Le conflit du Haut-Karabakh : hier et aujourd’hui,une situation ni paix ni guerre...
Paris / Lagazetteaz
Dr. Vazeh ASGAROV,
Docteur de l’Univesité de StrasbourgDirecteur de l’Université franco-azerbaïdjanaise
Pour chaque Azerbaïdjanais, le Karabakh est un lieu saint, une terre sacrée. Il est considéré comme le coeur de l’Azerbaïdjan. Le toponyme est composé de deux mots : kara (qara) signifiant noir et bakh (bağ) le jardin. Malgré son attitude culminant à 2 700 mètres, sa domination de la grande vallée de l’Araxe et les basses steppes de la Koura, le Karabakh est connu pour ses jardins fertiles et sa riche nature. Riche en matières premières, il joua un rôle de véritable pont entre l’Occident et l’Orient liant la mer Noire, la Caspienne et les chaînes du Caucase. Après l’invasion arabe, durant toute la période de Moyen Âge, le Karabakh faisait partie des royaumes féodaux azerbaïdjanais (Sajids, Ravvadids, Eldegises (Eldeniz), Karakoyunlu, Akkoyunlu, Séfévides et le khanat du Karabakh). Après la période mongole, le territoire du Karabakh est parti des royaumes azerbaïdjanais avec leur capitale Tabriz. À partir du XVIIIème siècle, le tsar Pierre le Grand commença la conquête du Caucase. Enfin, en mai du 1805, le Karabakh fut occupé par l'empire russe. À l’exception des années 1918-1920, le Karabakh et tous les territoires de l’Azerbaïdjan du Nord jusqu’à la deuxième indépendance restèrent sous l’influence de la Russie. Après le traité de Turkmentchay (1928), le tsar invita les Arméniens à quitter l’Iran et la Turquie pour s’installer dans son empire afin d’augmenter son influence religieuse dans la région. Un grand nombre d’Arméniens s’installèrent au Karabakh.
Nous avons essayé de montrer les origines du conflit entre les peuples azerbaïdjanais et arménien, en essayant de comprendre ses motifs, ses raisons et ses principes. La plupart des réfugiés d’origines azerbaïdjanais ou arméniens ont émigré en France à la suite de ce conflit. Ici, nous présentons un bref historique et l’origine de ce problème. Le conflit du Haut- Karabakh est la dénomination actuelle du conflit commencé 1988 et cause l'immigration de plus de 1,5 million de personnes des deux côtés. Aujourd’hui, l’une des raisons importantes du mouvement migratoire dans ces deux pays est ce même conflit. De cette guerre résulte une migration politique et économique touchant l’émigration permanente, les familles mixtes, les réfugiés politique.
En Azerbaïdjan, Mikhaïl Gorbatchev est officiellement considéré comme « l'ennemi du peuple ». Tous les citoyens azerbaïdjanais racontent comment le secrétaire général de PCUS est tombé sous l'influence du lobby arménien et a isolé le Karabakh de l'Azerbaïdjan. De nos jours, le conflit du Haut-Karabakh est toujours l'un des multiples conflits gelés de l'ex- URSS, avec celui entre la Géorgie et ses républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, ou celui entre la Moldavie et la Transnistrie. Le conflit arméno-azerbaïdjanais à propos de Karabakh commença officiellement en 1986 avec les premiers réfugiés chassés des régions de Gafan et de Megri (Arménie). Dans les paragraphes précédents, nous avons beaucoup parlé de problèmes arméno-azerbaïdjanais existant depuis plus d’un siècle. Pourtant commencer à étudier l’origine de ce conflit avec l'époque de la glasnost ne nous semble pas justifié. Les revendications arméniennes sur les territoires azerbaïdjanais historiques (Karabakh, Nakhitchevan, Zanguezour) ont été résolues par les traités de Moscou (16 mars 1921) et Kars (13 octobre 1921). L’attribution de la région du Zanguezour en 1921 à l’Arménie met fin à la continuité territoriale entre Azerbaïdjan et Turquie. À la suite de ce transfert, le Nakhitchevan a été séparé de l'Azerbaïdjan. La population azerbaïdjanaise de ces régions était passée de 51 % en 1897 à 6 % en 1926. Moscou accepte et proclame en juillet 1923 la République soviétique autonome du Karabakh et en mars 1924 celle de la République soviétique autonome du Nakhitchevan (Constant, 2002 : 286-296).
En juin 2011, l’historien Djamil Hasanli (2011) publie une série d’articles concernant l’histoire du Haut-Karabakh au début de la soviétisation. En se référant à des documents d'archives, l’auteur répond aux questions de « Transfert de Staline» en 1921, à propos de la partie montagneuse du Karabakh à l'Azerbaïdjan ainsi que sur les questions au sujet du Zanguezour et du Nakhitchevan. Selon les Arméniens, le 5 juillet 1921, le Bureau Caucasien du Parti communiste soviétique décida d’inclure la province du Haut-Karabakh dans le territoire administratif de l’Azerbaïdjan. Par contre, l’auteur explique comment le pouvoir communiste dès les premières années de la soviétisation profita de zone des conflits pour s’établir dans d’autres régions du Caucase du Sud. N. Narimanov écrivait à Lénine que ...les territoires qui étaient azerbaïdjanais pendant le gouvernement moussavatiste sont devenus controversés sous le régime soviétique et que les gens le voient et se plaignait. En analysant les correspondances entre Tchitcherine, Lénine, Ordjonikidze et Narimanov, Hasanli explique que les régions de Karabakh, Zanguezour et Nakhitchevan ont été utilisées dans les négociations avec l'Arménie. Une autre raison de cette politique était de bloquer toutes les relations d’Azerbaïdjan avec la Turquie. Le 23 septembre 1920, Boris Legran envoya un télégramme codé en disant qu’il ne faut pas craindre de transférer le Zanguezour et le Nakhitchevan à l’Arménie. Néanmoins, ces territoires sont nécessaires pour nous dans les opérations en Turquie et à Tabriz[1]. L’auteur précise qu’après l’installation du pouvoir soviétique en Arménie (29 novembre 1920), le 1er décembre 1920, fut prononcée une déclaration disant que... à partir de maintenant, aucune question territoriale ne peut pas être la cause du conflit entre les deux nations voisines... Par contre, la diffusion de cette déclaration a été publiée différemment dans les presses de ces deux pays. Dans les journaux Bakinskiyrabochiy et Kommunist, on lisait l’autodétermination du Haut-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan. Au contraire, le journal Kommunist d’Arménie publiait la reconnaissance du Haut-Karabakh étant la partie intégrante de la République socialiste d'Arménie. Pourtant, après la prononciation de la déclaration, les régions du Nakhitchevan et Karabakh restèrent au sein de l’Azerbaïdjan. Néanmoins, afin de donner suite au traité entre les Soviets et la Turquie kémaliste (16 mars 1921), le Nakhitchevan devint une région autonome très importante pour assurer la sécurité des frontières orientales de la Turquie. Le 4 juillet 1921, le Bureau du Caucase (Kavburo) discuta la question d’inclure le Karabakh dans l’Arménie sous la condition d’organiser un plébiscite au Haut-Karabakh et de le laisser au sein de l’Azerbaïdjan. Le 5 juillet 1921, Kavburo décida de laisser le Karabakh à l’Azerbaïdjan. Ces deux mots d'inclure et de laisser joueront plus tard, à fin du XXème siècle, leur rôle au début de ce sanglant conflit. Lors de l'effondrement de l'URSS, pour attirer la sympathie de l’opinion mondiale, les Arméniens présenteront favorablement au monde comme victimes du régime de Staline. Après la décision du 5 juillet, les intellectuels nationalistes arméniens posèrent la question de l’autonomie du Karabakh. Le 7 juillet 1923, le Comité exécutif central de l'Azerbaïdjan prononça le décret sur la formation de la Région autonome du Haut- Karabakh en Azerbaïdjan.
Les années suivantes, le problème du Karabakh sera soulevé plusieurs fois par les nationalistes arméniens. À l'époque, l'activité des nationalistes arméniens a été interrompue. Cependant, la politique de perestroïka a réintroduit les idées nationalistes non seulement en Azerbaïdjan, mais aussi dans toute l’URSS. Mais aucune des républiques de l'ex-URSS n'a connu une telle tragédie mettant directement aux prises deux anciennes républiques fédérées.
Un certain nombre de territoires azerbaïdjanais ont été annexés également à l’Arménie pendant l’époque soviétique. Le processus a commencé en 1922 avec la transmission à l’Arménie de régions azerbaïdjanaises de Dilidjan (Dilican) et Goytche (Göycə). En 1923, neuf rayons (arrondissement) du Nakhitchevan ont rattaché l’Arménie. En 1929, le rattachement de quelques villages des régions de Gazakh, Zenguilan et Ordubad à l’Arménie a entraîné la création de la région de Meghri. En 1946, 4 000 hectares de forêts et en 1969, les vastes territoires des régions de Gadabey, Gazakh, Tovouz et Sederek ont été rattachés à l’Arménie, mais cela n’a été réalisé qu’en 1984. Si en 1918, la superficie de l’Arménie indépendante, pour donner suite au traité de Batoum du 4 juin 1918, était de 9 000 km², en 1988, elle atteint 29 743 km². À ce chiffre, on peut ajouter encore 20 000 km² de territoire du Haut-Karabakh et 7 régions de l’Azerbaïdjan occupées par l’armée arménienne. Au contraire, la superficie de l’Azerbaïdjan entre 1918-1920 était de 114 000 km² alors que la superficie actuelle du pays présente 86 600 km², y compris les territoires occupés par les forces arméniennes (Arzumanli, Mustafa, 1998, 129)[2]. L’Organisation de la Libération de Karabakh (OLK) a publié en 2009, une brochure en trois langues sur les conséquences de l’agression arménienne. Dans la brochure elle présente la chronologie de l’agression arménienne à partir de 1918 jusqu’au dernier conflit du Haut-Karabakh (Organisation of Libération of Karabakh, 2009).
Les premiers heurts interethniques à l’époque soviétique ont secoué l’Azerbaïdjan en 1963 à Bakou et Soumgaït et en 1968 au Karabakh. Au début de 1965, l’un des premiers événements de la propagande arménienne a débuté en URSS. Cette année, les Arméniens, sous l'influence de la diaspora arménienne, ont pu organiser la célébration du 50e anniversaire du « génocide arménien » en URSS. Un an avant, tous les médias et les maisons d’édition étaient occupés par la propagande antiturque. C’est à cette période, le parti Dachnaktsoutioun (parti nationaliste-socialiste arménien), étant dans la clandestinité pendant de longues années, commence à agir ouvertement. Grâce à Anastase Mikoyan, le parti a réussi en même temps à fêter le 100e anniversaire d’AndranikOzanian[3]. Même les journaux azerbaïdjanais ont publié des articles sur lui, en tant que héros du peuple arménien. Dans le meeting, organisé le 23 avril 1965 à Erevan, il y avait des affiches avec ces slogans suivants : l'Arménie Occidentale doit appartenir à l'Arménie », « Le Haut-Karabakh est nôtre, Le Nakhitchevan est une terre arménienne », « Les Arméniens, le temps est venu pour vengeance de 1915, unissez-vous ! Ici, nous apercevons facilement que le conflit arméno-azerbaïdjanais et le mouvement de Karabakh ne sont pas récents et pendant l’époque soviétique il s’est calmé et fonctionnait longtemps dans la clandestinité (Asadov, 1998).
Artificiellement créé à la fin de 1987, le conflit du Haut-Karabakh dès les premiers jours était perçu par le peuple azerbaïdjanais comme une tentative dirigée contre l'intégrité territoriale du pays et la violation des droits constitutionnels des citoyens. Le décret de la Présidence du Soviet suprême de l'URSS du 12 janvier 1989, sur le sujet de l'introduction d'un régime spécial à la région autonome, montrait l’idée de Moscou de soustraire le Haut-Karabakh à l’administration de l’Azerbaïdjan.
Les premiers 400 réfugiés azerbaïdjanais déportés d’Arménie se sont installés à Sumgaït, la troisième ville du pays. Après le meeting antiturc organisé le 19 février 1988 à Erevan, la violation des nationalistes arméniens a été augmentée encore plus. Les lieux des prochaines manifestations furent fixés au Karabakh. Le but était de montrer au monde à l’aide de la diaspora arménienne que les Arméniens du Karabakh, privés de leurs droits, voulaient être rattachés à l’Arménie. Par la suite, ils préparaient un scénario d’une tragédie à Sumgaït à l’aide des réfugiés installés il y a deux ans de l’Arménie. Le 29 février 1988, les violences interethniques embrassant Soumgaït font 32 morts (26 Arméniens et 6 Azerbaïdjanais) et plusieurs blessés au bout de trois jours de conflit. Il y a deux choses qui attiraient plus l'attention : l’un des responsables de ces événements, Pasha Grigoryan, était d’origine arménienne et 15-20 jours avant de ces événements, la population arménienne de Soumgaït avait fermé leurs comptes des caisses d'épargne (Ismayilov, Hesenov, Qafarov, 1995, 310-318).
Ariel Kyrou et Maxime Mardoukhaïev (1989 : 266) dans Le Haut-Karabakh, vu du côté Azerbaïdjan, écrivent : Trois hommes ont été jugés dans un semi procès après une simili- enquête : deux Azéris et un Arménien, Grigorian, qui aurait tué cinq Arméniens. Dire que le conflit du Haut-Karabakh a commencé après les événements de Soumgaït ne correspond pas à la vérité. D’après les Azerbaïdjanais, le conflit a débuté à la fin des années 1980 avec l'expulsion de la population azerbaïdjanaise de l’Arménie et l’assassinat de deux Azerbaïdjanais à Askeran (Haut-Karabakh). Mais ni la presse azerbaïdjanaise, ni la presse centrale n’ont rien communiqué. Parce que cette période de l’histoire du conflit reste toujours inconnue, jusqu’aux événements de Soumgaït, la tactique des nationalistes arméniens était basée sur les menaces, chantages et intimidations. Par contre, sur les incidents de Soumgaït les médias centraux présentèrent au public mondial l’agressivité et l’inhumanité du peuple azerbaïdjanais. Pour le meurtre de 26 Arméniens à Soumgaït, 96 personnes ont été condamnées à la peine de mort. Pourtant, l’opinion publique de ne pas informer la mort atroce de 317 Azerbaïdjanais en Arménie pendant cette période (Аsadov, 1998).
En mai 1989, Ziya Buniyadov, historien et président de l'Académie des Sciences de Bakou, a proposé une version très particulière des pogromes. Dans son article intitulé « Pourquoi Soumgaït ? », il conclut que les Arméniens eux-mêmes ont projeté le pogrome de Soumgaït avec le but de discréditer l'Azerbaïdjan et de stimuler le mouvement arménien nationaliste en disant que : la tragédie de Soumgaït était préparée soigneusement par les nationalistes arméniens. Quelques heures avant son début, les rapporteurs photographiques arméniens et les équipes de tournage de la télévision sont entrés secrètement dans la ville étant attendue du développement de cet événement. Le premier crime était conçu par un certain Grigoryan, qui se présentait en tant qu’Azerbaïdjanais et qui, lui-même, avait tué cinq Arméniens à Soumgaït (Bünyadov, 1989)[4].
Ariel Kyrou et Maxime Mardoukhaïev (1989 : 266), en soulignant d’autres détails, ajoutent: des leaders de l’Union pour l’autodétermination nationale de l’Arménie, comme Paruyr Hayrikyan, exilé aux États-Unis après son expulsion d’URSS, m’ont certifié qu’ils avaient de nombreuses preuves que les premiers meurtres n’avaient pas été commis, ou tout de moins dirigées par des Azéris, mais par des agents du KGB ».
Lors de son interview, Victor Ilyukhin[5], le vice-président du comité de la Douma de la Fédération de Russie souligne que : les événements de Soumgaït ont été provoqués par les Arméniens, à la même période que l’expulsion des Azerbaïdjanais d’Arménie. De très nombreux Azerbaïdjanais ont été expulsés, sans même leur permettre de prendre des documents et des objets de première nécessité. C’était d’une grande cruauté. À la question : qui était intéressée par le pogrome des Arméniens à Soumgaït ? Il répondait : c’était avantageux pour l’Arménie, pour un aventurier comme Levon Ter-Petrosyan. Ils ont préparé la « carte de Soumgaït », au moment où il était la question de séparer le Karabakh de l’Azerbaïdjan… Bref, ils ont joué un grand spectacle sur une grande tragédie. À partir de 1988, les évènements n'étaient plus conduits par les Azerbaïdjanais, mais par les séparatistes arméniens. Au mois de mars 1988, un décret spécial sur le développement socioéconomique de la région du Haut-Karabakh a été adopté en URSS. La démarche fut la suivante : oukase du Présidium du Soviet suprême de l'URSS, le 12 janvier 1989, sur l'introduction de la forme particulière de gestion pour ôter l’autorité de l'Azerbaïdjan sur la région autonome du Haut-Karabakh, puis transfert de la gestion au Comité de l'administration particulière dirigée par le représentant du Centre, ce qui signifiait la sécession du Haut- Karabakh. L'administration soviétique faisait des efforts pour créer l'image d’une normalisation de la situation dans la région, en accordant une attention particulière à ce problème. En même temps, elle faisait silence sur la grande tragédie du peuple azerbaïdjanais. Sur cette question la position neutraliste de l'administration azerbaïdjanaise trahissait son peuple. Il était décidé en février 1988, lors d'une réunion du Soviet régional de la Région Autonome du Haut-Karabakh (RAHK), sans la participation des députés azerbaïdjanais, de séparer la RAHK de l'Azerbaïdjan et de la rattacher à l'Arménie. Le 1er décembre 1989, le Soviet suprême du RSS d'Arménie a adopté un décret sur l'annexion du Haut-Karabakh. Ce décret était contraire aux Constitutions de l'URSS et de l'Azerbaïdjan, selon lesquelles le territoire d'une République soviétique ne pouvait être modifié que par un accord mutuel des républiques intéressées. La politique tendancieuse de Moscou à l'égard de l'Azerbaïdjan a causé la colère et des protestations massives. Pour contrôler la situation, le Moscou choisit l’intervention militaire. La nuit du 19 au 20 janvier 1920, l’armée soviétique, sans déclarer l'état d'urgence, massacra au moins 137 personnes à Bakou et on releva des centaines de blessés, de disparitions et d’arrestations (Ismayilov, Həsənov, Qafarov, 1995 : 304-326).
Durant les années 1987-1991, dans le cadre de ce conflit du Haut-Karabakh, on mit en place une politique d’expulsion complète de toute la population azerbaïdjanaise d’Arménie ; près de 200 000 Azerbaïdjanais furent expulsés. Si au début de XXème siècle, les Azerbaïdjanais représentaient presque la moitié de la population de l’actuel territoire arménien, aujourd’hui selon une statistique non officielle, en Arménie, hormis les prisonniers, il n’y aurait plus un seul Azerbaïdjanais dans ce pays. Selon ElnurAslanov, ancien chef du Département d'analyse des politiques et de soutien à l'information de l'Administration présidentielle de l'Azerbaïdjan, le nombre actuel des Arméniens habitant en Azerbaïdjan est de plus de 20 000 personnes[6]. Une fois les territoires arméniens vidés, la prochaine étape était celle du Karabakh. Entre 1992 et 1994, eut lieu le sanglant conflit arméno-azerbaïdjanais du Karabakh.
Dès la nuit du 25 au 26 février 1992 a eu lieu l’une des tragédies les plus épouvantables de ce conflit : le massacre de Khodjali. Par sa population, Khodjali était la deuxième ville de la région après Shousha et le seul aéroport régional se trouvait dans cette ville. Pendant les opérations militaires, la ville était encerclée par les soldats arméniens. Les habitants ont été obligés de quitter la ville et de marcher vers Agdam, ville azerbaïdjanaise voisine. Mais la plupart d’entre eux n’ont pu échapper à une attaque lancée tard dans la nuit. Cette nuit-là, les forces armées d’Arménie, épaulées par le régiment N° 366 de l’armée russe, ont massacré sauvagement les civils, vieillards, femmes et enfants. La ville a été occupée et entièrement incendiée. Équipés d’artillerie et d’armes plus modernes que les combattants azerbaïdjanais, ces soldats ont commis le massacre le plus sanglant de l’histoire du conflit arméno-azerbaïdjanais (Constant, 2002).
Après les événements de février 1988, les miliciens du Haut-Karabakh et les forces armées d'Arménie ont commencé les opérations de conquête de la région. Les forces armées Soviétiques se trouvant dans la région se sont jointes à eux. Avec le renforcement du Mouvement national (XalqCəbhəsi), en mars 1992, A. Mutalibov, le premier président de la République, a abandonné son poste. Le chaos et le désordre du pouvoir ont affaibli encore plus la capacité défensive de la République azerbaïdjanaise. Après deux années de combats, l’armée arménienne a occupé le territoire de tout le Karabakh et encore 7 districts autour du Karabakh. En février 1992 a débuté un processus de médiation en vue d'un règlement du conflit, dans le cadre de la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE, la future OSCE). L'Organisation des Nations Unies (ONU) a confirmé l’injustice de cette guerre contre l'Azerbaïdjan, la violation de son intégrité territoriale et l'occupation territoriale d’une partie de l’Azerbaïdjan. L’ONU a exigé dès 1993 un retrait immédiat, complet et inconditionnel de toutes les forces d'occupation des territoires occupés d'Azerbaïdjan par quatre résolutions (N° 822, 853, 874, 884). Un cessez-le-feu a été signé le 5 mai 1994 à Bichkek (Kirghizistan)[7]. Lors du sommet de la CSCE à Budapest, les 5 à 6 décembre 1994, il a été décidé que les chefs d'État et de gouvernement des États participants créeraient une coprésidente de la Conférence de Minsk pour coordonner l'ensemble des actions de médiation menées dans ce cadre. Depuis cette date, le dialogue sur le règlement pacifique du conflit continue, sans résultats probants.
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[1]Boris Legran (1884-1936) fut un diplomate soviétique et chef du parti. À partir de la fin novembre 1920, il fut plénipotentiaire de RSFSR dans le RSS d’Arménie et mars 1921, il joua le même rôle en République d’Azerbaïdjan et en Géorgie.
[2]La République démocratique de Géorgie a vécu aussi la même histoire. La superficie totale de la Géorgie actuelle présente 69 700 km², tandis qu’elle était environ 107 600 km² lors de la première république.
[3]Anastase Mikoyan – (né le 25 novembre1895, mort le 21 octobre1978), d’origine arménienne, a été nommé le président du Présidium du Soviet suprême en 1964 sous le régime khrouchtchévien et devenu le dauxième homme le plus puissant de l’Union soviétique.
[4]Source : http://karabakh-doc.azerall.info
[5]Victor Ilyukhin était l’assistant du chef dans l’Instruction Principale de la gestion auprès du ministère public de l’URSS et prenait part aux enquêtes sur les crimes militaires. Il a présidé le groupe spécial de l’enquête des événements dans la région autonome du Haut-Karabakh de l'Azerbaïdjan ainsi que de Géorgie et d’Arménie. Interview avec Victor Ilyukhin 09/09/2010 source : http://www.milaz.info.
[6]Regnum, 24/01/2001 source:
http://www.regnum.ru/news/fd-abroad/armenia/1367273.html#ixzz1PRRkFrmY
[7]Le 5 mai 1994, par intermédiaire du groupe des pays de la Communauté des États indépendants (CEI) l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la République du Haut-Karabakh (état non reconnu) ont signé le procès-verbal Bichkek.
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