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mercredi 24 janvier 2018

Umm El Banu Assadoullayev – Banine
  Gazelle aux yeux noirs[1]


Photo darchives R. Aboutalibov 

          Pendant  la  période  de  létablissement  du  pouvoir  soviétique,  la  plupart  des intellectuels, les représentants des classes riches ne réussissent pas à sadapter à la dictature des bolcheviks et furent obligés d’émigrer. Aujourd'hui, on redécouvre les noms des émigrés ainsi que les documents d’archives qui permettent aux générations d’aujourdhui et demain pour mieux comprendre le passé et surtout la situation de lAzerbaïdjan et du Caucase au début du siècle dernier. Jusquà l’année 1987, le nom de Banine reste aussi inconnu des lecteurs azerbaïdjanais, avant quapparaissent les premiers articles sur elle dans des journaux comme Gobustan, Gandjlik, Azerbaycan. Umm El Banu Assadoullayev, pseudonyme Banine, est née en 1905 à Bakou, dans une famille de riches industriels de pétrole. Ses deux grands-pères Agha Musa Naguiyev et Shamsi Assadullayev sont connus comme les industriels pétroliers les plus riches de l'époque. Son père Mirza Assadoullayev (1875-1938) est ministre du Commerce et de l'Industrie de la RDA. Avant sa naissance, la mère de Banine est liée à la période de la révolution de 1905 et envoyée dans un village éloig de la région de Bakou. Pendant l’accouchement, seule la petite Banine qui est survit. Elle et ses trois sœurs sont élevées par une gouvernante allemande et des éducateurs européens. À treize ans seulement, avec ses trois sœurs selon le testament de son grand-père, elle devient millionnaire. Commençant très tôt lenseignement, la jeune fille reçoit une très bonne éducation, étudie plusieurs langues étrangères et montre un très grand intérêt pour la littérature.
En 1924, après l’installation de ses proches en France, Banine saisit aussi une chance d’émigrer en Turquie. Mariée de force à l'âge de quinze ans, elle divorce de son époux qu’elle méprisait, l’abandonne à Constantinople et part pour Paris. Comme tous les émigrés, elle aussi pensait que la séparation avec le pays serait longue, mais en tout cas temporaire. Les cercles littéraires des années 1920 et 1930 de Paris influencent fortement ses propres recherches. Avant de commencer à rédiger ses mémoires en français selon les conseils de ses amis, Banine gagne sa vie en travaillant en tant que modèle, traductrice, vendeuse, secrétaire et autres métiers. En 1943, Jean Paulhan publie son premier roman Nami, qui sera bientôt suivi par deux récits autobiographiques, Jours Caucasiens en 1945 et Jours parisiens en 1947 (réédité en 2003). Aussitôt, ses derniers romans lui font conntre un succès énorme. Des personnes connues, comme André Malraux, Ivan Bounine, Nikos Kazantzakis, Henry de Montherlant et Ernst Jünger écrivent des lettres sympathiques à la jeune romancière du Caucase. Sa meilleure amie Nadezhda Teffila fait entrer dans lUnion des écrivains en exil de Russie[2]. Dès la première rencontre de Banine avec Ivan Bounine, Lauréat du Prix Nobel de littérature, ce dernier admire la beauté orientale de Banine et l’appelle toujours, soit la Princesse de Shamakhi, ou la Gazelle aux yeux noirs[3].
 Plus tard, Banine écrit encore quelques romans (9 livres) et récits. En outre, elle fait aussi la traduction en anglais, russe, allemand de nombreux articles et essais, ainsi que les œuvres de Fiodor Dostevski, dErnst Jünger, etc. Lamitié avec E. Jünger dure presque cinquante ans et ainsi paraissent les ouvrages Rencontres avec Ernst Jünger (1951), Jünger,ce méridional (1965), Portrait d'Ernst Jünger : lettres, textes, rencontres (1971), Ernst Jünger aux faces multiples (1989) (Voir lune des ces lettres dans lannexe p. 330-331). Haïssant les Bolcheviques et leur pensée disant « la religion est lopium du peuple », elle publie en 1959 le roman J’ai choisi lopium. À cinquante ans, elle se convertit au catholicisme, le proclamant avec ironie contre les Communistes. Son dernier roman Ce que Maria ma raconté est publ en 1991, un an avant son décès. Ses archives (livres, lettres, documents) sont confiées à lécrivain allemand Rolf Stürmer, seul exécuteur testamentaire (Gouliyev, 2004). 
Photo darchives R. Aboutalibov 
Notons que Banine, tout au long des années, ignore les contacts avec ses compatriotes en émigration. Elle se soucie du fait que le pouvoir azerbaïdjanais se réconcilie facilement et sans lutte avec les Bolcheviques. En 1981, Ramiz Aboutalibov envoyant une invitation à une exposition de tapis Azerbaïdjanais ne comptait pas sur la présence de cette fameuse dame. Mais au contraire, elle accepte son invitation et cette rencontre sera le début de leurs amitiés. Il accumule beaucoup de souvenirs de Banine. Dans lune de ses rencontres avec elle, il lui fait faire connaissance avec un peintre Azerbaïdjanais. Avant son départ, l’artiste offre à Banine deux boîtes de caviar. Ayant une « langue acéré Banine prend le cadeau et répondit avec ironie: est-ce tout ? En partant, nous avons laissé beaucoup plus que cela.
Hasan Gouliyev divise le travail de Banine en deux parties : les œuvres contenant des sujets et des éléments sur lAzerbaïdjan, plutôt mémoratives et rétrospectives et les œuvres exposant des thèmes français et européens. Et pourquoi ? Lauteur explique cette double tendance autobiographique dans ces ouvrages, car elle appartenait à deux mondes : avec ses origines azerbaïdjanaises à lOrient et avec sa mode de vie et son éducation à lOccident (Gouliyev, 2004 : 61-62)[4].
Photo darchives R. Aboutalibov 
Umm El Banine Assadoulayev séteignit le 23 octobre 1992 à l’âge de 87 ans à Paris. Son père, Mirza Assadoullayev (1875-1938), a meurt à Paris et a é enter dans le cimetière de Bobigny. La tombe de son jeune frère Nadir (1919-1939) et celle de sa sœur aînée Govsar se trouvent juste à côté. Les autres grandes urs de Banine, Suraya (la tombe na pas été retrouvée) et Kübra sont aussi enterrées à Paris dans le cimetière des Batignolles. Le beau- frère de Banine, Shamsi (fils de second mariage Mirza) mort aussi à Paris (R.Aboutalibov 2008).

Outre ouvrages cités, Banine a également publié :

Après, Stock, 1962, L'Homme des Complémentaires, La Table Ronde, 1977.



[1] Ainsi quIvan Bounine appela Banine.

[2] Nadezhda Aleksandrovna Lokhvitskaya pseudonyme Teffi, née le 21/05/1872 à Saint-Pétersbourg morte le 06/10/1952 à Paris, était une humoriste et écrivain russe. Ses contes fortemendessinés fonction Field Marshals réduits à conduire des taxis, des ex femmes de la noblesse russe à s'habiller commdes Gitanes pour servir le thé dans les cafés, et d'autres membres naufragés de l'ancienne élite de la Russie. Après la révolution d’Octobre, elle sinstalla en France et participa à la publication de certains magazines. Un recueil de ses meilleurs contes, Tout à propos de l'amour (édition La Presse française et étrangère) é publié en 1985 et traduit en plusieurs langues

[3] La Princesse de Shamakhi est tirée du compte Le Coq  dor (1834) d’Alexandre Pouchkine. Il existe 33 lettres dIvan Bounine envoyés à Banine. Les copies des lettres ont é confiées par Banine au Fonde la Cultursoviétique.
[4] Dans les deux romans Jours Caucasiens et Jours parisiens, Banine décrit  avec passion les événements tragiques et difficiles de sa vie et celle de sa famille au pays et lémigration aux lecteurs français et européens.

Bibliographie:

1.    Altstadt Audrey L. (1992) The Azerbaijani Turks: Power and Identity under Russian, Rule, Hoover Institution. Stanford University, Studies of Nationalities in the USSR Series.
2. ArzumanliI Vagif (2001), Azerbaycan Diasporu (Diaspora d’Azerbadjan),BakouQartal.
3.   Asgarov Vazeh (2014) L'immigration des Azerbaïdjanais: L'immigration générale des Azerbaïdjanais, histoire et perspectives: le cas de la France", 2014 PAF, 424p.
4.  Balçi Bayram (2008), La place de la « diaspora » azerbaïdjanaise dans la politique de l'Azerbaïdjan postsoviétique : esquisse d'analyse, EurOrient, 28, pp. 185-204.
5.   Constant Antoine (2002) L'Azerbaïdjan, Karthala (Méridiens), Paris.
6. Ibrahimli Xaleddin (1996), La politique d’immigration d’Azerbaïdjan, (1918 - 1991), Bakou, Elm.
7.     Məmmədzadə Mirzə Bala (2007), Köylü hərəkatı, Leninin milli siyasəti (Mouvement paysan, la politique nationale de Lénine), Bakı, édition inconnue.
8.  Svyataçovski Tadeuş (2000), Rusiya və Azərbaycan : sərhədyanı bölgə keçid dövründə (Russie et Azerbaïdjan : la région frontalière au cours de la période de transition), Bakı, Xəzər Universitəsi
9.  Tahirli Abid (2002), Azərbaycan mühacirəti mətbuatı I hissə (La littérature azerbaïdjanaise à l’émigration Ier partie), Bakı, QAPP-Poloqraf.
10. Tahirli Abid (2003), Azərbaycan mühacirəti mətbuatı II hissə (La littérature azerbaïdjanaise à l’émigration IIème partie), Bakı, Ozan.
11.   Tahirli Abid (2005), Azərbaycan mühacirət mətbuatında publisistika (1921-1991) (La publication de la littérature azerbaïdjanaise à l’émigration), Bakı, CBS.
12. Tahirli Abid (2007), Azərbaycan mühacirət mətbuatı (1921-1991) (La littérature azerbaïdjanaise à l’émigration), Bakı, Çinar Çap.
13.  Yaqublu Nəsiman (1999), Azərbaycan milli istiqlal mübarizəsi və Məmməd Əmin Rəsulzadə (La lutte pour l’indépendance nationale et Memmed Emin Rasoulzade),Bakı.
14.  Yaqublu Nəsiman (2005), Azərbaycan legionerləri (Les légionnaires d’Azerbaïdjan), Bakı, Cıraq.
15.  Yaqublu Nəsiman (2008), Əbdurrıhman Fətəlibəyli-Düdənginski, Bakı, Adiloğlu.
16.   Гулиев Гасан (2004), Эмигрантская литература азербайджана, Баку, Нурлан.

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