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jeudi 1 septembre 2011

La diaspora azerbaïdjanaise


La diaspora azerbaïdjanaise

 Vazeh ASGAROV

            Durant 200 ans, la formation de la diaspora azerbaïdjanaise a été faite par les citoyens de trois pays différents : Azerbaïdjan du Nord et Sud et la Turquie. Les Azerbaïdjanais constituent le peuple turcophone azéri  vivant en  République d'Azerbaïdjan, en Iran, en Géorgie, et dans la Fédération de la Russie. Les statistiques sur le nombre des Azerbaïdjanais ont été préparées sur la base du rapport de l'UNESCO, le Comité d'Etat pour la Coopération avec les Azerbaïdjanais à l’Etranger, l'information des ambassades dans les pays étrangers et  le Congrès des Azerbaïdjanais du Monde. Définir le nombre exact est très difficile[1]. Tout d’abord il faut signaler que, la géographie de la diaspora azerbaïdjanaise et la détermination de son nombre n’est pas fait. Aujourd’hui, sans avoir la statistique concrète nous ne pouvons pas parler des chiffres. Cependant, dans son discours le président Ilham Aliyev remarquait : je suis le président de 50 millions d’Azerbaïdjanais.[2] Par contre, ce manque d'historique est lié avec les événements sociopolitiques. Par exemple, après la conquête du Caucase par les Russes, jusqu’au début du XXème siècle, sur la carte d’identité des Azerbaïdjanais écrivaient « identité russe ». Malheureusement, pendant la période soviétique, elle est devenue « nationalité soviétique ». Outre cela, pendant une longue période les Azerbaïdjanais vivant en Iran, en Turquie en Géorgie et en Russie sont considéré comme tatar, azéri, turc qui a aussi rendu le compte difficile (Zaur Eliyev (2005) Dunya Diasporalari, p. 82).
            Bayram Balci définie deux notion différents les Azéris et les Azerbaïdjanais qui se retrouvent  éparpillé dans plusieurs pays du monde. Il souligne : «Certains de ces population sont originaires du territoire de l’actuel Azerbaïdjan, d’autres ont une parenté ethnique ou linguistique avec les Azerbaïdjanais, d’autres encore, à peine conscients de leur proximité ethnique ou linguistique avec les Azerbaïdjanais d’aujourd’hui, sont perdus comme des coéthnique par les autorités azerbaïdjanaise postsoviétiques». (B. Balci (2008) La place de la diaspora azerbaïdjanaise, Eur-Orient n° 28, p.187). Selon l’auteur les communautés azerbaïdjanais d’Iran, de Turquie, de Russie et de l’Europe, en raison de leurs sociopolitiques n’ont pas un rapport particulier envers leurs origines. Aujourd’hui, la République d’Azerbaïdjan ne peut donc pas véritablement s’appuyer sur cette diaspora et la Russie est le seul pays où elle dispose d’une diaspora importante, avec environ un million de personnes (d’après certaines estimations sont plus de deux millions). A l’exception d’une petite communauté en Turquie et en Géorgie, seule la diaspora azerbaïdjanaise de Russie semble faire preuve de dynamisme et offrir une certaine visibilité à son pays d'origine.
            Selon les statistiques d’OFPRA, la population de langue et de culture azerbaïdjanaise dépasse largement le cadre de l'Azerbaïdjan, puisqu'elle représente 35-40 millions de personnes, principalement installées en Asie mineure. La plus grande diaspora est iranienne, essentiellement groupée au nord, dans la région de Tabriz. Elle compte environ 20 millions de personnes, soit près deux fois et demie la population de l'Azerbaïdjan (source internet : www.colisee.org, Azerbaïdjan : présentation générale, 31 juillet 2008). Pendant le deuxième congrès des Azerbaïdjanais du Monde, eu le 16 mars 2006, le président Aliyev affirme que le nombre des Azerbaïdjanais du monde est 50 millions dont 30 millions vivent en Iran. A. Yunusov écrit qu’après ce discours, le 25 mars 2006, l’ambassadeur iranien d’Azerbaïdjan soulignait dans son interview qu’en réalité dans son pays ils vivent plus de 35 millions d'Azerbaïdjanais (A. Yunusov (2009) Migration Processes in Azerbaijan», p.147).   Aujourd’hui, 50 millions d'Azerbaïdjanais  vivent dans 70 pays y compris la République d’Azerbaïdjan. Par contre, habitant dans les territoires d'autres ethnies et ne  concernant pas l’immigration,  devenus des citoyens étrangers au cours de certains événements historiques spécifiques  résultant de délimitation des frontières, nos compatriotes vivant actuellement en Iran, en Géorgie, dans la Fédération de la Russie ne sont pas considérés comme appartenant à  la diaspora. L’Arménie est exclue de cette liste car durant le conflit du Karabakh les Azerbaïdjanais ont été chassés de leur terre. En 1998, le Comité d’Etat Statistique d’Azerbaïdjan présentait 204 667  réfugiés du Karabagh entre 1987-1994 dont 201 000 Azerbaïdjanais, 2 359 Kurdes et 1 239 Russes (A. Yunusov (2009) Migration Processes in Azerbaijan, p.26).
            En Azerbaïdjan, la notion de diaspora est récente mais le processus de l’émigration et de l’installation de nos compatriotes dans différents pays du monde est ancien. Aujourd’hui, la loi de la République d’Azerbaïdjan sur « La politique de l’État à l’égard des Azerbaïdjanais vivant à l’étranger» dit : les citoyens de la République d’Azerbaïdjan et leurs enfants qui vivent en dehors de la République, les anciens citoyens de la République soviétique d’Azerbaïdjan ou de la République d’Azerbaïdjan vivant à l’étranger et leurs enfants, et les individus qui se rattachent à l’Azerbaïdjan pour des raisons ethniques, linguistiques, culturelles ou historiques (la Comité d’Etat pour la Coopération avec les Azerbaïdjanais du Monde).
             l’Encyclopédie National d’Azerbaïdjan (2007) a présenté la notion de diaspora azerbaïdjanaise ainsi : les personnes ayant des raisons économiques, sociopolitique particulières, sociales et autres, victime d’émigration forcée ou volontaire de leurs territoires d’origines, vivant à l’étranger , gardant et développant leurs appartenance nationale et culturelle, conservant toujours la relation avec le pays d’origine, ainsi que ayant des rapports linguistiques et des valeur religieuses ,représentent la diaspora azerbaïdjanais (Azərbaycan Milli Ensiklopediyası (2007).
            Selon sa formation historique la diaspora azerbaïdjanaise a connu quelques étapes :
      1) La première étape commence fin du VIIème et début du VIIIème siècle avec l’occupation des Arabes. Avant cette date on ne rencontre pas des recherches sur la diaspora azerbaïdjanaise. On suppose que jusqu’à cette époque il y a eu une légère émigration azerbaïdjanaise en Asie et en Europe. L’installation d’une autre langue, culture et religion a causé le départ de plusieurs personnes au Proche et Moyen-Orient surtout à la Mecque. Cependant, l'arrivée des conquérants arabes qui a eu lieu lors de l'expansion de l'islam, au milieu du VIIème siècle  a provoqué l’émigration des zoroastriens en Inde et en Chine. Les auteurs Ibn Gouteybe (« Kitab- echècher ve chuera ») et Aboulfaradj Isfahani (« Kitab el-aghani ») dans ses œuvres montrent l’existence des poètes Azerbaïdjanais à la Médine parmi eux Musa Chahabat, Ismayil ibn Yesar, Abdoulhasan Keskhani, Khatib Tebrizi, Ebu Omar Osman Sefbendi, Ebuhefiz Omar ibn Ali Zendjani etc. pour les plus célèbres[3].
      2) La deuxième étape est surtout la suite de la première a débuté avec la renaissance en Orient. A cette période l’Azerbaïdjan a des relations culturelles avec l’Europe et l’Asie. Avec l’occupation de Tamerlan (Timur  le Boiteux 1136-1405) et la Horde d’Or  laplupart des villes azerbaïdjanaises ont été détruites et les artisans, les personnes de la culture ont été prisonnières et amenées à l’étranger. Cette étape a continué jusqu’au XIXème siècle où nous avons assisté à une forte émigration des savants et des étudiants au Proche et Moyen-Orient. Xatib Tabrizi (XIème s.) Nesreddin Tusi (1201-1274), Chefieddin Urmevi (XIIIème s.), Ebdürrechid Bakuvi (XIVème et XVème s.), Oruc bey Bayat[4] (1560-1604), Hadji Zeynalabdin Chirvani (1780-1838) etc. sont des personnages célèbres à l’étranger.
      3) La formation de la troisième période de la diaspora azerbaïdjanaise commence après la conquête du Caucase par la Russie. Ici nous pouvons parler de l’émigration systématique liée avec les événements politico-militaires et la guerre  russo-persane. Le développement de la culture et les sentiments de la conscience nationale ont été détruits. La Guerre du Caucase durera 70 ans, entre 1802 à 1872. Si jusqu’à cette période il existait une tendance vers l’Orient, à partir de XIXème siècle elle change pour l’Occident. Dans certaines villes de la Russie comme Kazan et Saint-Pétersbourg les langues turques ont commencé à  être étudiées et enseignées. A cette époque, l’émigration ne se faisait pas seulement vers la Russie mais aussi vers l’Empire ottoman ou l’Iran. Les noms de personnages célèbres comme Mirze Kazimbey, Mirze Djafar Toptchubachov, Mirze Ebuturab Vezirov, Abasgulu agha Bakikhanov, Ismail bey Goutgachinli, Mirze Feteli Akhoundov etc. signent l’apparition de la nouvelle génération d'intellectuels. Khaleddin Ibrahimli dans Azərbaycan Siyasi Mühacirəti 1918 – 1991 présente quelques périodes de l’occupation russe :
      a) Ier période débute avec le traité de Gulistan mais ne présente pas une forte émigration de la population.  Les khanats azerbaïdjanais essayent de rétablir leurs pouvoirs.
      b) Après le traité de Turkmentchay la Russie consolide sa position au Caucase. Une nouvelle période commence pour le peuple divisé en deux obligeant des milliers de gens à l'émigration.
      c) Les guerres de Crimée (1853-1856) et russo-turque (1977-1978) posent une nouvelle difficulté pour les Azerbaïdjanais qui essayent de former une diaspora en Turquie, en Iran et en Europe.
      d) Dans cette période l’auteur englobe les événements qui se passent entre 1908-1918. Durant ce temps des émigrants comme E. Houseynzade, M.E. Rasoulzade, A.Aaoglu,    commencent leurs activités diasporiques en créant différentes publications en Turquie, en Iran, en Russie et en Europe.
      4) Début du XXème siècle, l’émigration des Azerbaïdjanais prend un caractère intensif et cause une forte émigration des intellectuels. La quatrième étape, couvrant toute la période du XXème siècle se réalise en quelques périodes :
      a) avec les révolutions dans la région : la Russie 1905-1907, la collision  arméno-azerbaïdjanais 1905, la révolution en Iran (Sattar Khan) 1908, la révolution en Turquie et les Jeunes Turcs 1908.
      b) avec la Ier Guerre Mondiale 1914-1918 et l’effondrement de la République Démocratique d’ Azerbaïdjan (1918-1920).
      c) avec la IIème Guerre Mondiale 1939-1945 et la révolte en Iran 1945 (Seyyed Jafar Pishevari)
      d) avec la révolution iranienne de 1979
      e) avec l'effondrement de l’URSS et la création d'une nouvelle  diaspora.
            La création de la première communauté nationale à l’étranger est apparue après la deuxième Guerre Mondiale. En 1949, l’Association Culturelle Azerbaïdjanaise fondée par M.E. Rasoulzade fit le premier pas dans l’organisation de la diaspora. Une autre, Association Azerbaïdjan-Amérique fut créé en 1958 au New Jersey. A cette période les réalités politiques actuelles du problème avec la diaspora empêchaient de réaliser l’idéologie nationale pour construire une forte communauté. En 1946, il était créé la Société d'Amitiés et de Relations Culturelles d’Azerbaïdjan avec les pays étrangers. A partir de 1960, elle a commencé à publié le journal Vətən səsi (la voix du Patrie) qui sera remplacé en 1982 avec Odlar Yurdu (Terre du feu)[5]. Entre 1974 et 1975, l’association réussit d’organiser des journées de la culture Azerbaïdjanaise en France, en Italie, au Danemark. Par contre, nous signalons qu’en générale, la communauté azerbaïdjanaise à l’étranger n’avait pas des liens directs avec cette association et cela s’explique avec la dureté du système soviétique.
            Vers la fin des années 80, le chef de l’association Vətən, Eltchin Efendiyev joua un rôle exceptionnel dans la création des relations de diaspora avec la patrie ainsi qu’entre en relation avec les savants pro-azerbaïdjanais comme Tadeusz Swietochowski, Ehmed Chmide, Audrey L.Altstadt etc. Entre 1986-1992, l’association réussit à fonder une cinquantaine de club, cercle, amicale, comité à l’étranger. Avec l’influence de la tragédie sanglante commise par les troupes soviétiques à Bakou le 20 janvier 1990 (Janvier Noir) dans plus de 30 pays du monde ont été créé 120 associations exprimant leurs protestations à cet acte atroce.
            Par l'adoption de l'acte constitutionnel "Sur l'indépendance" le 18 octobre 1991, le pays devient libre et indépendant. La politique de l’Etat envers ces compatriotes à l’étranger change aussi. Le 26 décembre 1991, Conseil national du Soviet suprême de la République de Azerbaïdjan déclare le 31 décembre la journée de la solidarité de tous les Azerbaïdjanais. La célébration de cette fête a donné l’initiation de propager l’idéologie de diaspora. Le rôle du Congrès des Azerbaïdjanais du Monde (Dünya Azərbaycanlılaı Konqresi)[6] est indéniable.
            L’idéologie nationale et le problème d’immigration en Azerbaïdjan restent toujours à étudier. Etant un phénomène nouveau dans la société début des années 90, la question de l’émigartion et la dispora sont traité différemment dans le média. Si une partie des journalistes présentait cette masses de la population en tant qu’une forte diaspora pouvant former le lobby azerbaïdjanais, une autre partie ignorait totalement la présence de la diaspora azerbaïdjanaise. Par contre, aujourd’hui sans étidier l’histoire, la cause, le nombre, la géographie, la mode de vie ainsi que la publication ou la période de la composition de la diaspora, il est très difficile de définir une idée complete sur l’immigration et la diaspora azerbaïdjanaise.



[1] Selon le Congrès des Azerbaïdjanais du Monde le nombre des Azerbaïdjanais vivant dans 67 pays a dépassé 50 millions.
[2] Journal « Azerbaïdjan », 17 mars 2006.
[3] Nazim Rizvan (2002) Azərbaycan diasporası tarixindən. Bakı, "Borçalı"HPM.
[4] Oruc bey Bayat (1560-1604) est un historien et diplomate d’origine azerbaïdjanais. Il est arrivé en Espagne en tant que secrétaire d’Etat Safavides et après sa mission a décidé de resté à Madrid. Après convertis au christianisme il est appelé Iran Don Juan.  La reine de l'Espagne autrichienne Margarita devient sa marraine. Le livre « Fars Don Juan », (1603) reste le premier livre publié en Espagne et en Europe par un auteur azerbaïdjanais.
[5] Le journal Odlar yurdu (Terre du feu) publia en langue azerbaïdjanaise en caractère cyrilique, latin et arabe et envoyait aux assotioations azerbaïdjanaise à l’étranger.
[6] Le Congrès des Azerbaïdjanais du Monde est une organisation qui coordonne la diaspora azerbaïdjanaise du Monde. Il est crée en 1997 aux Etats-Unis.

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