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lundi 22 octobre 2012

La sociologie et la pensée sociologique en Azerbaïdjan
La pensée sociale a été largement utilisée depuis les temps anciens en Azerbaïdjan et en Perse. Dans l’Avesta, on rencontre la résistance de bien et mal et les idées sacrées pour la création de la société correcte4. Nizami Ganjavi, Siradjeddin Urmevi, Nesreddin Tusi dans leurs oeuvres présentaient une grande discussion sur des problèmes de relations juridiques, la gestion de l’état et de la famille. Par exemple, selon Urmevi la société ressemble à l’organisme de l’être humain. La tête (le cerveau) joue le rôle de chef. Au début du XIXème siècle, M. F. Akhoundov et A. Bakikhanov présentent les dispositions sociologiques dans l'opinion publique. Un peu plus tard les littéraires azerbaïdjanais Mehemmed Hadi, Hüseyn Djavid, Abdulla Chaïg analysent les problèmes sociaux dans leurs écrits. Les activités scientifiques, le développement des idées sociologiques de M. E. Rasoulzade, A. Houseynzade, A. AÄŸaoÄŸlu, U. Hadjibeyov joueront dans la fondation d’une nouvelle société et la déclaration de la République Démocratique d’Azerbaïdjan.
Avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviks, l’approche scientifique des faits sociaux changea. Le terme de sociologie constitué comme une science bourgeoise fut définitivement exclu de la société. Dès le début des années 1920, une politique d’unification des sciences sociales à l’Université et à l’Académie des sciences fut engagée sous le terme d’obchtchestvovedenie (science sociale). Sous l’égide du marxisme et du matérialisme historique, les sciences sociales furent unifiées en une seule science de la société (Mespoulet, 2007 : 57-86). En 1924, l'activité académique sociologique fut interdite en URSS et la sociologie déclarée « non-science », le mot lui-même n’était plus en usage.
À la fin des années 1920, la sociologie disparaîtra du paysage des sciences sociales et jusqu’à l'époque du dégel khroutchevien resta interdit en URSS. Pendant la période de l’après-guerre, l’apprentissage des systèmes relationnels de la société devient important. La sociologie retrouva un droit de la cité dans la société à partir de la fin des années 1950 et particulièrement dans les années 1960. On assista à l’ouverture de divers instituts au sein de l’Académie des sciences et des universités de l’URSS, mais aussi sur la base d’un réseau de relations informelles entre intellectuels qui se regroupèrent pour mener des recherches dont les résultats se diffusèrent dans toutes les sphères de la vie sociale. Une autre cause de la réanimation de la sociologie fut liée aux changements de la vie des peuples et les relations interethniques. En effet, l'Union Soviétique était l'État polyethnique, dans laquelle les non-Russes présentaient 45 % de la population (Yadov, 1998). La situation changea au XXème congrès du Parti communiste de 1956. Dans son discours, N. Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline, contribua à libérer quelque peu les sciences sociales du poids de certains dogmes staliniens. Malgré tout, l’activité des sociologues suscita la surveillance du Parti communiste. La création de l'Association soviétique de sociologie en juin 1958 par un décret du Présidium de l'Académie des sciences de l'URSS constitua un pas important. L'accent fut mis sur la loyauté nécessaire du travail sociologique aux enseignements marxistes-léninistes. En janvier 1964, une conférence réunissant des chercheurs en sciences sociales de toutes les républiques sous l'égide du Comité central du PCUS marqua le début de la prise de conscience méthodologique. La discipline sociologique acquit bientôt une ouverture internationale : en 1966, les Soviétiques envoyèrent pour la première fois une véritable délégation scientifique au VIème Congrès international de sociologie tenue à Evian.
C’est à cette époque qu’apparaissent quelques travaux théoriques des sociologues azerbaïdjanais par exemple ceux de S. Ahmadli et V. Pachayev La critique de la sociologie bourgeoise (1968). Par la suite, S. Ahmadli et J. Sogomonov publièrent un autre livre intitulé Les discours sur la sociologie (1972). Avec ces deux ouvrages, les lecteurs azerbaïdjanais font la connaissance avec un certain problème de la sociologie et justifient la nécessité de mener des recherches dans différentes branches de la sociologie. Après l’instauration de l’indépendance (1991), les sociologues du pays ont développé les nouveaux mécanismes et structures des analyses fonctionnelles sociologiques. De nos jours, les problèmes de la sociologie sont étudiés à l’Académie Nationale des Sciences d’Azerbaïdjan et enseignés à l’Université d’État de Bakou.


1 L’Avesta est un livre saint de la religion zoroastrienne qui reste le rituel des Parsis de l'Inde et des Guèbres de l'Iran. Dans la région de Sourakhany dont je suis originaire (Bakou), les habitants parlent toujours le parsi, un dialecte persan dite aussi tate. Le Temple du feu ou Atechgah, l’un des plus anciens monuments d'Azerbaïdjan, se trouve à Sourakhany.

Vazeh ASGAROV, 22/10/2012

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