que les gens oublient leurs
origines, leurs traditions
et pour qu’ils se mêlent à
d’autres populations.
La paix de Turkmentchay
a attribué le renforcement
de l'Azerbaïdjan
et aussi
l'ensemble du Caucase. Elle a consolidé
la position de la Russie au Moyen-Orient et dans les Balkans,
a créé des conditions pour
l'expansion du commerce
dans la mer Noire. Avec cette
conquête, le nord de l'Azerbaïdjan a perdu son indépendance, sa souveraineté, et est devenu une colonie, qui, bien entendu, est un phénomène réactionnaire. Le peuple Azerbaïdjanais à la suite de cet acte a été divisé en deux parties.
Après cette conquête, le morcellement féodal a
été aboli et
a apporté la souffrance au
peuple en masse.
[1] Kəndxuda — mot se compose de deux mots kənd (village) et
xuda (dieu en persan) signifie le chef du
village.
Vazeh ASGAROV: "L'immigration générale des Azerbaïdjanais, histoire et perspectives: le cas de la France"
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