Ali Mardan bey Toptchibachi
À différentes périodes de l’histoire
du début du XXème siècle, le mouvement national azerbaïdjanais recherche à
développer la démocratie. La vie d'Ali Mardan Toptchibachi (1859-1934) se situe
exactement à l'époque de la naissance et du développement du djadidisme, du
panturquisme et du nationalisme. Ali Mardan bey, né en 1859 à Tbilissi, est
scolarisé en 1865 dans un gymnase de sa ville natale et continue ses études
entre 1884-1888 en histoire et philologie à l'Université de Saint-Pétersbourg1. Après l’Université, le conseil scientifique du
département de la faculté de Droit décida de lui proposer un poste de
professeur. Cependant, la loi impériale de 1888 n’autorisait pas le
travail des non-chrétiens à l’Université, ce qui lui amène à rentrer à Bakou.
Entre 1897 et 1917, il fut l’un des organisateurs et rédacteurs du journal
Kaspi. Devenu l'un des premiers fondateurs de réforme intellectuelle des
musulmans et dirigeant du mouvement sociopolitique de la Russie tsariste, A. M. Toptchibachi sera en
août 1905 parmi les organisateurs du Ièr Congrès des musulmans de Russie à
Nizhniy Novgorod. En 1906, il est aussi parmi les leaders du premier parti
politique dit « Union des musulmans de la Russie » (Ittifagi-Muslimin). En tant
que membre de la Ire Douma d’État, il signe en juillet 1906 le « Manifeste de
Viborg » et sera condamné à trois mois de prison2.
L’activité politique d’Ali Mardan bey se développe pendant les
révolutions de Février et Octobre 1917. En 1918, il fut l'un des fondateurs de
l'indépendance de l’Azerbaïdjan et ne put rester que trois mois au pays.
D’abord il devint ministre sans portefeuille à Gandja, ensuite ambassadeur
azerbaïdjanais en Géorgie et en Turquie. Le 28 décembre 1918, il fut élu par le
parlement de l'Azerbaïdjan comme chef de la délégation sur la conférence de la
paix de Versailles. Arrivant à Paris en mai 1919, Ali Mardan bey mène une
activité dynamique en publiant 12 bulletins d’informations et plusieurs
articles dans la presse française. Après huit mois de travail, le 12 janvier
1920, l’indépendance de l’Azerbaïdjan fut reconnue de facto. A. M. Toptchibachi
eut un rôle exceptionnel dans la maintenance de l’indépendance de l’Azerbaïdjan
durant les 23 mois de son existence. Avec la chute de la République
Démocratique d’Azerbaïdjan, la vie diplomatique de Toptchibachi, comme celle du
reste de la délégation, change et il connaît une nouvelle vie - émigrée. Le
reste des 14 ans de sa vie, il vécut en exil en France avec beaucoup de
difficultés. Il garda ses responsabilités malgré toutes les difficultés
financières et resta l’un des leaders de l'émigration politique des années
vingt et trente, continuant son combat jusqu’à la mort pour la liberté et les
droits de son peuple ainsi que pour l’indépendance de son pays.
Entre 1920 et
1934, A. M. Toptchibachi vécut à Paris et continue ses activités politiques
avec la publication d’un livre sur des hommes littéraires, d’articles dans les
journaux et des magazines sur l'histoire, la géographie, la littérature ainsi
que sur la création de la RDA. À la question de savoir pourquoi Ali Mardan bey
choisit Paris alors que la plupart des migrants politiques ainsi que les
leaders de la RDA s’installaient en Turquie, R. Aboutabilov explique que Paris
pouvait être choisie comme une ville de résidence pour deux
raisons, premièrement la possibilité de continuer les pourparlers avec les
dirigeants des grandes puissances sur l’indépendance de l’Azerbaïdjan et
deuxièmement, Toptchibachi était toujours pour l’unification et l’indépendance
du Caucase or, Paris rassemblait tous les anciens gouvernants de l’Arménie, de
la Géorgie et du Caucase du Nord. Les efforts d’Ali Mardan bey ne seront pas
inutiles : le 10 juin 1921 fut signée la déclaration de l’Union des Républiques
du Caucase. Quatorze ans après, un autre document se met en place le pacte de
la Confédération Caucasienne (Aboutabilov, 2006 : 46).
R.
Aboutabilov (2006), cite aussi quelques lettres d’A. M. Toptchibachi adressée à
Dj. Hadjibeyli en montrant les difficultés financières de ce grand homme
politique. Nous en présentons quelques-unes :
Notre situation matérielle est
mauvaise : 100 francs reçus à titre de prêt de la délégation de Géorgie sont
déjà dépensés. Nous pouvons à peine vivre le mois de février, après c’est un
scandale. 29 janvier 1920
J’ai reçu votre lettre, dans laquelle vous me demandez une aide
financière. Ni moi, ni la caisse de la délégation ne possédons plus d’argent…
30 juillet 1928
L'humeur, particulièrement liée avec les événements de derniers jours est
affreuse. Les dettes sont augmentées, il y a le froid et l’absence complète des
ressources… 14mai 1932 (Aboutabilov,
2006 : 50).
Ali Mardan bey a décédé le 5 novembre 1934 dans la
région parisienne, à Saint-Denis, et est enterré dans le cimetière de
Saint-Cloud. Une partie des descendants d'Ali Mardan Toptchibachi est restée en
France tandis que l'autre partie vit actuellement en Turquie. Dans la
délégation envoyée à Paris, il y avait le fils d’Ali Mardan bey, Alekber bey
Toptchibachi (1896-1977), qui a joué le rôle de secrétaire de la délégation. Le
numéro 11 du journal Prométhée de 1934 consacra un numéro publication entière à
Ali Mardan. La femme d’Ali Mardan bey, Peri Topchibachi (1973-1947) ainsi que
ces deux fils Ali Akbey bey (1896-1977 et Rachid bey [1900-1926] sont enterrés
dans le cimetière de Saint-Cloud (Aboutalibov, 2008).
En 1997, pour la commémoration d’A. M. Toptchibachi, est
apposée une plaque commémorative au numéro 37 de la rue Descamps de Paris où
vécut le président du Parlement RDA pendant une période.
1. À l’époque de la
Renaissance, dans l’enseignement scolaire sont apparues un certain nombre des
nouvelles écoles humanitaires connues comme lycées, gymnase. La première école
latine est établie en 1510 à Londres. En Allemagne, elle était construite en
1526 à Nuremberg. Elle est fondée en Russie (Moscou) seulement en 1703.
2. « Le Manifeste de Vyborg »
est signé le 9/10 juillet 1906 par un groupe de députés de la première Douma
d'État pour protester contre la dissolution anticipée du Parlement. Sa
préparation eut lieu à Vyborg, non loin de Saint-Pétersbourg.
VAZEH
in: Vazeh Asgarov, "Immigration Azerbaïdjanaise" (2013), PAF, p.425
http://www.amazon.fr/Limmigration-Azerba%C3%AFdjanais-g%C3%A9n%C3%A9rale-histoire-perspectives/dp/3841622224
http://www.amazon.fr/Limmigration-Azerba%C3%AFdjanais-g%C3%A9n%C3%A9rale-histoire-perspectives/dp/3841622224